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Un trailer somptueux du prochain Scorsese vient d’être dévoilé.

Le prochain film de Martin Scorsese ne sort en France que le 8 février prochain, mais commence déjà à faire sérieusement saliver, après la mise en ligne d’une superbe bande-annonce, lyrique et tourmentée, et à quelques jours d’une projection-événement au Vatican. On fait le point sur ce qu’on sait, à ce stade, de cette odyssée dans le Japon du XVIIème siècle.

Splendide bande-annonce de Silence de Martin Scorsese

1 / C’est un film dont Scorsese rêve depuis bientôt 30 ans
A Hollywood, on appelle ça un « passion project ». Un film que son auteur porte en lui pendant des années, voire des décennies. Martin Scorsese en a quelques-uns sur son CV (La Dernière Tentation du Christ, Gangs of New York), d’autres qui restent à l’état de chimère (ses biopics de Dean Martin ou Frank Sinatra), mais Silence est sans doute son fantasme ultime de cinéma. Le réalisateur a découvert le livre de Shûsaku Endo (qui raconte le chemin de croix d’une poignée de jésuites portugais cherchant à coloniser le Japon en 1614) à la fin des années 80 (la légende dit qu’il l’a lu au Japon, alors qu’il faisait l’acteur dans Rêves, d’Akira Kurosawa), et en avait tout de suite acheté les droits. Le film est ensuite devenu un véritable serpent de mer, cité par Marty dans quasiment toute ses interviews, mais sans cesse repoussé. A une époque, Daniel Day-Lewis, Benicio Del Toro et Gael Garcia Bernal étaient pressentis pour les rôles principaux. Ce sont finalement Liam Neeson, Andrew Garfield et Adam Driver les têtes d’affiche de ce rêve devenu réalité.

2 / Le pape va (peut-être) voir le film en avant-première
Dans les prochains jours se tiendra à Rome l’une des séances de cinéma les plus extraordinaires de l’année. Au Vatican, en exclusivité mondiale, Martin Scorsese va présenter Silence, le film de sa vie, à une assemblée de 400 jésuites. Et il se murmure que le Pape François (lui-même jésuite) pourrait être dans la salle… Si on ne sait pas grand-chose des goûts cinématographiques du Pape (à part qu’il est fan de La Strada de Fellini, ce qui lui fait un point commun avec Scorsese), on se souvient qu’il y a deux ans, Angelina Jolie lui avait montré son Invincible.

3 / Scorsese l’a tourné gratuitement
Désireux de concrétiser son rêve, le génie italo-américain a accepté de tourner Silence pour rien, comme ça, à l’œil. D’un budget de 47 millions de dollars, le film était également tellement vital pour ses acteurs (des gens croisés, rappelons-le, dans des petits machins comme The Amazing Spider-Man, Le Réveil de la Force ou la saga Taken) qu’ils ont tous acceptés de revoir leurs salaires habituels à la baisse. Neeson dit par exemple avoir été payé « des clopinettes » (« a pittance ») dans le bel article-fleuve que le New York Times a consacré au film.

4 / Andrew Garfield a fait vœu de silence pendant sept jours
A l’époque de Raging Bull, De Niro apprenait à boxer et s’empiffrait de pâtes pour prendre les 30 kilos supplémentaires que réclamait le rôle de Jake LaMotta. Aussi stanislavskien que son aîné, Andrew Garfield a pris très à cœur son rôle de serviteur de Dieu dont la foi est mise à l’épreuve, passant plus d’un an à étudier le jésuitisme, s’immergeant notamment dans les Exercices Spirituels de Ignace de Loyola, avant de partir pour une semaine de méditation silencieuse dans une retraite du Pays de Galles.

 
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5 / Adam Driver a perdu 20 kilos pour son rôle
Aussi motivé que son partenaire Garfield, Adam Driver a lui perdu 20 kilos pour le rôle, lors d’un régime de quatre mois et demi supervisé par un coach. L’acteur raconte que, lors du tournage de sa dernière scène, la faim le faisait halluciner. Depuis Taïwan, où l’essentiel du tournage de Silence a eu lieu, il s’est ensuite envolé pour New York, où il s’est remis à bosser sur la série Girls tout en s’envoyant des « triple breakfasts ».

6 / Le film est produit par le producteur des Affranchis et de Raging Bull, et c’est un très bon signe
Au générique de Silence, on retrouve les usual suspects scorsesiens : la fidèle Thelma Schoonmaker au montage, le vieux copain Jay Cocks au scénario (ex-critique de cinéma, c’est lui qui a signé les scripts du Temps de l’innocence et de Gangs of New York), le vétéran Dante Ferreti à nouveau convoqué en tant que production designer, Rodrigo Prieto (nouveau chef op’ chouchou de Scorsese) à la photo… Mais la vraie bonne nouvelle, c’est que le film est produit par le légendaire Irwin Winkler. L’homme n’a accolé son nom qu’à quatre Scorsese dans sa vie, mais pas n’importe lesquels : New York New York, Raging Bull, Les Affranchis, Le Loup de Wall Street. Presque un greatest hits de Marty. Sa présence au générique de Silence est donc de très très bon augure…

7 / Le roman de Shûsaku Endo a déjà été porté à l’écran
C'était en 1971, dans un film de Masahiro Shinoda déjà intitulé Silence (en VO : Chinmoku), qui avait été sélectionné en compétition au Festival de Cannes 72 et qui témoignait de la grande popularité du roman d’Endo, vendu à l’époque à 800 000 exemplaires sur le territoire japonais. Graham Greene l’avait salué comme « l’un des meilleurs romans de notre temps. » Une très saine lecture pour patienter jusqu’au 8 février.