Ghibli
Le Studio Ghibli

On a classé les 22 longs-métrages du studio créé par Hayao Miyazaki et Isao Takahata.

Mise à jour du 5 janvier 2021 : A l'occasion des 80 ans de Hayao Miyazaki, nous vous reproposons notre classement des films du Studio Ghibli, qu'il a fondé en 1985 avec Isao Takahata.

Article du 14 avril 2020 : Grâce soit rendue à Netflix d’avoir acquis le catalogue Ghibli pour le monde -autrefois l’apanage de Disney. L’occasion de revoir les 21 titres du studio, auxquels il faut ajouter Nausicaä de la vallée du vent (pas officiellement un Ghibli) et desquels il faut retrancher La Tortue rouge (coproduction Wild Bunch-Ghibli, absente de la plateforme).
Notre charte nous fait intituler ce classement « du pire au meilleur », ce qui, pour les Ghibli, est un peu exagéré : la qualité standard des films du studio créé par Hayao Miyazaki et Isao Takahata est certainement la plus élevée au monde en matière d’animation. Considérons donc plutôt ce Top comme le reflet de nos goûts personnels qui nous fait préférer le merveilleux et l’épique à la simple chronique sentimentale -également présente dans les autres.

 

22 - Je peux entendre l’océan (1993) 
Produit pour la télévision, Je peux entendre l’océan est un peu hors-jeu : il a manifestement bénéficié de moins de moyens que les autres, comme en atteste la mollesse du rythme et de l’animation. Le trio amoureux au cœur du film est symptomatique de la fibre sentimentale et réaliste du studio, portée avant tout par Takahata (Le tombeau des luciolesSouvenirs goutte à goutte). Je peux entendre l’océan marque enfin la tentative ratée de faire émerger des talents. Le réalisateur, Tomomi Mochizuki, ne tournera plus pour le studio et rentrera dans le rang.

Je peux entendre l'océan
Universum Film


21 – Les contes de Terremer (2006)
Ce film a fait parler de lui pour de mauvaises raisons. C’est l’œuvre de Gorō Miyazaki, “le fils de”, qui entretient avec son père des relations compliquées et qui signe un premier long métrage totalement sous influence. Débutant sur un parricide (!), Les contes de Terremer tente une alliance de l’épique et du sentimental si bien définie par Miyazaki père dans NausicaäLe château dans le ciel ou Princesse Mononoké, références évidentes de Gorō. Il manque cependant à cette adaptation d’un roman d’Ursula K. Le Guin l’art de l’ellipse qui caractérise le travail du père. La schizophrénie du héros, Arren, est trop explicite et les dialogues du genre, « En refusant la mort, tu renonces à la vie », empèsent la narration.

Les contes de Terremer
Gorō Miyazaki-Le Studio Ghibli


20 – Souvenirs de Marnie (2014)
Dernier Ghibli authentique en date (on l’a dit, La Tortue rouge, sorti en 2016, est une coproduction hybride), Souvenirs de Marnie est le deuxième film réalisé par Hiromosa Yonebayashi pour le studio après Arrietty, le petit monde des chapardeurs. Portrait d’une jeune orpheline un peu souffrante, qui part se soigner à la campagne où elle fait la connaissance d’une étrange ado, le film oscille entre fantastique intrigant et mélo un peu épais. Son semi-échec poussera Yonebayashi à claquer la porte et à créer, avec d’autres, un studio concurrent, Ponoc, où il développera Mary et la fleur de sorcière, un carton.

Souvenirs de Marnie
Universum Film


19 – Arrietty, le petit monde des chapardeurs (2010)
Hiromosa Yonebayashi s’est révélé avec cette adaptation libre d’un roman de l’anglaise Mary Norton, Les Chapardeurs. Coécrit par Miyazaki en personne, le film met en scène le micromonde des Chapardeurs, installés dans le jardin d’une famille d’humains qui ignore son existence jusqu’à ce que Shō, un ado malade, s’en aperçoive. Joliment mis en scène (le cambriolage en silence), Arrietty est un très bon récit d’apprentissage, divertissant comme il faut mais un rien prévisible.

