Marvel/Mars Films/Sony

Ce qu’il faut voir cette semaine.

L’ÉVENEMENT

AVENGERS : INFINITY WAR ★★★☆☆ 
De Joe et Anthony Russo

L’essentiel
Voilà donc le très attendu Infinity War, la réunion de la promo 2018 : depuis L'Ere d'Ultron en 2015, il s'en est passé des choses, avec le recrutement de petits nouveaux comme Spider-Man, Doctor Strange et Black Panther.

La promesse est surtout de mettre enfin en scène le grand méchant suprême Thanos, teasé par la scène post-générique du premier Avengers. Désireux de rassembler les six Pierres d'Infinité -des joyaux aux pouvoirs divins dispersés à travers les dix-huit films précédents du MCU- Thanos, à la tête d'une armée d'aliens, va devoir affronter à peu près tous les superhéros du catalogue pour essayer d'accomplir son but. Le principe est connu, mais Josh Brolin apporte une personnalité assez incroyable à Thanos, grâce à un déguisement numérique suffisamment léger (bien que Josh soit quand même transformé en colosse imberbe, violet et prognathe) pour laisser irradier sa performance, son puissant charisme tragique de génocidaire rêveur. La principale attraction du film, sans conteste. Mais Infinity War doit surtout gérer un nombre incroyable de super-personnages, dont les personnalités semblent trop écrasantes pour s'exprimer avec la même aisance que dans le premier Avengers, boosté à l'excitation pure de Whedon. Le balourd L'Ere d'Ultron était déjà incapable de retrouver ce miracle de storytelling Infinity War est beaucoup plus réussi mais reste long et pesant, comme figé par la gravité de Thanos ; répétitif, même, parfois redondant.

Oh, ne vous méprenez pas : Infinity War assure le show, et compose quelques très belles séquences massives, mais on est à des années-lumières du dynamisme incroyable du premier Avengers.
Sylvestre Picard

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PREMIÈRE A ADORÉ

LA ROUTE SAUVAGE ★★★★☆
D’Andrew haigh

Le titre français du nouveau long-métrage d’Andrew Haigh en rappelle un autre : La balade sauvage, œuvre inaugurale de Terrence Malick (1973) qui voyait un couple de Bonnie & Clyde, à la fin des fifties, quitter l’hostile civilisation pour une nature à priori protectrice. C’est un même trajet, une même errance dans une Amérique certes contemporaine mais toujours aussi si vaste, qu’opère cette route sauvage.
Thomas Baurez

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FOXTROT ★★★★☆
De Samuel Maoz

Vous connaissez le foxtrot ? Un pas en avant, un pas à droite, un pas en arrière, un pas à gauche… et vous voilà revenu à votre point de départ. Oui, malgré l’impression de dynamisme, cette danse vous condamne au surplace. C’est la métaphore filée par Samuel Maoz (Lebanon) dans ce film étonnant, bizarroïde, une réflexion sur  les traumas d’Israël (le poids de la mémoire de la Shoah, les destins guerriers auxquels chaque nouvelle génération condamne ses enfants…),  mêlangeant drame familial pathétique, farce absurde et film de guerre downtempoFoxtrot raconte le deuil d’une famille qui apprend la mort de son jeune fils, un soldat chargé de surveiller un check-point au milieu du désert. Un check-point surtout fréquenté par des chameaux égarés… Derrière l’humour à froid, le mélange des styles et des tonalités, le goût pour les embardées poétiques ou musicales, l’inclusion de séquences animées (autant d’éléments qui témoignent de l’influence du génial Valse avec Bachir), Samuel Maoz raconte une société malade, cernée par une violence qu’elle semble d’abord s’infliger à elle-même. Une scène – métaphorique, encore une fois- où des militaires camouflent une bavure en enterrant des cadavres d’innocents à la nuit tombée, a fait grincer des dents en Israël, la Ministre de la Culture ayant été jusqu’à déplorer que Foxtrot représente le pays dans la course aux Oscars. Ce qui n’a pas empêché le film d’être un beau succès en salles, au contraire. Les personnages de Moaz tournent peut-être en rond, mais son film, lui, a l’air d’avoir fait avancer le débat.
Frédéric Foubert

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PREMIÈRE A AIMÉ

COMME DES GARÇONS ★★★☆☆
De Julien Hallard

Une équipe d'outsiders se révèle plus forte que le cadre dans lequel la société veut les enfermer, mais est confrontée dans le même temps à une crise interne et à la trahison de son membre fondateur… Avant même qu’on ait fini de lister mentalement la centaine de films qui utilise ce canevas, Comme des garçons se révèle une charmante comédie sportive à saveur vintage à défaut d'être originale
Sylvestre Picard

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MIKA & SEBASTIAN : L’AVENTURE DE LA POIRE GÉANTE ★★★☆☆
De Jorgen Lerdam et Philip Einstein Lipski

