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On se remémore la saga Harry Potter pour se préparer à la sortie des Animaux fantastiques.

Mise à jour du 23 avril 2018 : La Coupe de feu revient ce soir sur TMC. L'occasion de replonger dans sa création.

Article du 11 novembre 2016 : Durant une décennie, Harry Potter a ensorcelé la planète. Première vous propose de replonger dans son univers magique avant de découvrir son spin-off/préquel Les Animaux fantastiques au cinéma la semaine prochaine. Place à La Coupe de feu, quatrième épisode de la saga.

Les Animaux fantastiques, Pottermore, The Cursed Child… Le point sur l’univers étendu de J. K. Rowling

L’histoire : Alors que la très populaire coupe du monde de Quidditch bat son plein, les Mangemorts viennent gâcher la fête en faisant apparaître dans le ciel l’effrayante "marque des ténèbres". De retour à Poudlard, Dumbledore annonce que l’école accueillera des étudiants étrangers pour participer au tournoi des trois sorciers. Harry est sélectionné malgré lui pour y participer, et comble de malchance, Voldemort va profiter de l’épreuve finale pour faire son grand retour.

Les coulisses : Après Chris Columbus et Alfonso Cuaron, c’est au tour de Mike Newell de mettre en scène ce nouveau blockbuster, qui demandera un an de tournage (de mars 2004 à mars 2005) et de nombreux effets-spéciaux, car les scènes d’action spectaculaires sont au programme, entre le match de Quidditch en ouverture du film, les épreuves du tournoi, plus dangereuses les unes que les autres (les dragons, la plongée, le labyrinthe). Le réalisateur de Quatre mariages, un enterrement parvient tout de même à insuffler de l’humour et du romantisme à cette histoire où les jeunes héros ressentent leurs premiers émois amoureux. Par contre, pour faire tenir l’intrigue en 2h37, l’équipe doit faire de grosses coupes dans le roman, éclipsant par exemple le sort des Elfes de maison.

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Avant La Belle et la Bête, Emma Watson était déjà la reine du bal

Dans les coulisses, si le scénariste Steven Kloves et la costumière française Jany Temime sont toujours d’attaque, le chef opérateur du Prisonnier d’Azkaban laisse sa place à Roger Pratt, qui travaillait déjà sur La Chambre des secrets, et Patrick Doyle succède à John Williams à la BO. Le film sort en novembre 2005, soit quelques semaines après la parution du sixième tome écrit par J.K. Rowling, Le Prince de sang-mêlé.

 

La réplique : "Aucun élève de moins de 17 ans ne sera accepté..."

Malgré les règles fixées par Dumbledore pour participer au tournoi, le nom de Harry Potter figure parmi eux. Un nouveau "coup de piston" de la part des professeurs de Gryffondor ? Lors d’un marathon organisé par Première avant la sortie de l’ultime épisode, nous avions lancé le hashtag #coupdepistonHP tant Harry, Hermione et leurs amis sont avantagés par Dumbledore et McGonagall au cours des premiers épisodes ("10 points pour Gryffondor !"). Sauf qu’ici, la participation de Harry aux épreuves le met gravement en danger. Qui a bien pu glisser son nom dans la coupe ? C’est l’un des nombreux mystères à élucider dans cette suite, construite comme un thriller hitchcokien selon son réalisateur.

On peut surtout voir dans l’interdiction de Dumbledore un avertissement symbolique : à partir de La Coupe de feu, Harry Potter n’est plus du tout une saga pour enfants. Voldemort arrive et le héros doit assumer son destin : qu’il le veuille ou non, il est condamné à affronter son ennemi juré. 

 

Le sort : "Avada Kedavra !"
La mort de Cédric préfigure la renaissance de Voldemort. Juste avant de lui redonner toute sa puissance, Peter Pettigrow assassine l’adversaire de Harry en lui jetant le sortilège de la mort, que le Seigneur des Ténèbres a utilisé contre les parents du jeune sorcier quand celui-ci était encore bébé. Mais quand il a voulu tuer Harry de la même manière, le sortilège s’est retourné contre lui. Plus tôt dans le film, c’est Maugrey Fol-Œil (enfin, le Mangemort qui a pris sa forme corporelle plutôt) qui montre aux élèves les trois sortilèges impardonnables en sacrifiant une araignée.

 

La scène : Le retour de Voldemort est évidemment le point d’orgue du film, celui où l’histoire de Harry bascule. A sa sortie, le réalisateur expliquait ainsi dans Première : "Pour J.K. Rowling, La Coupe de feu raconte une crise morale. Harry doit faire un choix; c’est pour ça que la scène la plus importante du film est celle du cimetière où Harry se dresse devant Voldemort. Quand Voldemort lui demande: 'Tu préfères recevoir le coup fatal par derrière ou tu veux m’affronter ?', Harry fait face, accepte son sort. Il sait qu’un combat à mort commence et il a le courage de prendre en main son destin. Même si l’on n’est pas sûr de gagner, il faut se battre."


