Guide du 30 janvier 2019
UGC Distribution / Mars Films / Le Pacte

Ce qu’il faut voir cette semaine.

L’ÉVENEMENT

QU’EST-CE QU’ON A ENCORE FAIT AU BON DIEU ? ★★☆☆☆
De Philippe de Chauveron

L'essentiel
Les Verneuil et les Koffi sont de retour. Hélas ?

Près de cinq ans après le succès monstre de Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu ? et ses douze millions d’entrées, Philippe de Chauveron réunit de nouveau les Verneuil et les Koffi dans une suite dont les mécaniques n’ont pas bougé d’un poil. 
François Léger

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PREMIÈRE A ADORÉ

MINUSCULE 2 : LES MANDIBULES DU BOUT DU MONDE ★★★★☆
De Hélène Giraud et Thomas Szabo

Il y a cinq ans, presque jour pour jour (il est sorti le 29 janvier 2014), Minuscule – La Vallée des fourmis perduesdémontrait par l’excellence le savoir-faire hexagonal en matière d’animation 3D, et en particulier du studio Futurikon, émule émérite de Mac Guff Line, le studio français lié à Illumination Entertainment. En moins de 1 h 30, Thomas Szabo et Hélène Giraud livraient un fantastique récit d’aventures ancré dans les paysages réels du parc du Mercantour, raconté du point de vue d’insectes attachants, qui ringardisait brutalement tous les films à échelle réduite du même type, de Chérie, j’ai rétréci les gossesà Arthur et les Minimoys. Autant dire qu’une suite était attendue de patte ferme.
Christophe Narbonne

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SORRY TO BOTHER YOU ★★★★☆
De Boots Riley

Il s’en est fallu de peu. Sorry to bother you(« Désolé de vous déranger ») a bien failli ne jamais débarquer dans les salles françaises et finir anonymement dans le catalogue Netflix. Précédée d’un bouche-à-oreille et de critiques dithyrambiques de l’autre côté de l’Atlantique, cette petite œuvre indépendante et singulière, impossible à ranger dans une case (et donc à marketer) a mis sept mois à traverser l’Atlantique. C’est un film comme on en voit peu : plein comme un œuf, tour à tour hargneux, hilarant, subversif, maladroit, expérimental... fou.
François Léger

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PREMIÈRE A AIMÉ

SI BEALE STREET POUVAIT PARLER ★★★☆☆
De Barry Jenkins

Remis sous le feu des projecteurs avec le docu de Raoul Peck, I am not your Negro, l’écrivain américain James Baldwin n’avait jamais vu une de ses œuvres portée sur grand écran aux États-Unis, jusqu’à présent. C’est Barry Jenkins (Moonlight) qui s’attaque à ce Si Beale Street pouvait parler, déjà adapté au cinéma, mais à Marseille, par Robert Guédiguian (À la place du cœur). Jenkins, lui, replace le récit dans son contexte originel : les rues de Harlem au début des années 70.
Thierry Chèze

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LES ESTIVANTS ★★★☆☆
De Valeria Bruni Tedeschi

Valeria Bruni Tedeschi s’est créé, à la manière de Woody Allen, un double de cinéma où elle exacerbe ses névroses et ses défauts. Elle y met en scène, en apparence, les épisodes de sa vie. Ici, un divorce. Elle démarre d’ailleurs très fort avec une scène de rupture dans un café avant une présentation de projet au CNC devant un producteur médusé, imposant un rythme et un ton très original. Mais ça, on savait que la réalisatrice le maîtrisait sur le bout des doigts depuis Il est plus facile pour un chameau, son premier film, ou Actrices, le plus réussi. La vraie force des Estivantsest de dresser un parallèle entre la séparation que l’héroïne est en train de vivre et le quotidien d’une élite coupée des réalités. Empruntant le pitch des Estivants, pièce de Maxime Gorki, Valeria Bruni Tedeschi met en scène l’été d’une famille privilégiée dans une villa au bord de la mer. Comme chez Gorki, les individus sont des oisifs qui passent leurs journées à échanger sur le monde, à chanter ou à se baigner. Elle se plaît à brouiller les pistes, employant sa mère dans le rôle de sa mère ou faisant de son beau-frère, Nicolas Sarkozy, un patron de droite (que Pierre Arditi jubile à interpréter). C’est sa patte, et elle n’y renonce pas. Mais ce qui touche davantage, c’est le portrait des domestiques dont les rêves se heurtent à l’insensibilité de leurs patrons. Pris au piège de la situation, ils témoignent à leur manière de la fracture sociale. Servi par une distribution hors pair, Les Estivantsest une comédie politique d’un nouveau genre.
Sophie Benamon

