Jean-Pierre Darroussin
Berzane Nasser/ABACA

"C'est d'une grande maladresse de ma part"

Lors de la cérémonie des César 2020, Jean-Pierre Darroussin était invité à remettre le prix de la meilleure adaptation. Après avoir ouvert l’enveloppe, l’acteur a refusé de nommer Roman Polanski, écorchant le nom du réalisateur et celui de son film, J’accuse. Une prestation qui fait débat, et sur laquelle Darroussin revient dans les colonnes du magazine Transfuge. Il commence par assurer ne pas être « antisémite. La mère de mes deux filles est juive. Et donc mes filles sont juives ». Avant d’en venir au coeur du sujet : « On m'appelle pour remettre un César, j'étais un peu étonné cela fait 10 ans qu'on ne m'avait pas appelé pour les César... Ils me disent que personne ne veut venir, que tout le monde a la trouille... Moi je me dis que je n'ai rien à craindre et j'accepte l'invitation. La soirée est hypertendue. Quand je décachette l'enveloppe de Roman Polanski, je me dis, ‘oh mince ça tombe mal’. Et là, c'est idiot, instinctivement je pense m'en tirer par une pirouette et je me dis que je vais faire le sketch de la grenouille à petite bouche. Je fais la petite bouche. Dans la salle les gens rient. À ce moment-là personne n'a mesuré le sens que cette blague allait prendre. Je me tourne en dérision moi-même, en voulant montrer ma position inconfortable. C'est d'une grande maladresse de ma part. Je n'ai jamais cherché à humilier Roman Polanski, l'homme n'a peut-être pas la conscience tranquille, mais je pense que c'est un génie du cinéma, un film comme Tess est un chef-d’oeuvre ».

Jean-Pierre Darroussin précise par ailleurs être « totalement solidaire du combat des femmes (…) Les violeurs doivent être condamnés, le monde change et c'est très sain. On ne peut plus être un prédateur sexuel sans être inquiété et condamné. Le mouvement #MeeToo est nécessaire. Mais il faut avoir de la hauteur, il ne faut pas tout mélanger. Les lynchages publics sont quelque chose de très préjudiciable ».

César 2020 : le malaise Polanski