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A l'occasion de la rediffusion d'Harry Potter 3, ce soir sur TMC, retour sur sa création.

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Harry Potter : le secret que J.K. Rowling avait confié à Alan Rickman

Le casting : Le Prisonnier d’Azkaban marque l’arrivée d’un nouvel interprète de Dumbledore, Michael Chambon, suite au décès de Richard Harris quelques semaines avant la sortie de La Chambre des secrets. Il n’est évidemment pas le seul à rejoindre la saga à succès, chaque nouvel épisode accueillant son lot de sorciers et de moldus interprétés par des comédies reconnus. Emma Thompson (ex-compagne de Kenneth Branagh, alias Gilderoy Lockhart, avec qui elle a tourné plusieurs adaptations de Shakespeare) et David Thewlis (Naked, de Mike Leigh) sont engagés comme professeurs de divination et de défense contre les forces du mal, Timothy Spall est Peter Pettigrow et surtout, Gary Oldman joue le rôle le plus mystérieux de cet épisode, Sirius Black. Annoncé comme le grand méchant de cette suite, il s’avère en fait être un allié de taille de Harry dans sa lutte contre Voldemort. Célèbre jusqu’ici pour ses rôles de "bad guys" (Léon, Dracula, Le Cinquième élément...), il incarne ici l’un des modèles positifs de Harry, un personnage très important dans son parcours.

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Le Prisonnier d’Azkaban au box-office : Harry Potter est une saga qui ne connaît pas l’échec. Ce troisième blockbuster a enregistré le plus petit score de tous, soit la bagatelle de 796 millions de dollars à travers le monde. Paradoxalement, l’épisode le plus créatif de tous est donc le plus faible auprès du public... Mais peut-on vraiment parler de faiblesse quand on atteint de telles sommes ?  

 

Le Prisonnier d’Azkaban dans Première : "Comment ça se fait ? Dans Harry Potter, il y a des babas cool partout". C’est par ces mots que s’ouvre le premier article consacré à Harry Potter dans le numéro de juin 2004. Daniel Radcliffe est une nouvelle fois en couverture du magazine, où deux articles lui sont consacrés : dans le premier, la nouvelle costumière décrit le changement de look des personnages ("Dumbledore, c’est un hippie avec beaucoup de classe. Il a voyagé, en vrai ou dans sa tête, et a tout vu. Je l’ai habillé de plusieurs couches de soie mauve très légère car c’est un homme d’esprit, raffiné en tout point. Il devait avoir l’air très glorious.", puis dans un dossier "Scary Potter" sont annoncés les principaux changements de cet épisode.  En commençant bien sûr par son metteur en scène : "Ce que l’on pouvait reprocher à Chris Columbus: avoir oublié d’ajouter un petit supplément d’âme aux deux premiers livres de J. K. Rowling. Ce que l’on souhaitait de la part d’Alfonso Cuarón (Y tu mamá también; La Petite Princesse): qu’il apporte sa vision, un point de vue, à la saga Potter. (…) Son grand pote, Guillermo Del Toro, réalisateur de Blade 2, l’a encouragé en lui donnant cet étrange conseil: "N’essaie pas de faire ton film à partir de l’oeuvre. Lance-toi et sers Harry Potter, fonce et rends service au matériau." Raté. Longs plans-séquences, multiples prises de vues au grand angle et nombreux mouvements de caméras, révolution du look des jeunes acteurs et dramatisation poussée de l’histoire, font de ce film, comme le confirme Gary Oldman, non pas un Harry Potter 3 mais un film d’Alfonso Cuarón. Souhait précédemment exprimé exaucé."

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Notre critique : Alors que l’écran est encore noir, les premières notes de musique s’égrènent comme un avertissement. Il s’agit bien de la mélodie d’Harry Potter, mais on y perçoit quelques dissonances troublantes destinées à installer, bien avant la première image, le climat fantastique et les nombreux bouleversements souhaités par Alfonso Cuarón, le nouveau réalisateur de ce troisième épisode. (…) La saga Potter se métamorphose avec ses acteurs, elle devient plus rebelle, plus torturée. Donc plus contemporaine. D’autant qu’Alfonso Cuarón, après les visions sans supplément d’âme livrées par Chris Columbus, a fait le choix de la noirceur, des doutes et des peurs liés à l’adolescence. Largement tourné au grand angle, son film est plus cru et rend bien compte de la métamorphose physique des enfants. Il vient au plus près observer le tumulte intérieur qui menace chez Harry, sorte de poor lonesome cow-boy incompris. Autres modifications profondes au service de ce parti pris: le travail sur l’obscurité effectué par le chef op, qui fait basculer l’ambiance vers l’étrange, et celui de la costumière, qui pousse le style des protagonistes vers un psychédélisme néobaba assez étonnant. Enfin, Alfonso Cuarón et son scénariste ont multiplié les impasses et les raccourcis. Décision judicieuse puisqu’ils leur permettent de mettre l’accent sur l’intensité dramatique de l’histoire en évitant les scories qui parasitaient les deux premiers. Le Prisonnier d’Azkaban (chaque ado n’est-il pas prisonnier de lui-même?) est un rite de passage vers l’âge adulte et réalisé comme tel. Harry Potter, c’est plus seulement pour les petits, c’est aussi pour nous !
(à suivre)

Elodie Bardinet (@Eb_prem)

La saga Harry Potter film par film : 4. La Coupe de feu