Still Water, beau comme du Miyazaki naturaliste
Haut et Court

A quoi ressemblerait Totoro sans les Yokaï, sans le glissement fantastique et ces nounours qui peuplent les bois ? A quoi pourrait bien ressembler le chef d’œuvre de Miyazaki si la gamine avait compris que sa mère allait mourir d’un cancer et qu’elle allait devoir apprendre à gérer ça toute seule ? Réponse : il ressemblerait à Still the Water. Nouvel opus cannois de Naomi Kawase, le film poursuit son exploration spectrale du japon et chante une fois de plus l’élégie d’une époque où l’homme et les Dieux cohabitaient harmonieusement (c’est le sens de l’ouverture, collage d’images poétique). C’est beau comme du Malick nippon (la nature qui s’éveille, la danse du soleil entre les doigts, tout ça tout ça), mais cette fois-ci avec un poil d’émotion supplémentaire, ce qui change beaucoup de choses…Objectivement, Still the Water raconte l’histoire de Kyoko, gamine dont la mère chamane est en train de mourir. Son petit ami Kaiko, gamin neurasthénique, découvre le même soir un cadavre dans la mer et les infidélités de sa maman… Mais symboliquement, le film caresse la difficulté pour l’homme de vivre avec la nature, avec l’idée de sa finitude et le secours que peut apporter l’imaginaire. Fine observatrice des rituels (on tue beaucoup de chèvres chez Kawase), la cinéaste embrasse les existences de ses personnages avec une infinie douceur, filme la mort comme un voyage magnifique et dénoue les histoires de familles, les filiations trouées et le passage à l’âge adulte. Surtout, elle capte comme personne l’averse, la vague qui se brise sur un rocher ou le souffle de la montagne, échos d’un temps enfui qui peuvent faire renaître l’espoir. "Le vent se lève... il faut tenter de vivre !"
G. G.

Still the Water sortira le 17 septembre. Voici sa bande-annonce :