Après Impardonnables présenté à la Quinzaine des réalisateurs en 2011, André Téchiné revient sur la Croisette hors compétition avec L'homme qu'on aimait trop, ajouté au dernier moment à la Sélection. Même ambiance entre les bandes-annonces. Deux histoires de disparition, de soupçons et de manipulation mais avec un autre trio d'acteurs :  André Dussollier, Mélanie Thierry et Carole Bouquet (membre du jury cannois cette année) laissent la place à Catherine Deneuve, Guillaume Canet et Adèle Haenel. Et la fiction laisse la place au fait divers : le dernier film d'André Téchiné s'inspire de la mystérieuse affaire Agnès Le Roux toujours pas résolue 30 ans après.L'intrigue du film se déroule en 1976 à Nice autour d'Agnès Le Roux incarnée par Adèle Haenel, la fille de la propriétaire du Palais de la Méditerranée, qui tombe amoureuse d'un avocat volage et manipulateur, Guillaume Canet dans la peau de Maurice Agnelet. Sa disparition le 26 octobre 1977 a pour toile de fond les guerres de casino et déclenchera une bataille judiciaire menée par sa mère (Catherine Deneuve) pour inculper Maurice Agnelet. Le début de la bande-annonce pose le contexte : coupures de presse, palais de justice et voix-off de Catherine Deneuve en mère courage grisonnante qui n'abandonne pas le combat contre "l'assassin de son fils". Retour en arrière, trente ans plus tôt : le casino en ébullition, la mère dans toute sa splendeur et la rencontre entre Maurice Agnelet et Agnès Le Roux. Ca commence comme une banale histoire d'amour, musique légère à la clé, avec un Guillaume Canet séducteur et doux comme un agneau et le premier sourire conquis de la belle. Mais dès que l'argent, les questions d'héritage et le nom de Fratoni, directeur d'un autre casino trempant dans la mafia qui souhaite s'emparer de celui des Le Roux, entrent en scène, l'ambiance change. La tension se fait de plus en plus palpable et l'étau se resserre autour des personnages.  La scène clé où Agnès Le Roux refuse de voter pour sa mère est le moment de basculement.  La jeune femme plonge dans le malheur, trompée et manipulée par Agnelet. Plutôt étrange de voir Adèle Haenel d'allure solide dans la peau d'un personnage qui flanche. Rien à voir avec le reste de sa filmographie. C'était elle la manipulatrice dans Naissance des pieuvres de Céline Sciamma (à Cannes pour Bande de filles dans la catégorie Un certain regard) et la soeur courageuse dans Suzanne de Katell Quillevéré qui lui a valu un César. Contraste encore plus flagrant avec son rôle dans Les combattants, autre film qu'elle présente à Cannes à la Quinzaine, où elle incarne une dure à cuire, vrai bloc de muscles qui s'engage dans l'armée. L'actrice qui monte est à bien surveiller. Mettre en scène une affaire aux multiples rebondissements juridiques, sans véritable réponse sur la culpabilité d'Agnelet faute de preuves, jonglant avec les différentes versions qui n'ont cessé de changer pendant la fabrication du film et encore maintenant du fait de nouveaux procès est un véritable challenge pour André Téchiné. Parviendra-t-il à relever le défi? Réponse sur la Croisette où le film est projeté aujourd'hui et en salles à partir du 16 juillet.