SKATE KITCHEN 
★★★☆☆
De Crystal Moselle

Crystal Moselle a l’art de dénicher des bons sujets. En 2015, elle triomphait à Sundance avec Wolfpack. Portrait d’une fratrie vivant coupée du monde dans un appart new-yorkais et s’évadant par les films de cinéma qu’ils se passaient en boucle et rejouaient entre les quatre murs de leur « prison » familiale. Un documentaire, tellement dingue qu’on aurait pu croire à une fiction, né de sa rencontre fortuite dans la rue avec un des frères en question. C’est cette fois-ci dans un train que Crystal Moselle est tombée sur la bande au cœur de Skate Kitchen: de jeunes filles avec leurs planches dont les vifs échanges lui ont tout de suite donné envie de discuter avec elles, puis de les revoir, de les diriger dans un court, avant d’en faire les héroïnes de son premier long de fiction. La cinéaste nous entraîne dans le quotidien de ces skateuses qui se sont fait leur place sur les playgrounds malgré l’animosité des mecs teintée de mépris. Avec, comme fil rouge, le personnage de Camille, ado introvertie qui va réussir à intégrer cette bande, se libérer d’une mère maladroitement enveloppante, prendre conscience de sa féminité et se rapprocher dangereusement d’un garçon dont est éprise une des membres du crew. Skate Kitchenest un récit initiatique où on entend battre le cœur de la jeunesse. Crystal Moselle restitue l’énergie, l’enthousiasme comme la violence de ses héroïnes car toujours à bonne distance d’elles. Dans un rôle de passeuse qui n’en oublie pas pour autant de les mettre en scène avec une cinégénie ouatée.
Thierry Chèze

PEARL
★★★☆☆
De Elsa Amiel

Pearl est une athlète à la veille du jour le plus important de sa vie sportive : le concours de Miss Heaven, sorte de championnat du monde de bodybuilding féminin. Elle a sacrifiéàce seul objectif le reste de sa vie, dont son fils Joseph qu’elle n’a pas vu depuis quatre ans, et avec qui son ex-mari débarque juste avant la finale. Come Roschdy Zem avec le trop méconnu Bodybuilder, Elsa Amiel pose sa caméra dans un univers peu représentéau cinéma, pour y explorer la notion de féminité sous toutes ses formes : le rapport àla beauté, àla puissance physique du sexe indûment dit faible, ou àla maternité. Sa caméra détaille les corps avec une finesse infinie, entre fascination et répulsion. Àla manière du travail sur la masculinitéd’un Michaël Roskam dans Bullhead, Pearl dérange autant qu’il séduit. La preuve même qu’il est réussi.
Thierry Chèze

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PREMIÈRE A MOYENNEMENT AIMÉ

ULYSSE ET MONA ★★☆☆☆
De Sébastien Betbeder

C’est un choc entre deux personnages aux antipodes. Un artiste ombrageux vivant en ermite et ayant mis fin à sa carrière après avoir perdu foi en l’être humain, et une étudiante des Beaux-Arts qui rêve de devenir son assistante et de lui redonner goût à son art. Après plusieurs tentatives infructueuses, elle parvient à ses fins après l’avoir retrouvé inconscient sur un court de tennis. Elle va le pousser à se réconcilier avec son passé, tout particulièrement avec sa femme et son fils qu’il a abandonnés. Ce buddy movie arpente des chemins balisés, voire tire-larmes (la maladie de l’artiste), mais son ton décalé et poétique l’éloigne de toute mièvrerie. On en sort moins emballé que de l’un des précédents films de Sébastien Betbeder, 2 Automnes, 3 Hivers, parce que le récit a tendance à traîner en longueur et aurait gagné en intensité émotionnelle en moyen métrage.
Thierry Chèze

THE PLACE 
★★☆☆☆
De Paolo Genovese

L'Italien Paolo Genovese, auteur et réalisateur du juteux Perfetti Sconosciutti, objets de six remakes internationaux (Le Jeu, en France), est l’actuel golden boy du cinéma transalpin. Son nouveau film high concept est cette fois l’adaptation d’une série américaine méconnue, The Booth at the End. Il met en scène un homme mystérieux, toujours assis à la même table du même restaurant, que différentes personnes viennent consulter pour réaliser des vœux. En échange, il leur demande de commettre des choses plus ou moins horribles... Il n’y a pas grand-chose à comprendre à cet homme mystérieux (Dieu ? Le diable ?) car l’intérêt est ailleurs : dans les motivations de ces hommes et de ces femmes en plein conflit moral. Un peu trop répétitif et gentiment philosophique, le film parvient cependant par instants à susciter l’émotion.
Christophe Narbonne

