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Pablo Trapero filme une famille diabolique, Eric et Ramzy parodient 58 minutes pour vivre et Ryan Reynolds s'éclate en Deadpool.

Choix n°1 : El Clan de Pablo Trapero avec Guillermo Francella, Peter Lanzani...

Synopsis : Dans l’Argentine du début des années quatre-vingt, un clan machiavélique, auteur de kidnappings et de meurtres, vit dans un quartier tranquille de Buenos Aires sous l’apparence d’une famille ordinaire. Arquimedes, le patriarche, dirige et planifie les opérations. Il contraint Alejandro, son fils aîné et star du rugby, à lui fournir des candidats au kidnapping. Alejandro évolue au prestigieux club LE CASI et dans la mythique équipe nationale, Los Pumas. Il est ainsi, par sa popularité, protégé de tous soupçons.

L'avis de Première : De ce fait divers qui a marqué l’Argentine, Pablo Trapero tire une tragi-comédie à la mise en scène flamboyante (il n’a jamais autant utilisé le plan-séquence). Il filme une entreprise familiale diabolique soudée par une solidarité jusqu’au-boutiste, soumise à l’autorité du père et nourrie par l’incompréhensible passivité de la mère. Chez les Puccio, on dîne en affectant d’ignorer les cris d’une victime enfermée dans la cave – symbole d’une réalité ahurissante où enlèvements et meurtres perturbent à peine le train-train quotidien. Ce n’est pas tant l’organisation mafieuse et le sous-texte politique (nous sommes à la fin des années de plomb) qui intéressent le cinéaste, que la relation père-fils perverse entre Alejandro et son père (fabuleux Guillermo Francella) charismatique et démoniaque. Un film dérangeant qui interroge le libre-arbitre, doublé de l’étonnant portrait d’un monstre.

Bande-annonce : 

 


Choix n°2 : La Tour 2 contrôle infernale d'Eric Judor avec Eric Judor, Ramzy Bedia...

Synopsis : Octobre 1981. Ernest Krakenkrick et Bachir Bouzouk sont deux brillants pilotes de l’armée française. Suite à une malencontreuse erreur au cours d’un test de centrifugeuse, ils perdent une partie de leur potentiel intellectuel. L’armée voulant les garder dans l’aviation, on leur trouve un poste de bagagistes à Aurly Ouest. Lors de leur premier jour de travail, l’aéroport est attaqué par une bande de terroristes se faisant appeler les «Moustachious». Par un concours de circonstances, les deux acolytes sont les seuls à avoir échappé au gaz soporifique qui a plongé tout le monde alentour dans un profond sommeil. La police et l’armée vont alors devoir compter sur ce duo improbable pour sauver la situation.

La genèse des aventures de nos deux laveurs de carreaux de La Tour Montparnasse Infernale.

L'avis de Première : Prequel (l’action se situe en 1981 et met en scène des héros similaires) et remix à la fois (après Piège de Cristal58 minutes pour vivre comme référence), La Tour 2 raconte comment deux neuneus (des pilotes brillants rendus complètement cons lors d’un test de centrifugeuse !), bagagistes à "Aurly Ouest", vont se retrouver confrontés à des cyberterroristes qui menacent la sécurité aérienne française. Ces derniers, surnommés Les Moustachious et portant des masques qui renvoient aux Anonymous, illustrent l’aller-retour permanent que le film effectue entre passé et présent, entre le délire potache et le commentaire post-moderne, entre sa propre mythologie (le culturiste Peter Mc Calloway a enfin un visage !) et l’histoire de France (le ministre de l’intérieur qui se rêve à la culture imagine la Fête de la Musique devant des collaborateurs atterrés). Une véritable tambouille pop qui carbure plus que jamais aux dialogues surréalistes et au slapstick sans renier son esprit franchouillard. Scènes instantanément cultes, duo toujours au point, seconds rôles hilarants (dont celui tenu par la fidèle Marina Foïs, qui incarne une assistante "control-freak")…, La Tour 2 tient toutes ses promesses, et plus encore grâce à la performance absolument magistrale de Philippe Katerine, le cadeau Bonux du film. En psychopathe qui maltraite la langue de Molière à longueur de phrases, le chanteur fantasque fait une composition à l’anglo-saxonne, totalement originale, hyper incarnée et décomplexée, mais sans être en roues-libres pour autant. Nul doute que son Moustachious en chef va faire date.

Bande-annonce : 

 


Choix n°3 : Deadpool de Tim Miller avec Ryan Reynolds, Morena Baccarin...

Synopsis : Deadpool est l’antihéros le plus atypique de l’univers Marvel. De son vrai nom Wade Wilson, cet ancien militaire des Forces Spéciales devenu mercenaire a subi une expérience hors norme qui a accéléré ses pouvoirs de guérison. Armé de nouvelles capacités et d’un humour noir survolté, celui qui est désormais Deadpool va traquer l’homme qui a bien failli anéantir sa vie.

L'avis de Première : Alors d'accord, il y a des trucs sales qu'on ne spoilera pas, du sexe, des drogues et de violence explicite (le money shot où Deadpool décapite un mec et shoote dans sa tête pour en assommer un autre est vraiment cool). D'accord, le Alfred de Deadpool est une vieille aveugle dealeuse de coke qui aime monter des meubles Ikea. D'accord, le cast est réellement carré - big up à Ed Skrein, très bon en super-connard nommé Francis, àGina Carano en femme de main invulnérable, ou encore T.J. Miller qui joue le barman beauf, sidekick du héros et tout aussi grande gueule, se livrant à des duels d'impro réjouissants ("That sounds like a franchise", trinque-t-il à un moment). Mais fondamentalement, l’impression générale est qu’on enchaîne les fuck jusqu'à saturation pour justifier le R-Rated. Ryan Reynolds, lui, se déchaîne comme si sa vie en dépendait – et sa carrière dépend effectivement du carton de Deadpool qui transfigurerait sa filmo bizarroïde, entre blockbusters foirés (Blade Trinity) et impasses arty (il est excellent dans Captives d'Atom Egoyan). Pourtant le projet ne tient pas sa promesse essentielle : si le super-pouvoir de Deadpool est de pouvoir se régénérer, le rendant quasiment immortel, sa vraie spécificité est de dialoguer avec les lecteurs. Deadpool est le super-héros conscient d'être un personnage sur une page. Si à l’écran il s’adresse effectivement parfois au public, le procédé est bien léger et n'agit que comme une voix off plus agressive que la moyenne. (Lire la suite ici)

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