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Expliquer aux enfants d’où ils viennent est toujours compliqué. Alors pourquoi ne pas, dès le plus jeune âge, leur montrer en pratique ?C’est la seule explication un peu rationnelle que l’on trouve pour justifier le choix du cinéma Sunshine de la chaîne Landmark Theater à New York. L’opération s’inscrit dans le cadre des mercredis « Rattle and Reel » (« Hochet et bobine »). Le principe est simple (et connu même en France) : l’établissement propose aux parents d’enfants en bas-âge ou aux assistantes maternelles des séances à midi durant lesquelles un ticket acheté vaut un ticket offert pour le bébé. Une occasion pour les jeunes parents de continuer à suivre l’actualité ciné, voire, pour les plus fous, d’imaginer sensibiliser leur rejeton à la cinéphilie. Le bébé dort tout du long, et si ce n’est pas le cas, les autres spectateurs ne disent rien, forcément plus compatissant car étant dans la même situation. Une bonne idée en soi, surtout que cette opération connaît un vrai succès et semble visiblement appréciée de la clientèle.Sauf que le film projeté mercredi prochain sera Nymphomaniac vol.1. Alors même que sur le site du Sunshine il est bien écrit qu’aucune personne en dessous de 18 ans ne sera acceptée à une séance du film de LVT, il semblerait que le cinéma soit prêt à le projeter aux bébés. Et ce malgré les scènes de sexe diverses, variées et explicites que Nymphomaniac déploie sur ses 2h. Une mère de 44 ans, habituée des sessions « Rattle and Reel » s’offusque un peu sur le site du NY DailyNews : "C’est un petit peu consternant d’inclure ce film dans ce programme. Lors des séances précédentes, ma fille (de 8 mois – NDLR) a beaucoup dormi mais pas tout le long. Et même si elle ne peut pas comprendre ni intégrer tout ce qu’elle voit à l’écran, autant de violence et de nudité, en tant que parent, ça me déplait franchement". On peut le comprendre.Mais le cinéma ne se démonte pas et maintient sa séance et ses choix, comme il l’a confirmé au site d’Entertainment Weekly : "Offrir ce type de projections aux parents avec des enfants leur donnent l’opportunité de voir les films qui viennent de sortir. Notre politique est d’offrir tous les films à nos clients, peu importe leur sujet ou leur qualité". Techniquement, le Sunshine n’est pas en tort puisque, officiellement, Nymphomaniac n’a pas encore reçu de classification.D’ailleurs, ce n’est pas vraiment la première fois que le cinéma montre des films qui peuvent porter à controverse dans le cadre des « Rattle and Reel » comme ce fut le cas avec 12 years a slave et ses scènes de flagellation particulièrement dures.Et soudainement, la diffusion d’une scène pornographique lors d’une projection de la Reine des Neiges en Floride en décembre dernier apparaît comme un simple message à caractère informatif.