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Haskell Wexler, doublement oscarisé au cours de sa carrière, est décédé à l’âge de 93 ans.

Le chef opérateur Haskell Wexler est mort hier, annonce le Los Angeles Times. Il a reçu deux Oscars pour l’adaptation de la pièce de théâtre à succès Qui a peur de Virginia Woolf ?, de Mike Nichols, sortie en 1966 avec Elizabeth Taylor et Richard Burton, puis dix ans plus tard pour En route pour la gloire, le biopic du musicien Woody Guthrie, joué par David Carradine. Il fût aussi l’un des rares directeurs de la photographie à avoir son étoile sur le Hollywood Boulevard.

Au cours de sa longue carrière, il a également été nommé pour son travail sur Vol au-dessus d’un nid de coucou, en 1975 (nomination partagée avec Bill Butler), Matewan en 1987 et Blaze, deux ans plus tard. Il quitta le plateau du film culte de Milos Forman en plein tournage, ce qui explique qu’il y ait deux directeurs de la photographie sur ce projet, Bill Butler ayant dû le remplacer au pied levé. Bande-annonce :


A l’inverse, il a parfois contribué à des longs-métrages sans en être pour autant le chef opérateur officiel. Il était par exemple consultant sur American Graffiti, de George Lucas, en 1973, et a travaillé sur Les Moissons du ciel de Terrence Malick, en 1978, au sein de l’équipe de Nestor Almendros, qui a reçu l’Oscar de la meilleure photo un an après.

Haskell Wesler a réalisé son premier film en 1969, Medium Cool, avant de se privilégier les documentaires sur la politique, les guerres ou les inégalités sociales. En 2011, il filmait ainsi les manifestations "Occupy LA". "Sa passion dépassait largement le fait de tourner des films. Il s’intéressait avant tout aux gens, défendait la justice et la paix", explique son fils au journal américain. En 2004, il avait consacré un documentaire à son père, intitulé Tell Them Who You Are, où plusieurs réalisateurs revenaient sur leur collaboration avec le directeur de la photo. L’intéressé y expliquait la difficulté de travailler sur un film sans en être le metteur en scène. "En tant que directeur de la photo, je m’investis autant que si c’était ma propre réalisation. Je pars toujours du principe que je dois faire de mon mieux, que je suis capable de surpasser le cinéaste, que je dois servir le film avant tout,  en tant que ‘filmmaker’".