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Pas de séances de cinéma après 21h confirme le premier ministre.

Mise à jour du 16 octobre 2020 à 14h : "Je crois qu'il nous faut des règles très claires et très simples, et ces règles doivent être les mêmes pour tous", a répondu le premier ministre Jean Castex concernant la possibilité de conserver des séances de cinéma après 21h, à condition que les spectateurs concernés par le couvre-feu conservent leur ticket en guise de motif de déplacement. "Le couvre-feu, c'est à partir de 21h. Tout le monde doit être chez soi à 21h, sauf pour des exceptions très précises que j'ai énuméré hier (motifs professionnels, raisons de santé, voir un proche en dépendance..., Ndlr), justifie-t-il. Je suis sûr que tout le monde va s'adapter, y compris le monde de la culture, dont je connais les difficultés. Pour que des règles soient comprises, acceptées, il faut qu'elles soient les mêmes pour tous. S'agissant du secteur de la culture, impacté par ces dispositions, nous déploierons tous les moyens pour amortir le choc que cela va représenter pour lui. Je suis sûr que ce secteur va aussi s'adapter à ces règles du jeu."

Le message est clair : il n'y aura pas d'exception pour le secteur culturel, malgré le soutien de la ministre concernée, Roselyne Bachelot, qui défendait cette demande de la FNCF depuis hier.

ARP annonce en parallèle avoir décidé de revenir sur leur décision de reporter Peninsula à décembre comme cela avait été annoncé peu après le discours d'Emmanuel Macron. Le distributeur vient de publier ce communiqué à propos de cette suite de Dernier train pour Busan : "Suite aux nombreuses réunions interprofessionnelles consécutives à l’annonce du couvre-feu, et par solidarité avec l’ensemble de la filière cinéma, ARP a décidé de maintenir la sortie de PENINSULA au mercredi 21 octobre."

Roselyne Bachelot au Festival de Deauville 2020
Roselyne Bachelot au Festival de Deauville 2020 : Shootpix/ABACA

Mise à jour du 16 octobre 2020 à 10h40 : Roselyne Bachelot a rencontré les représentants des filières cinéma et spectacle vivant, jeudi après-midi, au lendemain de l’annonce du couvre-feu dans plusieurs grandes villes de France. Selon Le Film Français, la réunion s’est bien passée et la Ministre de la Culture soutiendrait la demande des professionnels qui ont réclamé dès hier un assouplissement afin que les spectateurs puissent rentrer chez eux après 21h, leur ticket faisant office de justificatif. Roselyne Bachelot a garanti qu’une réponse serait donnée dans les 48h, donc d’ici samedi soir.

Mais, ce matin, Bruno Le Maire a fait savoir sur BFM TV qu’il était défavorable à une telle mesure. "Je suis contre toute exemption sauf pour les personnels de santé, les urgences, si vous devez aller voir quelqu'un malade..." a répondu le Ministre de l’Economie. "Si vous commencez à multiplier les exemptions, à dire que pour tel secteur d'activité ça ne sera pas 21h mais 22h... Que pour les autres ça sera 22h30...On ne va pas s'en sortir !". 

Une déclaration qui a fait bondir Richard Patry, le président de la Fédération nationale des cinémas français (FNCF), qui estime que le couvre-feu dans les grandes métropoles pourrait entrainer la fermeture "de l’ensemble des cinémas de France" avec le risque que les distributeurs décalent leur film en l’absence des séances du soir. Face à ce désaccord entre les deux ministres, le Premier Ministre Jean Castex "rendra son arbitrage dans la journée", selon un journaliste du Parisien.

En parallèle, la Société des réalisateurs de film a accentué la pression en adressant une lettre ouverte à Emmanuel Macron. La SRF déplore un "coup de poignard pour la culture", et rappelle que le secteur a "pris toutes les mesures pour que l'expérience du cinéma, du spectacle vivant, soit la plus sûre possible". Le texte intime le Président de la République d’assouplir le couvre-feu pour les cinémas et les spectacles et demande des annonces claires sur les aides fournies au secteur, comme cela fut le cas pour la restauration. "La culture n’est pas un luxe mais une nécessité", écrit la SRF. 

Couvre-feu pour les cinémas : de nouveaux reports de films à craindre ?
Gaumont / SND

 

Article du 15 octobre : La Fédération nationale des cinémas français (FNCF) n’a pas tardé à réagir aux annonces faites par Emmanuel Macron : "Les salles de cinéma en appellent aux distributeurs et éditeurs pour maintenir les films à l’affiche et en proposer de nouveaux", peut-on lire dans un communiqué relayé par Le Film Français. Elles demandent également "aux pouvoirs publics de permettre aux spectateurs de rentrer chez eux après la séance au-delà de 21h, les salles pouvant ainsi assurer une exposition suffisante des films".