Arrietty
The Walt Disney Company France


18 – Le Royaume des chats (2002)
Autre talent tué dans l’œuf : Hiroyuki Morita. Animateur de talent, il se voit donner sa chance avec cette histoire, entre Lewis Carroll et Paul Grimault, qui montre une jeune fille atterrir dans le Royaume des chats où règne un despote. Cet énième film initiatique du studio brille moins par son scénario (où le merveilleux n’est que décoratif) que par l’agilité de son animation. On aurait bien aimé voir un autre long métrage de Morita.

Le royaume des chats
Le studio Ghibli


17 – Si tu tends l’oreille (1995)
Œuvre unique de Yoshifumi Kondō, décédé peu après, Si tu tends l’oreille n’est sorti qu’en vidéo en France. Cette délicate histoire d’amour, entre une férue de littérature et un apprenti luthier, témoigne d’une sensibilité rare, proche de celle de Takahata. Le fantastique s’y invite par effraction lorsque l’héroïne imagine -vite fait- un récit d’aventures qui s’illustre à l’écran. Pas un chef d’œuvre mais une tentative convaincante qui en appelait d’autres.

Si tu tends l'oreille
Le Studio Ghibli


16 – La colline aux coquelicots (2011)
Après la déception des Contes de Terremer, Gorō Miyazaki laisser parler une fibre plus personnelle avec l’adaptation d’un célèbre manga racontant la romance contrariée entre deux ados, qui se découvrent frère et sœur... Film d’époque (l’action se passe dans les sixties), La colline aux coquelicots est à la fois un manifeste féministe, qui interroge la place de la femme dans une société patriarcale, et une touchante lettre aux pères absents -encore une.

La colline aux coquelicots
Gorō Miyazaki-The Walt Disney Company France


15 – Souvenirs goutte à goutte (1991)
Trois ans après Le tombeau des lucioles, Isao Takahata creuse la veine réaliste, cette “deuxième voie” d’un studio dominé par les succès des films épiques ou merveilleux de Miyazaki. Admirablement écrit, Souvenirs goutte à goutte montre le cheminement de Taeko, jeune femme de la ville venue se ressourcer à la campagne où des réminiscences de son enfance contaminent le récit. Takahata se mesure sans complexes à Ozu dans cette chronique du quotidien ordinaire, qui montre l’importance des petites choses et le caractère sacré de l’héritage du passé.

Souvenirs goutte à goutte
Le Studio Ghibli


14 – Pompoko (1994)
L’œuvre protéiforme de Takahata -cinéaste sans doute plus aventureux que son cadet Miyazaki- a donné naissance à ce film joyeusement foutraque dans lequel des créatures japonaises mythiques, les Tanuki, s’amusent à contrecarrer l’expansionnisme urbain qui menace leur habitat. Pour ce faire, ils perfectionnent l’art ancestral de la métamorphose, prétexte à des séquences loufoques et, parfois, vulgaires. Un drôle d’objet, purement japonais, dont on ne saisit pas forcément toutes les subtilités.

Pompoko
Le Studio Ghibli


13 – Ponyo sur la falaise (2008)
Les enfants raffolent de Ponyo, ce petit poisson-humain qui déclenche des tsunamis sans le vouloir, en léchant du sang d’homme et en se transformant en fillette intrépide. Miyazaki, l’homme des cieux et de la terre ferme, a surpris son public avec ce conte sous-marin assez simple, dénué d’enjeux dramatiques incroyables. Une ligne claire qui rappelle celle de Mon voisin Totoro, en moins surprenante. Mais Ponyo, avouons-le, est aussi craquante que la petite Mei...

Ponyo sur la falaise
Le Studio Ghibli


12 – Mes voisins les Yamada
Encore plus que Pompoko, ce Takahata-là est atypique. Sorte de comic strip animé, il se compose de vignettes indépendantes qui illustrent la vie des Yamada, synthèse de la famille japonaise moyenne. Pas ou peu de décors, un trait inachevé dans un style aquarelle : on est proche de l’univers d’un Sempé, pour faire un rapprochement parlant. Drôle et enlevé, mieux qu’une curiosité. À voir et à revoir pour en apprécier toute la subtilité.

