Magic in the Moonlight
Mars Films

Et Colin Firth n’est pas mal non plus. On les retrouvera dimanche soir sur France 2.

Alors que les matchs de la Coupe du monde de football se succèdent sur TF1, France 2 mise sur le cinéma ce week-end en proposant, pour la première fois en clair, Magic in the Moonlight, de Woody Allen. Que vaut cette rencontre entre une médium (Emma Stone) et un magicien (Colin Firth) ? Voici la critique publiée par Première à sa sortie, en 2014.

Sous le nom de scène de Wei Ling Soo, le très british magicien Stanley Crawford hypnotise le monde entier avec ses fameux tours. Son meilleur ami, prestidigitateur lui aussi, l’incite à venir sur la Côte d’Azur pour confondre Sophie Baker, médium que les Catledge, une riche famille anglaise, finance grassement. Est-elle bien celle qu’elle prétend être ? La magie fascine Woody Allen, bien qu’il ne soit pas dupe, parce qu’elle se joue de la réalité, et donc de la mort. Elle irrigue nombre de ses films fondés sur l’illusion et le scepticisme. À l’instar du cinéaste new-yorkais, Stanley Crawford est un pragmatique, évidemment pessimiste, tombé dans la marmite du spectacle pour masquer son incapacité à enchanter sa vie. Ce n’est cependant pas un personnage allenien au sens propre du terme : il n’est ni dépressif ni lâche, ni volubile ni obsédé, loin en tout cas de l’image qu’on se fait du comique malingre à lunettes. Pourtant, on ne peut s’empêcher d’imaginer qu’Allen Stewart Königsberg – Woody Allen est aussi un pseudo – se cache véritablement derrière ce Stanley, prompt à succomber aux élans de la passion et à renier par amour tout ce en quoi il croit. Vu sous l’angle de la catharsis, "Magic in the Moonlight", qui se double d’une réflexion sur la mise en scène (avec une très belle photo de Darius Khondji), distille une émotion supérieure, accentuée par l’interprétation tout en retenue de Colin Firth. Face à ce dernier, Emma Stone, incarnation de l’irrationnel (synonyme de la tentation) est éblouissante de charme et de spontanéité, dans la lignée, pour le coup, des grandes héroïnes alleniennes. L’auteur-réalisateur, qui lui a d’ores et déjà confié les clés de son prochain film, ne s’y est d’ailleurs pas trompé.