Jean-Claude Brisseau dans La Fille de nulle part
Les Acacias

Le cinéaste de Noce Blanche et de L’Ange Noir, Jean-Claude Brisseau, est mort à l’âge de 74 ans. Il avait offert un de ses plus beaux rôles à Vanessa Paradis avant d'être accusé de harcèlement sexuel par des actrices.

Le cinéaste français Jean-Claude Brisseau est mort samedi 11 mai, à Paris. Né à Paris, Brisseau avait commencé par enseigner le français en banlieue parisienne. Parallèlement, à partir du milieu des années 70, il avait réalisé ses premiers films. En 1975 La Croisée des chemins, son premier long-métrage, est un précipité de tout son cinéma à venir. Le film suit le parcours d'une jeune fille révoltée qui se sentant incomprise et mal-aimée veut se suicider. Le désir, la rébellion, la mort, l'extrême nudité de la mise en scène seront les "vertus" cardinales d'un cinéaste obsédé par Hitchcock et Rohmer. Héritier de Pialat pour la cruauté et le réalisme stylistique, d'Eustache pour les sujets intimes, Brisseau, cinéaste amateur, va continuer de creuser son sillon à la marge.  

Après quelques films rares, tournant le plus souvent autour de la violence scolaire, il réalise le beau De Bruit et de fureur, avant de signer son étonnant mélo d'amour, Noce blanche (love story entre un prof de philo et l'une de ses élèves), qui transformait Vanessa Paradis en Marylin française et offrait à Bruno Cremer l'un de ses plus beaux rôles. Le succès critique et public aurait dû établir la notoriété du cinéaste, mais ses sujets sulfureux et sa radicalité (esthétique) l'ont finalement réduit à une marginalité flamboyante. Il signera encore le beau Céline en 92 et un autre grand mélo, l'Ange Noir avec Sylvie Vartan, avant de ralentir sa cadence de production et de devenir de plus en plus rare.

C'est que Brisseau n'avait pas eu les honneurs que des rubriques Culture. En 2005, le cinéaste est condamné à un an de prison avec sursis et une amende de dommages et intérêts pour harcèlement sexuel. La justice reproche au réalisateur d'avoir, au cours de castings, abusé de son autorité de cinéaste pour obtenir des faveurs sexuelles sur deux jeunes actrices (une troisième aura gain de cause un an plus tard) qui espéraient décrocher un  rôle dans son film Choses secrètes. Ce n'était pas encore l'ère #METOO et ce procès avait déclenché une vive polémique entre les défenseurs de Brisseau et ceux qui condamnaient son attitude. Le cinéaste évoquera cette histoire dans Les Anges exterminateurs, sans pour autant réussir à faire oublier ces affaires. En 2017, l’annonce d’une rétrospective à la Cinémathèque française juste après celle de Polanski avait fait grand bruit, conduisant finalement à son abandon.