"En empêchant l’organisation des séances du soir, ce dispositif va terriblement fragiliser l’activité des cinémas de la plupart des grandes villes de France. En effet, avec une fréquentation déjà réduite de 50% à 70% depuis de nombreux mois, les cinémas vont devoir se passer de ces séances qui représentent plus de la moitié de leur public".

La FNCF regrette "une décision aux conséquences extrêmement graves pour la filière cinéma" et redoute que "de nombreux films soient déprogrammés". Et c’est déjà le cas, puisque ARP vient d’annoncer que la sortie de Peninsula était décalée du 21 octobre au 16 décembre 2020. Des réunions de crise sont en cours chez la plupart des distributeurs, et d'autres annonces de report pourraient tomber (lire ci-dessous). 

D'après Le Monde, l'exécutif aurait d'ores-et-déjà réagi favorablement à cette requête. Il proposerait de maintenir une heure de fermeture à 21h pour les cinémas, mais les spectateurs auraient droit à un délai supplémentaire pour rentrer chez eux. "Le billet électronique, où l’heure de la séance sera inscrite, peut servir de justificatif. Il suffirait aux spectateurs de le présenter en cas de contrôle", assure une source citée par le quotidien. 

Un petit gain qui permettrait de faire démarrer la dernière séance à 19h, par exemple. Lors de sa conférence de presse de jeu, le Premier Ministre n'a toutefois pas confirmé la mesure. "Il faut qu’on l’étudie", a simplement répondu Jean Castex. 

En attendant, MK2 prend les devants et annonce que ses dix cinémas parisiens ouvriront plus tôt. "En réponse au couvre feu annoncé, le groupe cinématographique mk2 confirme, s’il y avait un doute, que son réseau de salles parisien non seulement restera ouvert, mais ouvrira l’ensemble de ses salles dès 8h du matin, au tarif réduit matinée habituel", indique le circuit dans un communiqué repris par Le Film Français

Article de 10h32 : A partir de ce vendredi minuit (donc dans la nuit de vendredi à samedi), une couvre-feu sera en vigueur dès 21h, et pour quatre semaines au minimum, à Paris et en Ile-de-France ainsi que dans huit métropoles françaises : Grenoble, Lille, Lyon, Aix-Marseille, Montpellier, Rouen, Saint-Etienne et Toulouse. Un nouveau coup dur pour la culture, et donc les salles de cinémas, déjà en grande difficulté. En résumé, la séance de 18h30 sera la seule façon d’aller voir des films le soir pour 20 millions de Français. 

La décision a bien sûr été très mal accueillie par la profession. Et la crainte de nouveaux reports est forte. "Le couvre feu = fin des sorties cinéma sur les semaines qui viennent", a ainsi lâché Jean-Labadie du Pacte, très remonté hier soir sur Twitter. 

"Que vont décider les producteurs et distributeurs des gros films français attendus cet automne hiver : Aline de Valérie Lemercier, de Kaamelott d'Alexandre Astier, d'Adieu les cons d'Albert Dupontel, de Mandibules de Quentin Dupieux ? Que va-t-il se passer pour ADN de Maïwenn prévu le 28 octobre ?", a détaillé le producteur dans une interview accordée au Figaro. "Le milieu du cinéma va dès demain passer son temps en réunion de crise. Faut-il déplacer les sorties au premier trimestre 2021? Le virus sera peut-être encore là. À une heure près, les cinémas et les films étaient sauvés. La décision du gouvernement est incompréhensible. C'est un véritable scandale."

"Je trouve mega flippant qu’un pan entier de notre profession soit flingué à partir de 21h - alors que la séance du soir est la plus forte - sans qu’il n’y ait aucune déclaration officielle de nos autorités de tutelle ou des représentants des salles", a appuyé Amel Lacombe d’Eurozoom, le distributeur spécialisé dans le cinéma d’animation japonais. 

La pression est notamment très forte sur Adieu les cons, qui doit être projeté sur plus de 500 écrans à partir de la semaine prochaine. Est-il envisageable de décaler le film à quelques jours de sa sortie ? La question va se poser pour de nombreuses productions, et peut-être même Kaamelott : premier volet, qui doit arriver en salle le 25 novembre. Or, le couvre-feu pourrait durer six semaines, donc jusqu’à début décembre. Des réunions de crise sont en cours chez la plupart des gros distributeurs, qui vont prendre des décisions au cas par cas, et on devrait bientôt en savoir plus.

La tentation va également être forte de céder certains films aux plateformes de SVOD. Amazon Prime Video avait ainsi récupéré Pinocchio et, plus récemment, Brutus vs Cesar. Tandis que Netflix s'est offert Bronx, d’Olivier Marchal, qui sortira le 30 octobre. 

Enfin, quelques voix s'élèvent également pour demander une dérogation pour les salles de théâtre et de cinéma, arguant qu'elles ne sont pas des zones de contaminations avérées et qu'on y respecte les gestes barrières.