Brad Pitt, Diego Calva et Damien Chazelle sur le tournage de Babylon
Paramount Pictures

Il est de plus en plus facile de tomber dans la "prison du cinéma" pour les cinéastes à Hollywood.

En novembre 2022, Martin Scorsese dénonçait "le spectacle répugnant offert par Rotten Tomatoes" au détour d’un hommage au célèbre critique de cinéma Roger Ebert. Devenu l’alpha et l’omega d’Hollywood, l’agrégateur de critiques est considéré comme une menace par certains créateurs. Notamment parce qu’il fait très mal aux oeuvres polarisantes, nuisant par conséquent à la prise de risque. Il favorise à l’inverse les films consensuels.

Un exemple récent ? Babylon de Damien Chazelle, qui affiche un piètre 57% d’avis positifs sur le site. On pourrait aussi citer Une Journée en enfer, La vie aquatique, Man of Steel, Blade II ou encore Taken, Mars Attacks, Jumanji et Frangins malgré eux. Autant de films qui ont un score inférieur à 60% et ont hérité de la désormais célèbre tomate pourrie qui peut littéralement tuer la carrière d’un film, et de son réalisateur.

En mars dernier, Damien Chazelle expliquait ainsi qu’il craignait de ne pas pouvoir financer son nouveau film.

"Il est certain que d’un point de vue financier, Babylon n’a pas du tout marché. Qui sait. Peut-être que je n’arriverai pas à faire ce film. Je n’en sais rien. On va voir comment ça se passe."

Tous les chemins mènent à Megalopolis : Coppola dévoile une première image inédite de son dernier film
ABACA/Le Pacte

Dans un grand papier publié il y a une semaine, The Hollywood Reporter s’est penché sur la question. Le constat est là : il est de plus en plus facile pour un réalisateur de basculer aujourd’hui dans la movie jail : cette prison virtuelle où l’on place les cinéastes qui ont fait le flop de trop. Des grands noms peuvent passer par là, comme Francis Ford Coppola qui a dû investir sa fortune personnelle pour financer son nouveau film, Megalopolis, en compétition à Cannes.

Là encore, la grève à Hollywood a fait des dégâts : "On est revenu de la grève et on a trouvé une industrie différente", confie un dirigeant au THR. "Le momentum a été perdu, tout est passé à la loupe et tout le monde a un nouveau patron".

Dans ce contexte hyper frileux, la note Rotten Tomatoes vient donc s’ajouter au couperet du box-office pour déterminer si un film peut être confié à un metteur en scène. Un effet particulièrement pervers quand on connait les limites de ce score.

"L’éloge critique est devenu un jeu", explique le représentant d’un réalisateur au THR. "Le score Rotten Tomatoes est la première chose que les gens regardent quand je leur vend un réalisateur. La décision d’embaucher un réalisateur est inévitablement affectée."

La menace de la "prison du cinéma" est encore plus grande pour les femmes réalisatrices et les cinéastes de couleur. D’autres semblent épargnés de cette sanction, comme le vétéran Robert Zemeckis, qui a enchainé les bides ses dernières années mais conserve la confiance des studios. Son secret ? Pouvoir mettre Tom Hanks en tête d’affiche, comme ce sera le cas pour son prochain film, Here, qui sortira au mois de novembre...