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Ben Affleck adapte le beau roman de Dennis Lehane. Un futur grand film ?

Après Gone Baby Gone, Ben Affleck s’attaque une fois de plus à un polar de Lehane en adaptant Ils vivent la nuit, deuxième opus de la saga des Coughlin. L'histoire de Live By Night ? Boston, 1926. Malgré la prohibition, l’alcool coule à flots. Et Joe, le fils du commissaire Thomas Coughlin, veut tuer le père en se faisant une place dans la pègre. Après quelques méfaits, il se retrouve en prison. Sa rencontre avec un vieux parrain va changer sa vie et lancer sa carrière de criminel. 

Avec cette série, Lehane quittait le Boston contemporain pour une saga familiale qui tentait de raconter sa ville à travers le siècle et une lignée d’immigré irlandais. GBG montrait qu’Affleck était un vrai cinéaste noir, avec un univers, une cohérence et un sens du détail imparable. La bande-annonce de Ils Vivent La nuit est incroyablement rythmée et nous balade du Boston des 30’s à la Floride des Casinos. Les images léchées (la photo de Richardson est somptueuse mais jamais trop passant du noir brutal au chromo sexy et chaud du Sud), la sublime poursuite old school en Ford V8, la voix off de Ben laissent clairement entendre que Affleck a composé un gros film noir nostalgique, pas poussiéreux, mais vintage, où l’histoire de l'Amérique se mêle au destin d'un homme qui prétend rester libre dans un monde de violence (« I don’t want to kiss rings »).

Efficace, taillé à l'ancienne, la mise en scène de Ben tente clairement de retrouver la recette du néo-classicisme 90's (on pense pas mal à L.A Confidential et pas que pour Chris Cooper qui a l’air génial) pour la noirceur, la reconstitution classieuse et la puissance des interprètes

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Affleck a l’air génial en héros maudit qui tente de s’extraire de la tourbe, Chris Cooper trimballe sa tristesse existentielle avec un génie immuable, pendant que Elle Fanning (ses « repent… repent… repent » qui scandent la BA) impose sa grâce chelou une nouvelle fois. Lyrique - jusqu'à flirter avec la sensiblerie chromo (les plans de fleuve) - sec et violent, sentimental et spectaculaire, le film semble s’agripper à plusieurs branches (le film d’époque, le film de gangster à l’ancienne, la fresque sociale, le film de plage malickien). Jusqu’à chuter ? Si la mise en scène réussit à équilibrer tout ça, s’il parvient à conserver la touffeur labyrinthique du roman (on attend de voir les séquences en prison IMPRESSIONNANTES dans le livre de Lehane) et sa puissance symbolique sans perdre le spectateur, alors on tient possiblement un beau film au romantisme vénéneux.

Prions pour que Ben ne rate rien. Mais en l’état, ça semble très excitant. Live By Night sortira le 18 janvier 2017 en France.