Mes voisins les Yamada
Le Studio Ghibli


11 – Kiki la petite sorcière (1989)
Après les époustouflants Le château dans le ciel (1986) et Mon voisin Totoro (1988), Miyazaki signait ce portrait “réaliste” d’une apprentie sorcière. Pas de tours de magie merveilleux ni de monstres affreux au programme : juste le quotidien d’une fillette bienveillante qui doit s’accepter au sein d’une communauté indifférente à sa condition. Un charmant coming-of-age movie, qui dessine l’héroïne Ghibli type.

Kiki
Le Studio Ghibli


10 – Le tombeau des lucioles (1988)
Communément considéré comme l’un des films les plus tristes du monde, Le tombeau des lucioles est un témoignage aveuglant de la folie des hommes que les cœurs purs sont les seuls à pouvoir enrayer. Dans le Japon de l’après-guerre, dévasté par les bombes et la misère, deux orphelins, Seita et Setsuko, tentent de survivre malgré l’hostilité de leur entourage – une tante malfaisante, un voisin intransigeant. Takahata filme leur souffrance dans toute sa crudité et sa cruauté pour mieux en extraire la grandeur et la noblesse. C’est absolument déchirant. 

Le Tombeau des Lucioles
Le Studio Ghibli


09 – Le Château ambulant (2004)
Mixant le côté steampunk du Château dans le ciel et le souffle épique de Princesse Mononoké, Miyazaki signe un film débridé et haut en couleurs qui charrie quelques-unes de ses obsessions : la croyance dans des esprits forts (malins ou bienveillants), la faillibilité humaine, la passion pour les machines et la technologie, la supériorité féminine (Sophie, transformée en vieille, néglige son état pour aider les garçons de l’histoire à se surpasser et à s’accepter avant d’en recueillir les fruits)... Pas le plus grand Miyazaki mais l’un des plus spectaculaires -dont le design du château ambulant a dû taper dans l’œil des concepteurs de Mortal engines.

Lr château ambulant
Le Studio Ghibli


08 - Le Château dans le ciel (1986)
D’un château l’autre... Premier Ghibli officiel, Le Château dans le ciel porte encore les stigmates du Château de Cagliostro (1979, encore un château !) et de son côté “serial” : méchants grotesques, courses-poursuites et destructions épico-burlesques façon Mack Sennett... Tout Miyazaki se met cependant en place dans la foulée de Nausicaä de la vallée du vent, ce manifeste écolo dont Le Château dans le ciel reprend notamment l’idée du soldat-robot mais, cette fois, pour faire le Bien. Il y a chez Miyazaki cette idée très belle et singulière que la technologie peut aussi servir la cause verte et humaniste -Brad Bird s’en souviendra pour son Géant de fer.

Le château dans le ciel
Le Studio Ghibli


07 – Nausicaä de la vallée du vent (1984)
Sorti deux ans avant la création de Ghibli, Nausicaä n’en est pas moins considéré comme un film du studio. Son dessin et son animation, plus ambitieux que dans Le Château de Cagliostro, posent les fondations du style Miyazaki, ce mélange de ligne claire et de bestiaire fantastique emprunté au français Mœbius -et, plus généralement, à la revue Métal hurlant. On y trouve l’inévitable héroïne intrépide, le vieux mentor sage, l’amoureux bienveillant, les alliés de la nature et leurs ennemis, autant de figures miyzakiennes types qui évoluent dans un univers de fantaisie foisonnant, violent et mystérieux. 

Nausicaä
Buena Vista International


06 – Porco Rosso (1992)
On considère souvent Porco Rosso comme le premier Miyazaki adulte, celui où il délaisse le fantastique pour le fantastique, ici réduit à une transformation du héros en cochon, fait accepté par les autres personnages et qui n’a pas vraiment d’incidence sur la narration : Porco Rosso est aussi bien aimé des femmes et des enfants que détesté par ses rivaux pour ses capacités de pilote hors normes. Miyazaki y laisse libre cours à sa passion pour l’aéronautique, en particulier européenne, et filme les séquences aériennes parmi les plus dingues de sa filmographie. Une œuvre puissante sur le sens de l’honneur, l’importance du travail (bien fait) et la qualité des sentiments.

