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La star argentine retrouve le réalisateur d’El Chino dans la peau d’un homme qui fuit son passé.

Vers la fin des années 1970, la dictature argentine avait mis au point une procédure particulièrement brutale pour se débarrasser des opposants au régime : ils étaient jetés vivants d’un avion au-dessus de l’océan. Tomas Koblic (Ricardo Darin), ancien pilote, a déserté l’armée après avoir été contraint de mener un de ses « vols de la mort » ; il se réfugie, torturé par sa conscience, dans un village isolé dans la pampa où il travaille pour une entreprise d’épandage en espérant ne pas faire de vague. Ce contexte sordide mais passionnant s’impose au spectateur par un texte introductif et vient hanter le personnage dans des flashbacks sporadiques, pourtant, les pratiques macabres de la dictature militaire ne sont pas le sujet de Koblic. La référence du cinéaste argentin est le western, avec son héros solitaire et taiseux, ses grands espaces et son shérif, représentant d’un ordre inique contre lequel l’individu est seul. Le déserteur, travaillé par les remords, comprend vite qu’il ne trouvera pas de salut face à ce petit chef sadique, qui règne sur un village étouffé par la peur et le soupçon et l’enferme dans un engrenage, qui se dénouera dans un déchaînement de violence inattendu. Anti-spectaculaire (à part les quelques dernières minutes) et aride, mais servi par un Ricardo Darin qui excelle dans le rôle du héros taciturne rongé de l’intérieur, le film n’est jamais aussi fort que dans la description de ce climat, sinistre et paranoïaque, de l’Argentine des années 1970.