Le réalisateur de Niko le petit renne 2 s’empare d’un fameux livre jeunesse danois, La fabuleuse histoire de la poire géante, pour raconter les péripéties maritimes d’une petite chatte futée, d’un éléphant timoré et d’un scientifique farfelu, partis secourir un ami porté disparu à l’autre bout du monde. Foisonnant mais pas hystérique, rigolo mais jamais crétin, Mika et Sebastian convoque des pirates, des fantômes, des monstres marins, des inventions délirantes, dans un récit d’aventures qui évoque un croisement entre Jules Verne et Bernard et Bianca. Très recommandé, à partir de 4 ans.
Frédéric Foubert

TRANSIT ★★★☆☆
De Christian Petzold

La question des réfugiés s’invite ces dernières semaines sur grand écran. Par le biais du documentaire avec le passionnant L’héroïque lande pour lequel Nicolas Klotz et Elisabeth Perceval ont posé leurs caméras à Calais avant le démantèlement de la fameuse « jungle ». Et donc grâce à Transit, par le prisme de fiction. Une fiction vraiment pas comme les autres, mêlant les époques, très librement adaptée du roman éponyme écrit par l’allemande Anna Seghers en 1944 (et porté à l’écran par René Allio en 1991) dans lequel des hommes et des femmes (anciens combattants de la Guerre d’Espagne, déserteurs, juifs, artistes…) pourchassés par la Wehrmacht se retrouvent à Marseille en attente d'un hypothétique embarquement vers la liberté. Christian Peztold raconte ici peu ou prou la même histoire. A ce détail essentiel près qu’il a choisi de situer l’action de nos jours où des réfugiés européens fuyant les forces d’occupation fasciste sont venus dans la cité phocéenne avec l’espoir d’embarquer pour un hypothétique voyage vers les Etats-Unis. Ce parti pris trouble évidemment le spectateur que nous sommes. Le place dès le départ dans une situation d’inconfort qui va accroître son attention et lui faire vivre le récit de manière active. On y suit plus particulièrement deux personnages : un Allemand qui prend l’identité d’un écrivain mort pour profiter de son visa et la jeune femme dont elle tombe amoureux mais qui est éprise d’un autre qu’elle cherche partout et sans lequel elle ne traversera pas l’Atlantique en bateau. La forme dystopique permet à Petzold de prendre du recul par rapport aux situations tragiques d’aujourd’hui qui peuplent les écrans des chaînes d’info et de rappeler subtilement l’aspect à la fois universel et intemporel de cette situation tragique. Il fait preuve d’une précision impressionnante pour maintenir en permanence cet équilibre entre les époques sans que cet arrière-fond ne prenne le pas sur son intrigue. Passionnante, bouleversante bien qu’un peu trop absconse par moments. Chef de file depuis le début des années 2000 de la fameuse Ecole de Berlin qui a fait souffler un vent nouveau sur le cinéma allemand, Petzold confirme qu’il n’a en rien perdu de son inspiration et de sa maîtrise cinématographique au fil des ans et des films (BarbaraPhoenix…). Et pour son premier long métrage depuis plus de dix ans sans sa muse Nina Hoss, il a réuni devant sa caméra un duo d’une puissance émotionnelle fascinante : Frank Rogowski (qu’on avait vu l’an passé dans Happy end de Michael Haneke… doublé par Louis Leprince-Ringuet) et Paula Beer (la révélation de Frantz). Deux raisons supplémentaires d’aller découvrir ce film complexe et déroutant certes mais prenant de bout en bout.
Thierry Cheze

MILLA ★★★☆☆
De Valérie Massadian

Dès le magnifique plan inaugural, où l’on découvre Milla et Léo allongés dans un halo blafard, les yeux clos en un sommeil possiblement éternel, le couple parait condamné. Et ça ne manque pas : la jeune femme, économiquement très précaire, devra endurer le deuil de son compagnon, qui lui laisse un fils. Le film sonde son chemin de résilience par le biais de plans fixes, blocs de temps étirés, à l’affut de micro-évènements organiques, accidentels, « documentaires », le tout troué de déroutantes ellipses. C'est souvent fascinant de poésie minimaliste (la spontanéité des scènes avec l’enfant ; le souffle du vent sur les rideaux créant un pouls aléatoire), parfois aussi un peu forcé. La sècheresse spartiate des dialogues impose au spectateur une patience certaine, tandis que la structure en miroir du film, découpé en deux parties symétriques qui forment une boucle, concourt à un sentiment d'artificiel légèrement plaqué. Malgré cet ascétisme arty, se dégage du portrait dépouillé de cette laissée pour compte une vraie grâce contemplative, sans misérabilisme ni fidélité paresseuse aux conventions d’un cinéma dit « social ». Rires, bouffées oniriques et décharges musicales s’invitent pour dessiner un paysage mental singulier. Ainsi "Add it up", la mythique rengaine des Violent Femmes, fait office de contrechamp punk à la droiture dans l'adversité affichée par l'héroïne peroxydée, abandonnée à elle-même dans des lieux désolés, toute de frustration, d'ennui et de peine dignement rentrés. 
Eric Vernay

