Choix n°1 : Dear White People de Justin Simien, avec Tyler James Williams, Tessa Thompson...Synopsis : L’élection inattendue de la militante Samantha White à la tête d’une résidence universitaire historiquement noire, conduit à un affrontement interculturel remettant en question les conceptions de chacun sur ce que signifie qu’être noir.Alors que Sam se fait une réputation grâce à sa provocante émission de radio « Dear White People », soutenant l’appartenance de la résidence Armstrong/Parker aux étudiants noirs ; Troy Fairbanks fils du doyen de l’université, décide de défier son père, en postulant pour le journal humoristique blanc de la faculté, « The Pastiche ». Lionel Higgins, geek fan de science fiction, est quant à lui recruté par un autre journal blanc de l’université, pour écrire sur la culture noire de Winschester. Et pendant ce temps, Coco Conners tente de se faire une place dans le milieu de la téléréalité en jouant la carte de la provocation.Mais personne à Winchester University ne s’est préparé à la scandaleuse et outrancière soirée Halloween organisée par « The Pastiche », dont le thème n’est autre que « Libérez le Négro qui est en vous ». A la fin de la soirée, chacun devra choisir son camp.L'avis de Première : À l’université de Winchester, en Virginie,il y a d’un côté les Blancs et de l’autre les Afro-Américains. Fraîchement élue à la tête de la résidence noire, la militante Samantha White anime l’émission de radio du campus, Dear White People, où elle dénonce avec un humour vachard le creusement du fossé entre les communautés, chaque "camp" se renvoyant la balle, jusqu’à l’explosion inévitable. Les hasards du calendrier font bien les choses : Selma, dont la sortie précède de deux semaines celle de Dear White People, raconte le combat des Noirs pour les droits civiques, gagné de haute lutte au cours des années 60. Dans Selma, la révélation Tessa Thompson incarne l’étudiante activiste Diane Nash, dont Samantha White, qu’elle interprète ici, serait en quelque sorte l’héritière. Chacun à leur manière, les réalisateurs Ava DuVernay et Justin Simien rappellent que l’histoire est un éternel recommencement et que les victoires d’hier font le lit des problématiques d’aujourd’hui. "Remerciez la discrimination positive !", lance Kurt Fletcher, un étudiant blanc vaguement suprématiste, défiant ainsi des Noirs médusés. Le pire, c’est que Justin Simien n’a rien inventé puisque des événements similaires à ceux décrits dans le film se sont produits récemment sur certains campus américains. Pour conjurer le sort, le jeune réalisateur a donc décidé d’employer les moyens de Spike Lee en soufflant sur les braises de la ségrégation qu’on croyait éteintes. Comme chez le réalisateur de Do the Right Thing (période énervée mais incisive), les dialogues claquent tels des coups de fouet et renvoient dos à dos Noirs militants et Noirs dociles, Blancs paternalistes et Blancs sympathisants, qui ont tous de bonnes et de mauvaises raisons d’être ce qu’ils sont. Pour apprécier à sa juste valeur ce brulôt à géométrie variable, plein d’ambiguïtés et parfois de contradictions (le twist final va un peu à l’encontre d’un discours qui se veut rassembleur), il faut sans doute être américain. Mais outre sa dimension politique stimulante, Dear White People séduit également grâce à son habillage pop : pastilles fun qui installent les personnages, chapitrage moqueur, contrepoint musical… Cette narration aussi plastique que littéraire rappelle, là encore, l’énergie très communicative des premiers Spike Lee, de Nola Darling n’en fait qu’à sa tête à Jungle Fever.Bande-annonce :  Choix n°2 : A Trois on y va, de Jérôme Bonnell, avec Anaïs Demoustier, Félix Moati...Synopsis : Charlotte et Micha sont jeunes et amoureux. Ils viennent de s’acheter une maison près de Lille pour y filer le parfait amour.Mais depuis quelques mois, Charlotte trompe Micha avec Mélodie…Sans rien soupçonner, se sentant toutefois un peu délaissé, Micha trompe Charlotte à son tour… mais avec Mélodie aussi !Pour Mélodie, c’est le vertige. Complice du secret de chacun. Amoureuse des deux en même temps…L'avis de Première : Charlotte et Micha forment un jeune couple