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Première : The Gambler s’inspire du même scénario que le film de Karel Reisz, mais avec une approche totalement différente.Rupert Wyatt : Exactement. C’est cette différence qui m’a attiré. Habituellement, l’idée de déclin et de perte de contrôle est associée à la figure du joueur compulsif. Bill Monahan, le scénariste, a pris l’exact contre-pied de cette représentation. Pour lui, le jeu n’est pas une addiction en soi. Jim Bennett (incarné par Mark Wahlberg) a tout sur le plan matériel, mais souffre d’un manque de spiritualité. Le jeu est un moyen d’échapper à sa condition.En quoi The Gambler marque-t-il un changement pour vous ?Mes films précédents (Ultime Évasion, La Planète des singes – Les Origines) obéissent à une logique purement narrative, le récit étant propulsé par ce qui se passe à l’écran. The Gambler est beaucoup plus intériorisé parce qu’il se concentre sur le personnage principal. J’y ai vu la possibilité de mêler vérité humaine et style, à l’image de ce que pratiquait avec brio Hal Ashby, un de mes cinéastes préférés.Le casting est impressionnant. Vous avez eu du mal à réunir les acteurs ?Dès la lecture, j’avais identifié les interprètes idéaux. J’ai eu de la chance : de Michael Kenneth Williams à Brie Larson en passant par John Goodman et Jessica Lange, tous ont accepté. Je crois que la combinaison d’un bon script et la perspective de jouer face à un comédien comme Mark a facilité les choses.À quel point Mark Wahlberg s’est-il investi dans le projet ?Il s’est passionné pour le film. Il en est d’ailleurs l’un des producteurs. Je crois qu’il y a trouvé l’occasion de casser son image de star du cinéma d’action. Pour entrer dans la peau du personnage, il a perdu 30 kilos. Nous avons passé beaucoup de temps à parler du passé de cet homme, élevé dans la haute société de la côte Ouest des États-Unis, surtout parce que Mark vient d’une famille ouvrière de Boston. Nous avons aussi tenté de comprendre ce que cela fait d’être un professeur d’université dont les cours ressemblent à des spectacles. Mark a apporté son propre bagage de showman.Le film est sorti aux États-Unis au moment de la course aux Oscars. Êtes-vous déçu de ne pas avoir été nommé ?Le personnage de Jim Bennett est intéressant à défaut d’être aimable. On pensait naturellement que Mark pouvait prétendre à un prix pour ce rôle. Mais il est possible que le film ait été un peu difficile à identifier. Certains l’ont trouvé trop intimiste et pas assez commercial, d’autres l’inverse. Mais au bout du compte, qu’il n’ait pas été nominé n’a rien changé.   Interview Gérard DelormeThe Gambler en DVD le 2 juinBande-annonce :