Porco Rosso
Le Studio Ghibli


05 – Mon voisin Totoro (1988)
Le film emblématique du studio Ghibli qui lui doit son logo, cette créature fantastique des forêts, à la tête de chat et au corps encombrant. Tous les enfants ont un jour fredonné la rengaine lancinante de Joe Hisaishi qui accompagne la rencontre pleine de poésie entre ce Totoro et deux sœurs inséparables. Miyazaki filme comme personne la simplicité et la joyeuseté de l’enfance rapportées, ici, à la souffrance d’une mère malade dont le cinéaste ne fait jamais un enjeu dramatique majeur. L’important, c’est la pulsion de vie qui anime les fillettes et leur capacité de résilience dans l’adversité. Admirable.

Mon voisin Totoro
Le Studio Ghibli


04 – Le vent se lève (2013)
Dernier Miyazaki en date, Le vent se lève est le film-miroir de Porco Rosso avec son héros passionné d’aviation qu’il met au service de valeurs humanistes incompatibles avec l’usage qui en est fait. Nous sommes dans l’entre-deux guerres, Jirō rêve d’emboîter le pas d’un concepteur italien pour qui “les avions sont de beaux rêves auxquels les ingénieurs donnent forme”. La beauté du geste se heurte cependant à cette époque belliciste durant laquelle le Japon va rattraper son immense retard technologique. C’est le paradoxe du film : Jirō et ses amis, en sortant le Japon du Moyen-Âge, vont en accélérer la transformation et le mener à sa perte, militaire et morale. L’œuvre de Miyazaki se comprend à l’aune de ce constat amer. 

Le vent se lève
Nibariki - GNDHDDTK


03 – Princesse Mononoké (1997)
Là aussi, il est question de film-miroir : treize ans après, Miyazaki fait une relecture de Nausicaä et de son héroïne protectrice de Dame Nature en la situant cette fois dans un contexte non pas post mais pré-apocalypse. Les loups ont remplacé les vers géants comme boucliers de la nature, les humains, dans leur grande majorité, sont toujours aveuglés par leur volonté d’expansionnisme. Dans l’intervalle, Miyazaki a complexifié son discours et ses personnages. La “méchante”, Dame Eboshi, est une guerrière qui a le sens de l’honneur et une féministe avant l’heure qui donne les mêmes droits aux femmes qu’aux hommes. Quant aux sangliers, alliés méfiants des loups, ils reprochent au Dieu-Cerf de la forêt de ressusciter un humain mais jamais un des leurs. Épique et philosophique, Princesse Mononoké est la fresque indépassable du studio.

Mononoké
Le Studio Ghibli


02 – Le Conte de la princesse Kaguya (2014)
C’est sans doute le film le plus beau du studio, au sens esthétique et tragique. Un récit triste et mélancolique comme un conte d’Andersen dans lequel une jeune femme née magiquement dans une pousse de bambou ne trouve sa place, ni chez les hommes qui l’ont recueillie, ni chez le peuple céleste dont elle est issue. Le regretté Isao Takahata, dont c’est le dernier film, porte à son apogée les recherches plastiques entamées sur Mes voisins les Yamada. Toujours aussi primesautier, le style aquarelle gagne en beauté et précision : la façon dont Takahata saisit les roulades et les premiers pas de Kakuya bébé relève du miraculeux. On appelle ça la grâce.

Le conte de la princesse Kaguya
Le Studio Ghibli


01 – Le voyage de Chihiro (2002)
Miyazaki se mesure à Lewis Carroll dans cette histoire de jeune fille égarée dans un monde imaginaire où ses parents ont été transformés en porcs : le monde des esprits, hideux, flippants, dégueulasses, du genre à ne pas mettre devant les yeux de tous les enfants. Le rythme est trépidant, aucune scène de transition, on passe d’un tour de force à un autre : la séquence de la salle des chaudières où échoue Chihiro, celle du “vénérable Putride » puis du “Sans-Visage”, les confrontations tendues entre Chihiro et la sorcière Yubaba (puis sa jumelle, Zeniba), la romance naissante avec un garçon-dragon... Un roller coaster émotionnel sans failles, un bestiaire fabuleux, un manifeste féministe, un récit initiatique à nul autre pareil. Le voyage de Chihiro est tout cela à la fois, un film d’une richesse inépuisable qui témoigne de la générosité de Miyazaki et de la place à part qu’occupe Ghibli dans notre imaginaire commun. 

Le voyage de Chihiro
Le studio Ghibli

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