GALERIE
Art House Films

Le Japonais Ryôta Nakano offre un regard aussi singulier que passionnant sur son pays, meurtri et endeuillé par le tsunami de 2011 et la catastrophe nucléaire de Fukushima

Tiré d’une histoire vraie, le quatrième long de Ryôta Nakano fonctionne à double détente. Ce qui se révèle de prime abord assez déconcertant avant que ce virage à 180 degrés infuse et lui donne toute sa puissance. Le récit s’ouvre en effet dans une ambiance à la Little Miss Sunshine, en mode portrait de famille azimutée, les Asada dont le plus jeune des fils, Masashi, féru de photographie, réalise les rêves secrets des siens – devenir pompier (son père), épouse de yakuza (sa mère), pilote de F1 (son grand frère) – à travers les clichés où il les met en scène. Un jeune homme à qui les siens apparaissent prêts à accepter toutes les lubies, aussi saugrenues puissent- elles paraître, tant ils semblent convaincus que son talent et son esprit singulier finiront un jour par le mener au bout de ses rêves, même si ceux- sont encore flous. Puis surgit le tsunami de mars 2021 suivi de la catastrophe de Fukushima et l’apparente légèreté de ce premier mouvement laisse place à la gravité quand, devenant bénévole auprès des rescapés, Masashi collecte dans les maisons détruites les photos des sinistrés pour garder intacts des souvenirs. La Famille Asada devient alors une splendide variation sur la question de la mémoire et du deuil et sur le rôle essentiel de la photographie dans cette transmission- là. Et vous submerge d’émotion sans jamais verser dans le larmoyant. Un geste d’une grande élégance

De Ryôta Nakano. Avec Kazunari Ninomiya, Haru Kuroki, Satoshi Tsumabuki… Durée 1h43. Sortie le 25 janvier 2023