La séquence est effectivement très intense, Ralph Fiennes apportant à ce personnage une droiture majestueuse et surtout une bonne dose de cruauté. De quoi impressionner Daniel Radcliffe, qui racontait à l’époque : "La scène dans laquelle je dois affronter l’assassin de mes parents, Voldemort, que je désire tuer par-dessus tout, a également été plutôt coton. Nous l’avons tournée en dernier. C’est le point culminant du film. Et le fait d’avoir tant attendu a fait monter la pression. C’était une charge émotionnelle énorme qu’il fallait essayer de contenir et de diriger. Je ne sais pas si j’y suis parvenu mais je n’étais pas inquiet. Quand j’ai vu ce que donnait Ralph [Fiennes] en face de moi, j’ai songé: "Au moins dans cette scène, il y en aura un de très bon. Si je n’assure pas, il saura les distraire." (…) J’ai adoré le regarder jouer. Il est grand, très mince et il sait parfaitement utiliser son corps dans l’espace. C’est incroyablement gracieux et puissant à la fois."

 

Le casting : Ralph Fiennes était donc particulièrement attendu au tournant dans le rôle de Voldemort et il a su convaincre les fans de Harry Potter, et les autres comédiens arrivés sur la franchise en même temps que lui ne sont pas mal non plus. Brendan Gleeson joue un professeur de défense contre les forces du mal inquiétant et imprévisible. Et on découvre Robert Pattinson avant Twilight, dans la peau d’un Cédric Diggory compétitif mais honnête. Clémence Poésy apporte grâce et détermination à la Française Fleur Delacour, et le Bulgare Stanislas Ianevski est le très sportif Viktor Krum, qui rendra Ron fou de jalousie. Même les tous petits rôles et caméos sont peaufinés : David Tennant (Doctor Who) se déchaîne en Mangemort, tandis que le groupe fictif Bizarr’ Sisters, chargé de jouer des morceaux rock lors de la scène du bal, est composé entre autres de Jarvis Cocker, de Pulp, et Jonny Greenwood, de Radiohead.

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Harry Potter : on a retrouvé Viktor Krum et il a bien changé

 

La Coupe de feu au box-office : Avec près de 900 millions de dollars récoltés dans le monde, La Coupe de feu se situe parfaitement dans la lignée des précédents succès. Il fait même un peu mieux que La Chambre des secrets et du Prisonnier d’Azkaban, finissant au final à la 6e place du top 8.

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La Coupe de feu dans Première : 

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En 2005, Harry Potter fait deux fois la Une de Première. La première en avril, avec un sujet sur le tournage dans les studios de Leavensden, près de Londres, guidé par la costumière du film. Une première, c’est le cas de le dire, car jusqu’ici, la production n’avait pas accueilli la presse. On y avait croisé Rupert Grint, alias Ron ("Wouahou, un journaliste !") et vu Mike Newell diriger ses jeunes comédiens lors d’une scène où Harry vient de remporter la première épreuve et est porté en triomphe dans la grande salle de Gryffondor. Puis on découvrait une pièce blanche gigantesque dont l’un des murs est recouvert d’un fond vert : là où l’équipe filme les matchs de Quidditch, ainsi que le cimetière où Harry affronte pour la première fois Voldemort. "Pour l’anecdote, les noms inscrits sur les tombes sont ceux de l’équipe technique  afin d’éviter de payer des copyrights au cas où quelqu’un se reconnaîtrait dans un patronyme apparu à l’écran". Pour l’anecdote toujours : on y précisait que les décors impressionnants construits par Stuart Craig et son équipe (le directeur artistique est resté le même tout au long de la saga et revient sur Les Animaux fantastiques, ndlr), ont été "construits en durs puisque ça dure" et pourraient bien être transformés… en musée. Sept ans plus tard, le "Warner Bros. Studio Tour London" ouvrira bel et bien ses portes au public.

En décembre 2005, Daniel Radcliffe est à nouveau en couverture de Première en compagnie de Hermione (Emma Watson) et de Cho (Katie Chang) pour une longue interview entrecoupée de présentations des nouveaux personnages.

 

Notre critique : La saga Potter a encore changé de main. Avec ses divagations burtoniennes, Le Prisonnier d’Azkaban avait pourtant placé la barre très haut. Cuarón avait su réinventer l’univers du sorcier binoclard en l’emmenant vers une noirceur et un pessimisme gothique palpitants. La mise en scène de Newell est ici plus classique. Mais la série gagne en suspense et en sentiments ce qu’elle perd en puissance graphique. D’abord parce que ce quatrième épisode a assez de substance pour exploser les précédents. C’est même l’un des plus excitants de la saga puisqu’il pose une bonne fois pour toutes les enjeux dramatiques (Harry devient un héros) et que l’on découvre enfin l’infâme Voldemort, véritable Dark Vador de la série. Newell taille intelligemment dans le livre et, en se focalisant sur l’histoire d’Harry, sonde ses doutes et sa solitude face à sa mission. Il capte les premiers émois des héros, ces moments où, plus tout à fait enfants mais pas encore adultes, les ados ne savent plus très bien où ils en sont. Ce sont les scènes les plus attendues et les plus réussies du film. Mais La Coupe de feu est d’abord un thriller efficace, et les séquences de suspense et d’action s’enchaînent sans temps morts pour aboutir à l’affrontement final d’une puissance exceptionnelle. Parce que Newell a su restituer les implications profondes de ce qui se joue pour l’apprenti sorcier : un triomphe sur les forces qui l’aspirent vers le gouffre, l’acceptation de son destin et la fin du dilemme moral. Harry Potter est en train de devenir un nouveau Luke Skywalker... 
(à suivre)

Elodie Bardinet (@Eb_prem)