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Rio 2 est à l'honneur au festival d'Annecy : le making-of de Carlos Saldanha

Bleu d'enfer

« Le problème de l?animation aujourd?hui, c?est que tout a l?air simple pour le spectateur. À moins de réaliser Avatar, personne ne remarque le travail titanesque que réclame ce genre de film. Rio 2, c?est trois ans de travail avec 300 personnes ! Un véritable marathon... Il faut en plus s?adapter à la technologie, qui évolue très vite, et aux exigences du public.Dans le cas présent, nous avons été obligés d?inventer de nouveaux logiciels pour tous les détails et surtout pour gérer les couleurs. Personne n?imagine que cela nous prend deux ou trois fois plus de temps que sur le premier Âge de glace, précisément parce que tout doit paraître encore plus simple, encore plus fluide. Pour faire bouger un arbre comme je le veux dans le fond d?un plan, ça peut me prendre deux mois. Sans rire... Sur ce film, le véritable enfer, ça a été les couleurs. Pour Rio, le travail avait surtout porté sur les textures, la ville et les ambiances. Là, j?avais envie que les couleurs éclatent, qu?on sente la luxuriance de la nature, sa palette extraordinaire, et pour ça, il a vraiment fallu y passer beaucoup de temps, faire évoluer nos programmes pour atteindre un niveau de perfection qui nous satisfasse. On pouvait passer des heures sur le rendu d?une plume ou d?une feuille. »

Rio 2 à l'honneur au festival d'Annecy

Sorti en avril dernier, Rio 2 a attiré près de 3 millions de spectateurs en France. Un joli succès qui est <strong>aujourd'hui rediffusé dans le cadre du festival d'Annecy, en plein air et gratuitement</strong>. Pour l'occasion, le réalisateur a fait le déplacement afin de rencontrer son public. En attendant de connaître les détails de sa masterclass événement, retour sur sa dernière interview pour le magazine <em>Première</em> :Il aura fallu trois ans à Carlos Saldanha pour imaginer une suite encore plus dingue aux aventures de Blu, cette fois-ci expatrié en Amazonie. Parties de foot en pleine brousse, body percussion et même clins d?oeil shakespeariens : pour <em>Première</em>, l?homme de Rio ouvre le livre de sa jungle.Propos recueillis par Gaël Golhen et Sylvestre Picard.<strong>Bande-annonce de <em>Rio 2</em></strong>Plus d'infos dans notre <strong>dossier spécial festival d'Annecy</strong>

Le retour de Blu

Dans <em>Rio 2</em>, Blu, qui a rencontré l?amour dans le précédent épisode, découvre qu?il n?est plus tout seul et qu?une colonie d?aras bleus vit tranquillement en Amazonie. Tranquillement ? C?est sans compter un gang de trafiquants contre lequel Perla, les marmots et lui vont devoir lutter, de même qu?ils devront affronter le terrible Hector, l?ennemi juré, toujours à leurs trousses. Après le succès du premier opus (près de 500 millions de dollars dans le monde), Carlos Saldanha et le studio Blue Sky se devaient forcément d?en remettre une couche, surtout au moment où le Brésil s?apprête à accueillir la Coupe du Monde de foot.

Ballon d’or

« Évidemment, les spectateurs vont se dire qu?on a imaginé la scène de foot en pensant à la Coupe du Monde. Mais il se trouve qu?on avait eu cette idée pour Rio et qu?on ne l?avait pas utilisée car ça ne s?intégrait pas du tout à l?histoire. Or je voulais absolument une séquence de ballon rond dans le film parce que c?est une composante essentielle de la culture brésilienne. »

ShakeSpeare im(possible) love

« Ce personnage de la petite grenouille, c?était juste pour accompagner Hector. On voulait qu?il ait un faire-valoir et on a pensé à cette rainette vénéneuse. Elle est amoureuse de lui mais cette passion est hélas impossible pour plein de raisons ? une grenouille qui attend un baiser et qui ne peut embrasser personne sous peine de donner la mort... On s?est bien amusés avec ce personnage qui détourne les codes. Le plus important, c?était qu?elle soit rejetée par la nature, comme lui, d?ailleurs. Et puis cette histoire d?amour impossible nourrissait notre arc shakespearien »

« Barbatucada »