 

PREMIÈRE N’A PAS AIMÉ

UN GRAND VOYAGE VERS LA NUIT ★☆☆☆☆
De Bi Gan

C’est beau. Très beau. Dès les premières images (une caméra virevolte autour d’un homme allongé dans une chambre), on reconnaît l’incroyable maîtrise plastique de Bi Gan et sa virtuosité filmique. Mais au bout de quelques minutes, on frise l’overdose. D’autant que l’histoire est réduite à pas grand-chose : un homme, sans doute un tueur, revient dans sa ville natale et cherche une femme qu’il a aimée il y a longtemps... Sur cette intrigue fumeuse et incompréhensible (mélangeant les lieux et les époques pour mieux nous perdre), le cinéaste chinois construit un délire psycho-poétique qui rappelle les errances de Lynch ou les folies de Wong Kar-Wai. Mais son désir d’étrangeté se heurte à un tel manque d’incarnation (et de vie), qu’on a l’impression de se retrouver face à un film dans une installation contemporaine. Le très long plan-séquence final, aussi époustouflant soit-il, finit d’assommer le spectateur.
Gaël Golhen

L’INTERVENTION 
★☆☆☆☆
De Fred Grivois

Le sujet est passionnant : l’intervention lors de la prise d’otages d’un bus scolaire en 1976 à Djibouti, encore colonie française, qui a posé les bases de la création du GIGN. L’ambition est évidente : mêler audacieusement film d’action et moments de vannes bravaches façon Les Morfalous. Mais à l’écran, rien de tout cela ne fonctionne. La faiblesse des dialogues et le flottement de la mise en scène (qui emploie au compte-gouttes, et jamais à bon escient, ralentis et split screen) empêchent de déployer la tension censée entourer un tel récit, à l’exception de sa bien tardive dernière ligne droite. Comme si Fred Grivois (La Résistance de l’air) ne parvenait jamais à trouver le ton juste pour embrasser ce sujet historique aux conséquences humaines encore douloureuses cinquante ans plus tard, ainsi que le révèle un carton final.
Thierry Chèze
 
L’AMOUR DEBOUT 
★☆☆☆☆
De Michaël Dacheux

Martin et Léa ont 25 ans. Ils se sont aimés, ont vécu ensemble leur première histoire d’amour… puis se sont séparés. Martin décide pourtant de retrouver Léa à Paris mais c’est bel et bien désormais séparés l’un de l’autre qu’ils vont construire leur vie d’adultes. Cette chronique amoureuse ne manque pas de charme. Celui d’un cinéma littéraire à l’ombre de la Nouvelle Vague et d’une cinéphilie s’exprimant quasiment à chaque plan. Avec comme symbole à ce geste, la présence dans son propre rôle de Françoise Lebrun, inoubliable interprète de La maman et la putain. Mais, par-delà des longueurs dommageables et une interprétation inégale, ce cinéma amoureux de celui des autres finit surtout par se noyer dans ce catalogue d’hommages et de références. Et il ne parvient réellement jamais à faire entendre sa propre voix singulière. Qui trop embrasse, parfois mal étreint…
Thierry Chèze

À CAUSE DES FILLES..? 
★☆☆☆☆
De Pascal Thomas

Une femme se fait planter le jour de son mariage -par Beigbeder, quelle idée. S’ensuit une série de quiproquos impliquant des proches de la non mariée et relative aux relations amoureuses... Vrai-faux film à sketches, le nouveau Pascal Thomas fait illusion le temps d’un segment avec José Garcia, bouleversant en mari trompé. Le reste oscille entre le ridicule et le ringard.
Christophe Narbonne

 

Et aussi
Don’t forget me de Ram Nehari
Fahavalo, Madagascar 1947 de Marie-Clémence Andriamonta-Paes
Le premier mouvement de l’immobile de Sebastiano d’Ayala Valva
Les éléphants perdus de Claude Andrieux
Malévoz d’Anne Theurillat
Trop belge pour toi de Pablo Muñoz Betbeder

 

Reprises

La grande aventure d’Arne Sucksdorff
Venez donc prendre le café... chez nous ! d’Alberto Lattuada