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Revoir Le Solitaire au moment de la sortie de Hacker permet de mesurer à quel point le premier long métrage de Michael Mann a infusé son cinéma jusqu'à aujourd'hui. Il contient, et pas seulement en germe, les éléments qui définissent une typologie de héros indépendant, plus ou moins rebelle, et qui cherche par dessus tout à contrôler son destin. >> Michael Mann : "Dans Hacker, la technologie diffère, les personnages aussi"">>>> Michael Mann : "Dans Hacker, la technologie diffère, les personnages aussi"Frank (joué par James Cann) en est l'archétype. A 33 ans, il a déjà passé la moitié de sa vie en prison. A sa sortie, il a un plan : utiliser ses talents de cambrioleur pour amasser les moyens qui lui permettront de vivre définitivement une vie normale avec une femme, un enfant, une maison, et un métier honnête. En attendant, il fait affaire avec Léo, un gangster bienveillant. Le problème vient de ce que Frank veut en rester là, alors que Léo veut l'exploiter jusqu'à l'os. D'où conflit.Si l'intrigue rappelle des classiques du genre (Echec à l'organisation, réalisé par John Flynn moins d'une décennie plus tôt), le film de Mann pousse le genre à un stade supérieur en écrivant un personnage d'une complexité folle, et dont il illustre les actions avec le même soin maniaque. Visuellement, le résultat est somptueux, redéfinissant une nouvelle esthétique du polar qui imprimera au moins la décennie à venir. Abel Ferrara lui reprendra cette façon d'arroser le bitume pour refléter les néons multicolores dans les excellents polars urbains qu'il réalisera aussi bien pour le cinéma que pour la télé (il a réalisé pour Michael Mann le pilote de la série Crime story). >>> Michael Mann commente sa filmoComme il en prendra plus tard l'habitude, Mann s'entoure de vrais flics et de vrais gangsters comme consultants, et il leur fait faire des apparitions. C'est le cas pour John Santucci, un cambrioleur qui a partiellement inspiré le personnage de Frank. Il joue le flic ripou Urizzi. De son côté, Chuck Adamson était un vrai flic qui a inspiré plus tard le personnage d'Al Pacino dans Heat. C'est lui qui,  dans la réalité, a tué le vrai Neal MacCauley. On peut apprendre ce genre d'anecdote dans le livre écrit spécialement pour l'occasion par Henry Micheal Wilson, à l'occasion d'une série d'entretiens avec le cinéaste. Il n'avait pas fini, mais sa mort prématurée en juillet 2014 l'a empêché de compléter le livre.Gérard DelormeEn coffret DVD et BR chez Wild Side.