Django Unchained
Sony

Le western porté par Jamie Foxx et Christoph Waltz est une réussite.

Django Unchained sera rediffusé ce dimanche, sur France 2 (suivi de Reservoir Dogs). A sa sortie, en 2013, Première avait beaucoup apprécié le film de Quentin Tarantino. La preuve.

Les films de Quentin Tarantino classés du pire au meilleur

 Depuis l’échec cuisant de Boulevard de la mort qu’il a plus ou moins renié, Quentin Tarantino a décidé d’arrêter de faire des films cool tout en continuant à investir des sous-genres avec une ambition « leonienne ». C’était le cas dans Inglourious Basterds, film de commando qui télescopait la grande Histoire douloureuse et la petite, plus triviale. Django Unchained pousse plus loin, et mieux, l’hybridation. Cet hommage lointain à un classique du western-spaghetti (seul le nom du héros fait le lien) n’est plus filmé « à la manière de » mais de façon presque classique, la mise en scène s’effaçant derrière le grand sujet qui préoccupe QT, soit, ni plus ni moins, que la naissance de l’identité afro-américaine.

Django Unchained à l'épreuve de Tarantino

Esclave affranchi par un chasseur de primes allemand (crédit progressiste un peu naïf accordé à l’Europe colonialiste de l’époque) avec lequel il s’associe, Django est un Noir qui se tient debout, malgré les coups, les humiliations et le mal fait à sa femme, portée disparue. En partant à la recherche de celle-ci, il va découvrir que si son « peuple » est méchamment opprimé, il est aussi un peu trop passif, voire collaborationniste. Tarantino condamne en bloc les Blancs, risibles pantins, violents, sales et absurdement supérieurs (la séquence Klu Klux Klan est instantanément culte), mais n’absout pas pour autant les Noirs, comme en témoigne le personnage du serviteur zélé joué par Samuel L. Jackson, tenant d’une incompréhensible ligne conservatrice. La catharsis opérée par le nettoyage vengeur de Django est non seulement jouissive mais circonstanciée. Elle marque réellement et définitivement le passage de QT à l’âge adulte.

Comment les films de Quentin Tarantino sont-ils liés exactement ?

D’un point de vue formel, on l’a dit, Django Unchained marque aussi une petite rupture. Deux trois zooms par-ci, deux-trois très gros plans par-là, et puis c’est tout. Tarantino ne cherche pas à impressionner la pupille à tout prix, ce qui n’empêche pas les éclairs de violence : le sang gicle tel un geyser, les hommes sont offerts en pâture aux chiens, d’autres se combattent à mort. La musique est également en retrait, plus accompagnatrice que brutalement anachronique. Sans aller jusqu’à parler de western eastwoodien, Django Unchained, par sa violence graphique et son super-héroïsme ambigu, s’inscrit, lui aussi, dans une logique de démystification de l’histoire américaine en mettant parallèlement en place les éléments de sa propre légende.
Christophe Narbonne