Gilles Lellouche dans Bac Nord
Jérôme MACE/Chifoumi Productions

Hugo Sélignac, le producteur du film, met fin aux doutes autour d’une éventuelle diffusion directe sur la plateforme. Interview exclusive.

Bac Nord devait sortir en salles en France le 23 décembre et dans tous les autres territoires, via Netflix, en janvier. La non-réouverture des salles en décembre va-t-elle du coup vous obliger à reverser Bac Nord sur Netflix ?
Pas du tout. Netflix doit contractuellement diffuser Bac Nord un mois après la sortie salles française. Tout va être simplement décalé avec une sortie salles en février chez nous, puis une diffusion sur Netflix. Enfin, si tout va bien...

Il n’y aucun deadline ? Ca peut durer comme ça longtemps, en fonction de la situation sanitaire ?
Tout ce que je peux dire c’est que Studiocanal et Netflix, qui ont l’habitude de travailler ensemble, vont dans le même sens. Là où nous aurions pu être embêtés, c’est si le gouvernement avait autorisé la réouverture des salles le 15 décembre tout en imposant un couvre-feu à 17h qui nous aurait privés des séances de 18h et de 20h. La carrière en salles de Bac Nord aurait dû coup été tronquée et il aurait sans doute fallu renégocier un délai avec Netflix pour permettre au film de rester plus longtemps à l’affiche, voire de décaler la sortie.

Votre distributeur a déjà largement commencé la promotion. Les frais engagés sont-ils perdus ?
Des frais sont perdus, c’est incontestable. Un deuxième report de date serait vraiment dramatique. Il faut savoir que nous avons tous fait un effort, sous l’amicale pression du Ministère de la Culture et du CNC, pour rester daté en décembre malgré les incertitudes et le couvre-feu. On nous a fait comprendre que les exploitants avaient besoin de locomotives et nous avons volontiers joué le jeu. Après, pour revenir à la promotion, ce report nous oblige tous à revoir nos plannings, en particulier ceux des acteurs qui ne seront pas aussi facilement disponibles en janvier.

Visiblement, la date du 7 janvier n’est pas une date de réouverture mais de réexamen de la situation sanitaire selon Roselyne Bachelot. Cela vous inquiète-t-il ?
Pour l’instant, nous avons repoussé Bac Nord à février. Nous verrons bien. Je me bats par ailleurs, avec d’autres, pour imposer, à la réouverture des salles, une “semaine blanche” pour les films sortis fin octobre dont l’exploitation a été stoppée brutalement. L’idée est qu’ils soient seuls à l’affiche pendant une semaine et que les nouveautés ne les abîment pas davantage. Ca me paraît juste pour tout le monde. Normalement, j’aurais par exemple dû sortir Mandibules (de Quentin Dupieux) le 16 décembre face à Adieu les cons, qui était sur une belle lancée. Essayons d’éviter ça pour la reprise. Nous avons plus de temps pour mieux nous organiser sachant qu’il va y avoir un embouteillage de sorties entre janvier et mars.

La bande-annonce de Bac Nord a bien buzzé. L’excitation autour du film ne va-t-elle pas être décuplée par ce report ?
Je suis de nature optimiste. Je me dis qu’en sortant en février, on aura peut-être le temps et la chance de faire une belle tournée province avant. Peut-être aussi qu’il n’y aura plus de couvre-feu et que la séance de 20h sera rétablie. Je sens par ailleurs autour de moi qu’il y a une envie plus forte de cinéma qu’au sortir du premier confinement. Dernier point positif : cette crise a clairement ressoudé la profession. À défaut d’être entendus par le gouvernement, les acteurs du secteur s’écoutent plus attentivement.