Bayona cinéma
DR/Abaca

"Un des films que j’attends le plus, c’est le West Side Story de Steven Spielberg"

Et si notre éloignement forcé avec les salles de cinéma pouvait finalement se révéler bénéfique ? S’il montrait que rien ne remplacera jamais le bonheur unique de découvrir un film sur un grand écran au milieu d’inconnus, guidés par la même curiosité. C’est en tout cas ce que nous, à Première, croyons et défendons. Alors, on a eu envie d’interroger ceux qui font le cinéma au quotidien. Pour qu’ils nous racontent leur lien intime à la salle et nous expliquent pourquoi y retourner sera une priorité pour eux une fois ce cauchemar quelque peu dissipé. On commence avec le réalisateur Juan Antonio Bayona (The Impossible, L'Orphelinat, Quelques minutes après minuit…), alors que les salles rouvriront en France le 22 juin prochain.

Quelle est la meilleure raison de retourner au cinéma après le confinement ?
Juan Antonio Bayona : Le cinéma est une expérience émotionnelle. Je n’ai pas besoin de donner de raisons d’y retourner : ce que je ressens aujourd’hui, c’est un manque, le besoin impérieux de pénétrer à nouveau dans une salle de cinéma.

Qu’est-ce qui vous manque le plus en ce moment dans le fait de ne pas y aller ?
Ce qui me manque le plus, c’est le rituel : s’asseoir dans une salle obscure, entouré de personnes étrangères avec lesquelles je vais partager une émotion. Ce moment dans une salle, où tout est sur le point de commencer, est une expérience radicalement différente de ce qu’on peut vivre en regardant un film sur notre télévision. Il n’y a rien d’équivalent.

Quel film avez-vous le plus envie de voir en premier ?
Un des films que j’attends le plus, c’est le West Side Story de Steven Spielberg. Et si j’ai le choix d’une salle, je dirais le cinéma Aribau à Barcelone. Avec plus de 1000 sièges, c’est le dernier des grands palaces de ma ville. Il a ouvert en 1962 avec le West Side Story original. Et je ne vois pas de meilleur film ni de meilleur cinéma où le voir, une fois que cette crise sera derrière nous.

Dans quelle salle ?
Mon cinéma préféré, c’était le cinéma Urgell à Barcelone. Il n’existe plus. J’y allais lorsque j’étais enfant. Je m’y sentais comme le gamin de Radio Days de Woody Allen, quand il découvre le Radio City Music Hall.

Quel est votre plus beau souvenir de projection ?
Sans hésitation l’image de Christopher Reeve qui s’envole pour la première fois dans Superman. C’est mon premier souvenir de cinéma et plus généralement le premier souvenir de ma vie. J’ai vu le film au cinéma Urgell. J’avais 3 ans et je devais être assis très près de l’écran parce que je me souviens de Superman cadré en plan américain, alors qu’en réalité c’était un plan large !