« Je suis fan de Busby Berkeley et de Fred Astaire et j?ai toujours inclus des scènes de comédie musicale dans mes films, comme la séquence des vautours dans L?Âge de glace 2. Mais là, on a vraiment écrit le film autour des tableaux musicaux. D?abord parce que c?est compliqué d?évoquer le Brésil sans penser à la musique, mais surtout parce que j?avais l?impression que Rio 2 pouvait être l?occasion de réaliser mon rêve : tourner une comédie musicale. Je souhaitais quelque chose d?organique qui colle à l?histoire et à la réalité du pays, pas un truc à la Disney. On a vraiment bossé cette partie-là très en amont et changé les tonalités par rapport au premier film. Alors que Rio était très orienté samba, on a tenu cette fois à représenter tous les courants de la musique brésilienne, avec des parfums du Nordeste et de la musique traditionnelle amazonienne, tout en restant mainstream. C?était un équilibre difficile à trouver et le casting musical a été primordial. Impossible de faire le film sans notre gourou, Sérgio Mendes, et sans Carlinhos Brown ou Will.i.am, mais on a quand même accueilli quelques talentueux nouveaux comme Bruno Mars ou Janelle Monae, qui connaît bien cette musique et a écrit l?ouverture. Il y a par ailleurs les Barbatuques, un orchestre de body percussion qui mélange folklore et rap. Au fond, c?est l?ADN de <em>Rio</em> : rester authentique et populaire. »

« Cacatoesque »

« On a fini Rio un peu frustrés car Hector était l?un de mes personnages préférés. Et l?un des vrais plaisirs d?une suite est qu?on peut s?attacher à des protagonistes qu?on n?a pas eu le temps de développer. Du coup, j?ai pensé à faire revivre Hector, qui finit <em>Rio</em> quasiment mort, détruit et déplumé. Je voulais le faire revenir, mais pas seulement comme ressort comique. Il fallait aussi qu?on sente sa rage, son désir de vengeance, d?où le clin d?oeil shakespearien au début du film. L?idée des ailes cassées va dans le même sens : il souffre de son handicap et il commence Rio 2 enchaîné, comme un bonimenteur. C?était vraiment fun de le retravailler. Dans nos premières versions du script, son histoire était très développée ? trop, même ?, ce qui fait qu?on a dû couper pas mal de choses. On s?est laissés emporter par notre enthousiasme et il a fallu recadrer tout ça. En tout cas, j?ai une caisse d?idées pour un spinoff dédié à ce méchant. Et puis l?interprétation de Jemaine Clement est tellement géniale... »

Si tu ne vas pas à Rio

« Quand on s?est mis autour de la table pour imaginer Rio 2, la première chose qu?on s?est dite, c?était : ?Où va-t-on ?? Le grand défi du premier volet était Rio de Janeiro. Je voulais capter la vitalité de la ville, ses couleurs, son énergie. Là, on devait partir dans une direction différente. Et tout de suite, il a été évident que ce serait l?Amazonie dans toute sa diversité : ses traditions ethniques et musicales, son écosystème, ses oiseaux multicolores... La principale difficulté résidait dans le fait que réaliser un long métrage d?animation situé en pleine jungle nécessitait un travail de dingue sur les détails. Il a fallu qu?on se documente beaucoup et qu?on fasse progresser la technologie pour pouvoir traduire cela de manière satisfaisante. »

Le Parrain

« Andy Garcia double Eduardo, le père de Perla. Quand on a décidé d?agrandir la famille, on a cherché des acteurs qui seraient à la hauteur pour interpréter les nouveaux personnages. J?ai vite pensé à Andy et à Rita Moreno. Rita parce qu?elle a joué dans West Side Story, l?une de mes comédies musicales préférées, qu?elle a une voix sublime et un sens du timing parfait. Elle double la mère de Perla à merveille. Et Andy parce que c?est le patron. Il est chaleureux et cool, mais en un battement de cils, il devient intimidant. Parfois, sur le tournage, je me sentais comme Blu. Quand il grognait dans la cabine de doublage ou hurlait dans le micro, je me sentais mal et je quittais la salle. »

Sorti en avril dernier, Rio 2 a attiré près de 3 millions de spectateurs en France. Un joli succès qui est aujourd'hui rediffusé dans le cadre du festival d'Annecy, en plein air et gratuitement. Pour l'occasion, le réalisateur a fait le déplacement afin de rencontrer son public. En attendant de connaître les détails de sa masterclass événement, retour sur sa dernière interview pour le magazine Première :Il aura fallu trois ans à Carlos Saldanha pour imaginer une suite encore plus dingue aux aventures de Blu, cette fois-ci expatrié en Amazonie. Parties de foot en pleine brousse, body percussion et même clins d’oeil shakespeariens : pour Première, l’homme de Rio ouvre le livre de sa jungle.Propos recueillis par Gaël Golhen et Sylvestre Picard.Bande-annonce de Rio 2Plus d'infos dans notre dossier spécial festival d'Annecy