Adam McKay et Jennifer Lawrence sur le tournage de Don't Look Up !
NIko Tavernise / Netflix

Le réalisateur dissèque son nouveau film pour Première.

Sorti le 24 décembre, Don’t Look Up : Déni Cosmique cartonne sur Netflix France, où il trône tout simplement en tête du top 10 des programmes les plus vus actuellement, devant The Witcher et Emily in Paris. Un succès qui s’explique sans doute par le casting 5 étoiles du film (Leonardo DiCaprio, Jennifer Lawrence, Meryl Streep, Timothée Chalamet), mais aussi par son propos. 

Don’t look up : une irrésistible démonstration de farce [critique]

Car cette histoire de comète qui fonce droit vers la Terre, sans que les scientifiques ne parviennent à convaincre le monde du danger d’extinction menaçant l’humanité, est clairement une métaphore de la crise climatique. Et donc du déni collectif qui nous empêche de réagir comme on devrait le faire avant qu’il ne soit trop tard. 

"C’est un phénomène qui m’inquiète autant qu’il me passionne", explique Adam McKay dans le numéro 525 de Première, disponible en kiosque et sur notre boutique en ligne. "Je me suis dit qu’on pouvait parler de cela dans un film (…) J’avais des idées d’amorce, mais aucune satisfaisante... Certaines étaient trop dramatiques, d’autres plus épiques ; j’ai pensé à faire un thriller avec des twists et même un film choral. Mais rien ne marchait. Et puis, il y a trois ans, mon ami David Sirotta [écrivain et journaliste au Guardian], sous le coup de la colère, a tweeté : 'La comète arrive et tout le monde s’en fout.' C’était génial. Simple, efficace."

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Avec comme références des satire telles que Dr Folamour ou Le Gouffre aux chimères, Adam McKay met les pieds dans le plat (avec trop peu de subtilités selon certains) et renvoie donc pèle-même les médias, le peuple et nos dirigeants face à leurs responsabilités. Un film qui arrive dans une Amérique post-Trump où la parole scientifique doit batailler contre des opinions irrationnelles et déconnectées des considérations factuelles. "Mon but est de filer des grands coups pieds dans les couilles des gens. Pour les réveiller", lâche le réalisateur de The Big Short et Vice, qui a abandonné la comédie pure pour raconter à sa manière le déclin des Etats-Unis.

Pourtant, jure McKay, la présidente incarnée par Meryl Streep n’est pas une caricature de Donald Trump. Enfin pas que : "Si vous mettez Donald Trump dans un film, vous n’avez plus de film ! C’est impossible de le faire évoluer dans une histoire... Il est un peu comme Brick Tamland, le personnage de Steve Carell dans La Légende de Ron Burgundy. Brick n’est pas vraiment dans le film, il évolue dans son propre monde, impulsif, ingérable, incapable de s’agréger à un arc narratif global. Trump, c’est la même chose. Lors des répétitions, j’avais demandé à Meryl de jouer un mélange des différents présidents qui se sont succédé. Elle devait avoir l’absence de qualifications de George Bush, le vide drapé dans un beau costume de Ronald Reagan, la duplicité du vendeur de bagnoles de Bill Clinton, les qualités d’orateur que Barack Obama a mises au service du grand capital et le narcissisme aveugle de Trump... Un cocktail explosif."

Propos recueillis par Pierre Lunn