Choix n°1 : Still The Water, de Naomi Kawase, avec Nijiro Murakami, Jun Yoshinaga...Synopsis : Sur l’île d’Amami, les habitants vivent en harmonie avec la nature, ils pensent qu’un dieu habite chaque arbre, chaque pierre et chaque plante. Un soir d'été, Kaito découvre le corps d’un homme flottant dans la mer, sa jeune amie Kyoko va l’aider à percer ce mystère. Ensemble, ils apprennent à devenir adultes et découvrent les cycles de la vie, de la mort et de l’amour...L'avis de Première : A quoi ressemblerait Totoro sans les Yokaï, sans le glissement fantastique et ces nounours qui peuplent les bois ? A quoi pourrait bien ressembler le chef d’œuvre de Miyazaki si la gamine avait compris que sa mère allait mourir d’un cancer et qu’elle allait devoir apprendre à gérer ça toute seule ? Réponse : il ressemblerait à Still the Water. Nouvel opus cannois de Naomi Kawase, le film poursuit son exploration spectrale du japon et chante une fois de plus l’élégie d’une époque où l’homme et les Dieux cohabitaient harmonieusement (c’est le sens de l’ouverture, collage d’images poétique). C’est beau comme du Malick nippon (la nature qui s’éveille, la danse du soleil entre les doigts, tout ça tout ça), mais cette fois-ci avec un poil d’émotion supplémentaire, ce qui change beaucoup de choses… (Lire la suite ici)Bande-annonce : Choix n°2 : The Tribe, de Myroslav Slaboshpytskiy, avec Grigoriy Fesenko, Yana Novikova...Synopsis : Sergey, sourd et muet, entre dans un internat spécialisé et doit subir les rites de la bande qui fait régner son ordre, trafics et prostitution, dans l'école. Il parvient à en gravir les échelons mais tombe amoureux de la jeune Anna, membre de cette tribu, qui vend son corps pour survivre et quitter l'Ukraine. Sergey devra briser les lois de cette hiérarchie sans pitié.L'avis de Première : Histoire de se laisser le temps de s’en remettre, commençons par une considération générale : ce film/cauchemar ukrainien d’une radicalité sans précédent prouve que le public de la Semaine de la critique à Cannes est hyper résistant. Posons le décor : Ukraine, époque indéfinie entre la chute du mur et nos jours. Un ado sourd muet débarque dans un pensionnat spécialisé et intègre le gang de meneurs qui sévit sur les lieux. Absolument livrés à eux-mêmes, ces pensionnaires - sans passé, sans famille et clairement sans avenir -, exploitent les plus jeunes qu’ils envoient vendre des breloques dans des trains et, surtout, sont à la tête de leur petit réseau de prostitution : toutes les nuits, un des profs et un membre du gang emmènent deux de leurs copines faire le tapin chez les routiers. Au programme : des rapports humains déshumanisés, deux longues scènes de baise, une trèèèèèèès longue scène d’avortement à l’ancienne dans une cuisine cradingue, un massacre final d’une sauvagerie rare et une absence ferme et définitive d’espoir. Le tout, intégralement interprété par des sourds-muets, sans traduction, sans sous-titres, sans voix-off, sans musique. Et ça passe : on estime, à la louche, à un petit 5% le taux de fuite des spectateurs de la salle. (Lire la suite ici)Bande-annonce : Choix n°3 : Equalizer, d'Antoine Fuqua, avec Denzel Washington, Chloe Grace Moretz...Synopsis : Pour McCall, la page était tournée. Il pensait en avoir fini avec son mystérieux passé. Mais lorsqu’il fait la connaissance de Teri, une jeune fille victime de gangsters russes violents, il lui est impossible de ne pas réagir. Sa soif de justice se réveille et il sort de sa retraite pour lui venir en aide. McCall n’a pas oublié ses talents d’autrefois…Désormais, si quelqu’un a un problème, si une victime se retrouve devant des obstacles insurmontables sans personne vers qui se tourner, McCall est là. Il est l’Equalizer…Adaptation de la série de CBSL'avis de Première : Robert McCall travaille dans un magasin de bricolage. Chez lui, il se chronomètre et répète les mêmes gestes méticuleusement. Il semble cacher quelque chose, et ça se vérifie quand il abat des gangsters russes, responsables de la descente aux enfers d’une prostituée sur laquelle il veille. Seuls les téléphages les plus pointus se souviennent de la série "Equalizer", diffusée sur M6 en deuxième partie de soirée au début des années 90. Ces derniers jurent même que c’était la meilleure du genre... On peut difficilement les croire, surtout en voyant la dégaine d’Edward Woodward, le débonnaire acteur quinquagénaire qui incarnait ce justicier des bas-fonds. En prenant Denzel Washington dans le rôle-titre, Antoine Fuqua donne d’un coup une épaisseur et un crédit à ce concept du type rangé des voitures qui reprend du service. De l’éparpillement du scénario (qui passe du mélo au film d’exploitation en un coup de tournevis !) et des tics de mise en scène gratuits (on pense à Tony Scott) naissent un objet hybride amusant, qui fait peu de cas de la morale et du réalisme. Un retour au "vigilante movie" décomplexé qui en réjouira plus d’un(e). Bande-annonce : Les autres sorties ciné de la semaine sont ici