PREMIÈRE A MOYENNEMENT AIMÉ

NOBODY’S WATCHING ★★☆☆☆
De Julia Solomonoff

Un acteur argentin installé à New York survit en attendant le grand rôle... Comme un air de déjà vu dans ce portrait de l’artiste maudit/incompris/marginal (rayez les mentions inutiles). Passé l’écueil de l’énième variation sur un même thème, on se prend un peu d’affection pour ce personnage anecdotique qui trimballe son spleen (artistique et amoureux) dans un New York populaire et cosmopolite, rarement filmé.
Christophe Narbonne

PREMIÈRE N’A PAS AIMÉ

AMOUREUX DE MA FEMME ★☆☆☆☆
De Daniel Auteuil

Daniel Auteuil-Gérard Depardieu-Sandrine Kiberlain : une affiche pour le moins excitante qui ne fait au final qu’ajouter à la déception ressentie devant cette adaptation de la pièce de Florian Zeller, L’envers du décor. Soit l’histoire d’un homme très épris de sa femme donc qui reçoit « entre couples » son meilleur ami venu lui présenter sa nouvelle et très jeune compagne. Et ce dîner à quatre va se révéler une source d’inspiration infinie de fantasmes autour de cette jeune femme aux formes avenantes. Cinq ans après la fameuse trilogie Marius-Fanny-César de Pagnol interrompue aux deux tiers, Daniel Auteuil repasse donc derrière la caméra tout en reprenant ce rôle du mari amoureux qu’il a créé sur scène. Mais très vite on comprend que le ping-pong qui pouvait se révéler efficace au théâtre patine ici douloureusement. Le récit manque de fluidité, les scènes de « rêve » semblent comme posées artificiellement et grossièrement. Et jamais on ne se départit de cette impression de théâtre (mal) filmé. L’interprétation s’y révèle à l’avenant comme si tout le monde s’était mis en pilote automatique pour sauver instinctivement sa peau dans ce divertissement sans rythme et propre aux sorties de route. Y compris dans le traitement réservé aux femmes qui, à force de maladresses, flirte involontairement mais dangereusement avec la goujaterie. Épatant voilà quelques mois dans Le brio qui lui avait valu à juste titre sa première nomination aux César depuis 13 ans, Daniel Auteuil confirme que la place du réalisateur n’est vraiment pas celle qui lui convient le mieux.
Thierry Cheze

UNE FEMME HEUREUSE ★☆☆☆☆
De Dominic Savage

L'idée de regarder Gemma Arterton pendant quatre-vingt-dix minutes à l'écran est plutôt bonne : le problème d'Une femme heureuse est qu'il ne s'empare pas de son procédé pour en faire quelque chose de passionnant. Le film improvisé par ses comédiens et son réalisateur à partir d'un canevas archi simple : une femme s'emmerde dans son couple. La conséquence est que le spectateur, à son tour, s'emmerde sec au fil de cette succession de gros plans très longs sans enjeu ni dramaturgie. L'ennui peut être un bel enjeu de cinéma (Sonatine de Kitano, au pif), ici il ne l'est pas. Restent le magnétisme d'Arterton et le charme canaille de Dominic Cooper en mari beauf. C'est très peu. Autant dire rien.
Sylvestre Picard

LAND ★☆☆☆☆
De Babak Jalali

Dans la lignée des films de Chloé Zhao (Les Chansons que mes frères m’ont apprisesThe Rider), Land entend chroniquer « de l’intérieur » une poignée de destins au cœur d’une réserve indienne. Un quotidien à l’horizon bouché, abruti par la misère et l’alcool. Land raconte quelques jours dans la vie de la famille DenetClaw, qui doit faire face à la mort de son plus jeune fils, tué sur le front afghan. Le contexte socio-culturel mis en scène par Babak Jalali est passionnant, mais les enjeux dramatiques s’effilochent le long de scènes excessivement arides et mutiques, où les rares dialogues sont délivrés sans intensité par des acteurs figés dans des poses brechtiennes (une manière chic de dire qu’ils ont les bras ballants). Le film ne parvient jamais à toucher du doigt le lyrisme minimaliste des films de Zhao, ou la puissance topographique de ceux de Kelly Reichardt (La Dernière PisteCertaines Femmes), auxquels on pense parfois au détour d’un plan. C’est d’autant plus dommage que l’émergence récente d’un cinéma « native american » est l’une des meilleures nouvelles du ciné indé US contemporain. 
Frédéric Foubert

MARION ★☆☆☆☆
De HPG

Hervé-Pierre Gustave, dit HPG, s’est fait un nom dans le milieu du porno avant de devenir réalisateur de films “conventionnels”. Enfin, conventionnels, c’est vite dit. Dans Marion, il enfile les saynètes comme ses partenaires féminines, complices de ses délires potaches et cul au cours desquels il disserte sur tout et n’importe quoi en les besognant consciencieusement. Le décalage entre les deux actions (la verbale et la physique) est amusant au début, puis retombe très vite. La chair est joyeuse mais le délire, laborieux, en raison d’une mise en scène très amateur et de dialogues peu inspirés.
Christophe Narbonne

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