Benoit Jacquot
ABACA

Suite aux accusations de Judith Godrèche, l’institution déprogramme Les Ailes de la colombe et Suzanna Andler.

“Depuis quelque temps, je parle, mais je ne vous entends pas,” avait plaidé Judith Godrèche lors de la cérémonie des Césars 2024. Et il semble que depuis, les langues se délient de plus en plus avec, notamment, l’audition de l’actrice devant la délégation sénatoriale aux droits des femmes, le report sine die de la sortie de CE2, le dernier film de Jacques Doillon qu’elle accuse d’agression sexuelle, mais aussi, le mouvement #MeTooGarçon sur les réseaux sociaux.

Hier, la Cinémathèque a prouvé qu’elle écoutait en annulant la projection de deux films de Benoît Jacquot, une information Libération. Le quotidien rapporte le communiqué lapidaire de l’institution : “La Cinémathèque française annule la projection du film les Ailes de la colombe de Benoît Jacquot le mercredi 13 mars à 14 heures”. Une version restaurée du film de 1981 avec Isabelle Huppert devait être montrée dans le cadre de l’édition 2024 de son festival “classique”, présentée par Caroline Champetier, la directrice de la photographie du film et qui avait aussi participé à sa restauration. Dans la foulée, la Cinémathèque a aussi déprogrammé la projection de Suzanna Andler prévue en mai prochain.

Judith Godrèche a proposé des mesures contre les violences sexuelles au cinéma devant le Sénat

Benoît Jacquot est visé par une plainte déposée le 6 février par Judith Godrèche pour "viols avec violences sur mineur de moins de 15 ans”. Dans sa série Icon of French Cinema, la comédienne revenait déjà sur sa relation avec le réalisateur français : elle avait quatorze ans et lui, quarante. Ses accusations avaient été suivies de témoignages d’autres actrices concernant la conduite du réalisateur, et d’un flot d’indignation sur les réseaux sociaux.

Une réaction de masse qui semble avoir fait assez de pression sur la direction de la cinémathèque pour qu’elle prenne une décision radicale, alors qu’en 2017, Frédéric Bonnaud, le directeur de l’institution s’était opposé à la déprogrammation de la rétrospective Roman Polanski. Soulignons qu’un an plus tard, il rétropédalait en annulant la rétrospective Jean-Claude Brisseau, condamné pour harcèlement et agression sexuels.

“Incontournable, aujourd’hui encore, Benoît Jacquot ?”, questionnait Hélène Devynck, autrice d’un essai sur l’affaire PPDA sur X (l’ancien Twitter) il y a quelques jours. En tout cas, pour l’instant la sortie de son prochain film, Belle, avec Charlotte Gainsbourg et Guillaume Canet, n’a pas encore de date de sortie, ce que n’a pas souhaité commander le distributeur, rapporte FranceInfo.

CE2 : le film de Jacques Doillon est finalement reporté