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5 films à voir avant L'Affaire SK1

Dernier domicile connu

<em>SK1</em> réactive le procédural. Ce genre qui offre la vue multi-angle d?un commissariat et la chronique minutieuse d?une enquête, nourries par la routine épuisante du malheur, les petites lâchetés, les démissions et les révoltes, le bruit du percolateur et de la cendre qui brûle la moquette. Dans le genre, le sommet reste le méconnu Dernier domicile connu de José Giovanni. Giovanni racontait l'enquête de l'inspecteur Leonetti (mis au rancart par ses chefs qui veulent éviter un esclandre avec un personnage influent) parti à la recherche de Roger Martin, témoin d'un meurtre. Seule piste : son dernier domicile connu. Marceau et son équipière Jeanne naviguent à travers Paris pendant que deux tueurs mènent la même enquête. Ici, l'histoire ne sert à rien sinon à entraîner le spectateur dans le Paris 70's à la rencontre de personnages différents. Giovanni fait preuve d'une minutie dans le détail, d'une maniaquerie perfectionniste rare. Surtout, comme Tellier, il montre ses flics dans leur décor, dans leur atmosphère, dans leur jus. C'est là que réside l'explication de leur caractère, une intuition de leur destin. Surtout, si le film fonctionne aussi bien, est aussi émouvant et fascinant, c'est parce qu'apparaît, à travers l'incarnation de Ventura et la mise en scène au ras du bitume, une compassion douloureuse. Elle affleure dans les descriptions de personnages, dans le regard sur les victimes. Et ce regard, cette humanité, c'est aussi ce qui anime <em>SK1</em>.

J'ai pas sommeil

Dans <em>SK1</em> et dans J'ai pas sommeil, tous les éléments étaient réunis pour avoir le portrait-robot du monstre absolu. Avec des styles bien différents, Claire Denis et Frédéric Tellier ont choisi une approche inverse : sujet spectaculaire, crapoteux, qu'ils décident de remettre à plat et de débarrasser de son parfum de soufre. Au coeur du dispositif, ce n'est pas le monstre, c'est la ville. Comme un terrain de jeu, comme une incarnation aussi des pulsions (du meurtrier comme des victimes).Le (beau) film de Claire Denis et <em>SK1</em> sont au fond tous les deux d'extraordinaires portraits de Paris. Dans son film "sur" Thierry Paulin, la cinéaste cernait le XVIIIème, en démontait les habitudes et filmait le petit monde du Nord-est parisien avec sa caméra-épaule. Elle infusait, faisait s'écouler minute après minute, dans les veines du spectateur, un Paris nostalgique et vrai, en dur. Elle retraçait les derniers instants d'une cité qui ne sera plus tout à fait comme avant. L'une des sourdes beauté de <em>SK1</em> qui boxe malgré tout dans une autre catégorie. 

Zodiac

Une traque de serial killer ? Avec des fausses pistes, des zones d'ombre et un sale arrière-goût d'échec ? Oui, vous êtes bien dans le chef d??uvre de Fincher sur l?obsession et le temps qui passe. <em>SK1</em> et Zodiac partagent en effet beaucoup. Un feeling seventies, l?énorme travail d?enquête qui nourrit la fiction et une folie vénéneuse? Comme <em>Zodiac</em>, <em>SK1</em> est une traque qui s'éternise et qui rend à moitié fous ceux qui tentent de la dénouer. On suit pas à pas ces dizaines de chemins qui ne mènent nulle part. Culs-de-sac déductifs, voie sans issue des analyses ADN, puzzle de preuves manquantes, tout ici s'abolit en photos épinglés au mur ou en dossiers poussiéreux qui anéantissent l'avidité du spectateur et des héros. Le Fincher comme le Tellier sont deux étranges équipées au royaume de la frustration. Et que Charlie (le flic) finisse par trouver Guy Georges ne change finalement pas grand-chose à l?affaire.

Z de Costa Gavras

Tellier admet facilement l'influence de Costa Gavras sur son cinéma. Le rapport au fond est assez simple : l'efficacité du ­thriller est au service de l'engagement citoyen. Costa Gavras expliquait au moment de <em>Z :</em> « On ne va pas au cinéma pour entendre des discours, mais pour assister à un spectacle<em>. » </em>Avant de préciser : « <em>Mais le spectacle ne doit pas être vide de sens. Mes films ­reposent sur un suspense ­éthique : savoir ce qu'est la vérité. » </em>C'est précisément ce qui <em>drive</em> Tellier. L'« éthique », ce mot, et la responsabilité, sont au coeur des deux projets esthétiques. Le réalisateur de <em>SK1</em> nous expliquait que <em>« si </em>[il s']inspire d'une histoire vraie, [il a] une responsabilité énorme par rapport aux personnages et au réel. <em>» </em>Mots pour mot les termes de Gavras qui rajoutait dans une interview sur son cinéma : <em>« </em>Dans L'Aveu [tiré de la vie de London, militant tchèque broyé par le stalinisme, NDLR], <em>j'ai choisi de démarrer le récit par un carton expliquant que le héros avait survécu à la torture et au lavage de cerveau. Pour ne pas créer un suspense artificiel. ». </em>En fait, toute la partie de Nathalie Baye, avocate qui tente de défendre l'indéfendable, est portée par cette volonté cinématographique (mais démocratique) de dialectiser le film. Tellier a clairement voulu quitter les ambiances moroses et tristes du commissariat pour s'interroger sur la Justice, poser des questions et tendre vers un humanisme engagé. Costa Gavras n'est décidément pas si loin...

Serpico

Il fallait un Lumet, cinéaste citoyen et influence évidente de Tellier. Et comme Raphaël Personnaz nous expliquait que le cinéaste lui avait conseillé de revoir Serpico, on a choisi celui-là. Tiré d'une histoire vraie, le plaidoyer anticorruption de Lumet reste captivant. Grâce à la réalisation nerveuse en décor urbain qui épouse sans cesse la tension de son héros, dans ses moments de désespoir intime comme dans les scènes de rue ou de commissariat. Les effets de répétition, la mise en scène puzzle qui assemble les moments quotidiens, triviaux, pour composer une étrange chronique fébrile de l'impuissance font immanquablement penser au projet de <em>SK1</em>, récit d'une enquête qui dure, s'étire et menace de se conclure par une défaite...

5 films à voir avant SK 1

Thriller réaliste, SK 1 est l'un des meilleurs polars français sorti depuis... depuis L627. Un film qui frappe fort, juste et qui prend sa source dans une série de films fétiches du genre. Avant de courir en salles, voilà 5 films à voir avant SK1 pour en comprendre tous les enjeux.   

Film de flic, films de procès, et incroyable portrait de Paris au mitan des 90's, L'Affaire SK1 fait aussi penser à beaucoup de classiques du genre. En voici 5 incontournables à voir avant la première séance...