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Avant que le Code Hays, établi en 1930, ne soit appliqué, les studios hollywoodiens ont défié la censure pendant quatre années, au cours desquelles tout fut permis, à commencer par l’apologie de la violence. Dans L’Ennemi public no1, Clark Gable corrompt les flics et abat ses rivaux en conservant classe et élégance. Mais la mort violente enrichit également James Cagney, paparazzi avant l’heure dans Picture Snatcher, et Edward G. Robinson, rédacteur en chef peu scrupuleux dans Five Star Final. L’autre piment de cette période « pré-Code » fut bien sûr le sexe, de préférence hors mariage, comme dans Illicit. Fille mère sans le sou, l’héroïne de Frisco Jenny, pour sa part, n’a d’autres choix que de se prostituer avant de virer maquerelle. Quant à Barbara Stanwyck dans Baby Face, elle utilise ses charmes pour gravir les échelons dans son entreprise, comme le souligne un malicieux plan de grue sur la façade de l’immeuble mesurant les progrès de son ascension.Sus aux censeursInterdite en tant que « perversion sexuelle », l’homosexualité est revendiquée par un couple dans Wonder Bar, tandis que Prologue moque un censeur libidineux qui veut interdire un « ballet de chattes » (des femmes déguisées en félines). Dans ce film, le chorégraphe Busby Berkeley filme cuisses nues et tétons, tandis que sa caméra plonge entre les jambes des baigneuses. Il faut encore citer le vétéran de Héros à vendre, qui se drogue... Mais là où ces films sont les plus provocants, c’est lorsqu’ils montrent que le crime peut payer, même si un final moralisateur tempère parfois ce joyeux cynisme en infligeant souffrances, mais aussi rédemption, aux débauchés.Philippe Rouyer