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Choix n°1 : Belles Familles de Jean-Paul Rappeneau avec Mathieu Amalric, Gilles Lellouche...Synopsis : De nos jours entre Paris et la province.Jérôme Varenne vit depuis plus de 10 ans à Shanghai. Profitant d'un voyage d'affaires en Europe, il s'arrête à Paris pour passer une soirée avec sa mère et son frère. Apprenant que leur ancienne maison de famille est un coeur d'un conflit local qui perdure, Jérôme décide de faire un saut sur place pour tenter de le résoudre. Mais à Ambray, sa ville natale, tout se complique. Il y fait une étrange rencontre. L'échappée provinciale de Jérôme, qui ne devait durer que quelques heures, se prolonge et va changer sa vie...L'avis de Première : Les films de Jean-Paul Rappeneau sont à la fois des poupées russes scénaristiques, où un rebondissement chasse l’autre, et des trains lancés à toute vitesse vers un dénouement limpide et imparable. Ils dessinent de grandes arabesques dont la caméra, en mouvement quasi perpétuel, tente de capturer l’essence romanesque. Car chez Rappeneau, le mouvement, c’est la vie ; la vie qui pulse à chaque plan, dans le moindre recoin de l’écran. Moins high concept que ses grandes comédies classiques ("Le Sauvage", "La Vie de château"), moins littéraire que ses trois derniers films ("Cyrano de Bergerac", "Le Hussard sur le toit", "Bon Voyage"), "Belles Familles" ne déroge pas à cette règle d’or, tout en proposant une réflexion profonde, brillante et touchante sur la famille, ses valeurs, la mémoire et sur cette encombrante mélancolie qui renvoie de façon entêtante aux blessures de l’enfance. Comme s’il était parachuté d’un drame d’Arnaud Desplechin, Mathieu Amalric incarne, à lui seul, l’esprit de ce film étranger aux modes, qui fait se télescoper classicisme et modernité avec une éclatante évidence.Bande-annonce :  Choix n°2 : Crimson Peak de Guillermo Del Toro avec Jessica Chastain, Tom Hiddleston...Synopsis : Au début du siècle dernier, Edith Cushing, une jeune romancière en herbe, vit avec son père Carter Cushing à Buffalo, dans l’État de New York. La jeune femme est hantée, au sens propre, par la mort de sa mère. Elle possède le don de communiquer avec les âmes des défunts et reçoit un étrange message de l’au-delà : « Prends garde à Crimson Peak ».Une marginale dans la bonne société de la ville de par sa fâcheuse « imagination », Edith est tiraillée entre deux prétendants : son ami d’enfance, le docteur Alan McMichael, dont la vivacité d’esprit stimule son intellect, et un nouveau venu terriblement séduisant, Sir Thomas Sharpe, un outsider comme elle, qui l’accepte comme elle est et ravit son cœur.Après la mort mystérieuse du père d’Edith, Thomas entraîne sa dulcinée dans sa luxueuse demeure familiale, en Angleterre. Allerdale Hall est un impressionnant manoir gothique, juché sur une carrière souterraine dont l’argile rouge sang suinte à travers la neige et entache les flancs de la montagne, lui valant le nom de « Crimson Peak ».Mais Thomas et Edith ne sont pas seuls. Allerdale Hall abrite également la sœur de Thomas, l’envoûtante et mystérieuse Lucille dont l’affection pour Edith cache d’autres desseins. Alors qu’Edith s’installe dans sa nouvelle existence, Crimson Peak s’anime pour elle de visions cauchemardesques et fantomatiques. Mais le véritable monstre de Crimson Peak est fait de chair et de sang...Edith parviendra-t-elle à élucider le mystère de ses terribles visions avant qu’il ne soit trop tard ? Thomas choisira-t-il de sauver sa nouvelle épouse ou de protéger sa famille ? Jusqu’où Alan est-il prêt à aller pour reconquérir sa bien-aimée ? Et qu’adviendra-t-il de Lucille quand son sombre passé la rattrapera ?Quand l’amour tourne à la démence, que les cauchemars deviennent réalité, tous ceux qui osent fouler la terre ocre de Crimson Peak s’exposent à un terrible danger.L'avis de Première : Après une longue attente, Guillermo del Toro revient à une forme de cinéma fantastique qu’il est actuellement le seul à pratiquer à ce niveau de maîtrise, entre classicisme et stylisation. Mia Wasikowska joue une héritière américaine séduite par un aventurier anglais qui cherche à financer une de ses inventions pour exploiter sa propriété décatie. Sous les apparences, l’histoire d’amour cache des fantômes qui invitent à jeter un regard critique sur la nature sanglante du capitalisme. La période (la Révolution industrielle) est autant un hommage aux films Hammer qu’à ceux de Mario Bava, avec ses couleurs exagérées et symboliques. C’est à la fois beau, terrifiant et émouvant.Bande-annonce :  Choix n°3 : L'Homme irrationnel de Woody Allen avec Joaquin Phoenix, Emma Stone...Synopsis : Professeur de philosophie, Abe Lucas est un homme dévasté sur le plan affectif, qui a perdu toute joie de vivre. Peu après son arrivée dans l'université d'une petite ville, Abe entame deux liaisons. D'abord, avec Rita Richards, collègue en manque de compagnie qui compte sur lui pour lui faire oublier son mariage désastreux. Ensuite, avec Jill Pollard, sa meilleure étudiante, qui devient aussi sa meilleure amie. C'est alors que le hasard le plus total bouscule le destin de nos personnages dès lors qu'Abe et Jill surprennent la conversation d'un étranger et s’y intéressent tout particulièrement. Après avoir pris une décision cruciale, Abe est de nouveau à même de jouir pleinement de la vie. Mais ce choix déclenche une série d'événements qui le marqueront, lui, Jill et Rita à tout jamais.L'avis de Première : Le dispositif – un conte moral enroulé dans un suspense hitchockien – est ultra-séduisant sur le papier. Mais Allen, comme trop souvent (tout le temps ?) depuis vingt ans, emballe ça avec sa nonchalance coutumière, plaquant des voix off mécaniques pour faire avancer l’intrigue, utilisant la quasi-totalité des seconds rôles comme faire-valoir, plaçant dans la bouche d’un des personnages un credo qui se passe de commentaires (« l’important, c’est la substance, pas le style »). On devrait se tordre les mains d’angoisse, transpirer à grosses gouttes, mais L’Homme Irrationnel prend vite des allures de fable pépère, aux prises de risques esthétiques extrêmement mesurées (wow, il n’y a pas de jazz dans le générique d’intro !), Allen préférant se reposer sur l’équipe de cadors qui l’entoure. La photo de Khondji instille joliment le mystère. Emma Stone, après Magic in the moonlight, et même dans un setting contemporain, continue de s’affirmer comme l’une des réincarnations les plus crédibles des grandes héroïnes de l’âge d’or (de l’avantage d’être filmée par un homme qui a vraiment connu les années 40…) Et Phoenix est une fois de plus sensationnel, « Method actor » jusqu’au bout (il a pris du bide, et pas qu’un peu), refusant de singer le taulier, jouant l’alcoolisme de manière radicalement différente de The Master. Tout ça fait un Woody Allen pas mal, pas génial, un de plus, dont on laissera l’appréciation finale au fan-club, qui n’est de toute façon jamais d’accord sur la manière dont on distingue les grands Allen des petits. Certains vous diront que c’est son meilleur depuis Match Point. D’autres que c’est son pire depuis Melinda et Melinda. La vérité, comme souvent, se situe quelque part entre les deux.Bande-annonce :  >>> Les autres sorties ciné de la semaine sont ici