Pour Willem Dafoe, les films plus audacieux ne se font pas pour les plateformes

En promo de Pauvres créatures, Willem Dafoe assume ses choix de carrière éclectiques.

A l’affiche de Pauvres créatures, le nouveau film de Yorgos Lanthimos, au cinéma le 17 janvier 2024, Willem Dafoe s’est longuement entretenu avec The Guardian. Il parle notamment de son mode de vie, proche des animaux et de sa petite ferme personnelle où cohabitent humains et alpagas. Plus occupé que jamais, comptabilisant plus de 150 films au cours de sa carrière, l’acteur de 68 ans a effectué une introspection lorsqu’il a été forcé de s’arrêter le temps de la grève historique du syndicat SAG-AFTRA.

“Quand quelque chose comme la grève se produit, je me réveille et je dis : ‘Écoute, bébé, tu dois réfléchir sur certaines de ces choses’, parce que sinon tu conduis à l’aveugle” déclare-t-il. Et son avis sur le Hollywood d’aujourd’hui et notre nouvelle façon de consommer des films est plus qu’intéressant : “Les gens regardent les films différemment aujourd’hui, à la maison, plutôt que d’aller dans les cinémas, qui ferment.”

“C’est tragique, car l’attention que les gens accordent à la maison n’est pas la même. Les films plus difficiles, les films plus audacieux ne peuvent pas faire aussi bien, quand vous n’avez pas un public vraiment attentif.” analyse-t-il. Il est vrai que les plateformes de streaming sont devenues autosuffisantes puisqu’elles peuvent désormais produire elles-mêmes leur catalogue, “le streaming devient un monopole, ils ont les moyens de produire et de distribuer” ajoute Willem Dafoe.

Plus que l’expérience de la salle, Willem Dafoe regrette le rituel en place autour de la sortie au cinéma : “La dimension sociale de la place des films dans le monde me manque. Tu vas voir un film, tu sors dîner, tu en parles plus tard, et ça se propage. Maintenant, les gens rentrent chez eux, ils disent : ‘Hé, chérie, regardons quelque chose de stupide ce soir’, et ils zappent et regardent cinq minutes de 10 films, et ils disent : ‘Oublie ça, allons nous coucher.’”

Cette évolution dans la consommation des films va de paire avec l’évolution de l’industrie elle-même : “Les studios ne font plus de films comme avant. Ils sont financés par des sociétés de jouets et d’autres entités, et ils deviennent le moyen de réaliser des films, car ils savent comment le faire.” déclare la star. Et même s’il précise qu’il ne connaît pas très bien la part commerciale de l’industrie, il reconnaît que cette transformation est due à un changement de profil.

“J’ai constaté qu’il y a une prolifération de gens moyens. Il n’y a plus de producteurs courageux comme avant. Il y en a des intelligents, mais vous n’avez plus le même genre de personnages qu’avant, qui vendraient leur maison pour faire un film et feraient des choses folles pour y arriver. Ils sont un peu plus difficiles à trouver."