heureux. Pourtant, Charlotte trompe depuis peu son conjoint avec Mélodie, qui n’est autre que leur meilleure amie ! Ignorant l’existence de cette relation, Micha trompe à son tour Charlotte avec… la même Mélodie, qui se retrouve alors au cœur d’un vertigineux dilemme. Spécialiste du sentiment amoureux (Le Chignon d’Olga, Le Temps de l’aventure), Jérôme Bonnell s’impose définitivement comme un grand romantique avec ce sixième long métrage. S’attaquant au thème éculé du triangle amoureux, le cinéaste évacue d’emblée la jalousie pour mieux rendre compte de la fragilité de ses protagonistes. Le comique de situation (résumé par la séquence de vaudeville où Charlotte et Micha miment chacun – et à l’insu de l’autre – à Mélodie de fuir au loin) traduit ainsi, sans la surligner, la vivacité des émotions qui submergent ses personnages. Cette tonalité burlesque n’exclut toutefois pas la gravité. Les détours par le tribunal où Mélodie (géniale Anaïs Demoustier) exerce son métier d’avocate rappellent en effet les conséquences possiblement tragiques d’un désir mal contrôlé. Mais à travers ce portrait, électrique et solaire, d’une passion délibérément affranchie des barrières sexuelles, Jérôme Bonnell capte une modernité dans l’air du temps qui avait tendance à faire légèrement défaut à son cinéma jusque-là. Parfois rattrapé par ses envies de minimalisme (chassez le naturel…), le réalisateur n’hésite cependant plus à briser la glace. Et À trois on y va de s’abandonner dans ses dernières minutes à une sensualité inédite et quasi mystique qui confine à l’ataraxie. Cette éclatante épopée sentimentale affirme alors haut et fort que l’engagement amoureux constitue la meilleure façon de se révéler à soi-même.Bande-annonce :  Choix n°3 : Cendrillon de Kenneth Branagh, avec Lily James, Cate Blanchett...Synopsis : Le père de la jeune Ella, un marchand, s’est remarié après la mort tragique de la mère de la jeune fille. Pour l’amour de son père, Ella accueille à bras ouverts sa nouvelle belle-mère, Lady Tremaine, et ses filles Anastasia et Drisella. Mais lorsque le père d’Ella disparaît à son tour d’une manière aussi soudaine qu’inattendue, la jeune fille se retrouve à la merci de sa nouvelle famille, jalouse et cruelle. Les trois méchantes femmes font d’elle leur servante, et la surnomment avec mépris Cendrillon parce qu’elle est toujours couverte de cendres. Pourtant, malgré la cruauté dont elle est victime, Ella est déterminée à respecter la promesse faite à sa mère avant de mourir : elle sera courageuse et bonne. Elle ne se laissera aller ni au désespoir, ni au mépris envers ceux qui la maltraitent. Un jour, Ella rencontre un beau jeune homme dans la forêt. Ignorant qu’il s’agit d’un prince, elle le croit employé au palais. Ella a le sentiment d’avoir trouvé l’âme sœur. Une lueur d’espoir brûle dans son cœur, car le Palais a invité toutes les jeunes filles du pays à assister à un bal. Espérant y rencontrer à nouveau le charmant « Kit », Ella attend avec impatience de se rendre à la fête. Hélas, sa belle-mère lui défend d’y assister et réduit sa robe en pièces… Heureusement, comme dans tout bon conte de fées, la chance finira par lui sourire : une vieille mendiante fait son apparition, et à l’aide d’une citrouille et de quelques souris, elle va changer le destin de la jeune fille…L'avis de Première : Opération recyclage. Il n’y a pas 36 façons de qualifier ce Cendrillon, relecture par Disney de son propre catalogue. Sans angle ni concept, contrairement au récent Maléfique, ce film n’a d’autre intérêt que de donner vie aux personnages du dessin animé 50s. Tout le monde est là. Sauf la magie, qui n’opère que dans la scène de transformation pour le bal. Kenneth Branagh déroule l’histoire, aidé de deux grandes actrices (Cate Blanchett et Helena Bonham Carter). Par ailleurs, tout est plombé par un design laid, un manque d’humour étonnant et une morale envahissante (seul ajout du cinéaste) : si cette pauvrette est si passive, c’est qu’elle est liée par une promesse faite à sa mère mourante de rester courageuse et bonne coûte que coûte. Bref, on préfère le dessin animé.Bande-annonce :  Les autres sorties ciné de la semaine sont ici