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Comme on n'a pas souvent l'occasion de rire en compétition officielle, c'est à la Quinzaine qu'il faut aller pour s'amuser. Hier soir, le programme annonçait Yakuza Apocalypse, un film récent de Takashi Miike, l'homme qui tourne plus vite qu'on ne peut voir ses films. Lorsque Edouard Waintrop, directeur de la Quinzaine des réalisateurs, est venu présenter la séance, il a regretté que le metteur en scène n'ait pas pu le faire en personne parce qu'il était retenu sur le tournage de son prochain. "Mais", a précisé Waintrop, "s'il est absent, il est quand même un peu là, vous verrez ".En finir avec violence...Effectivement. Juste après les logos officiels, Miike est apparu à l'image, dans un petit clip tourné spécialement à l'intention des festivaliers. Une ombrelle à la main, vêtu d'un kimono fleuri, le visage couvert d'une épaisse couche de fond de teint blanc et de rouge à lèvre, il s'est adressé à la caméra pour dire à peu près ceci: " Bonjour, je suis désolé de ne pas être à Cannes avec vous, mais comme vous le voyez, je suis en train de me transformer en geisha. Demain, je me fais siliconer, alors profitez bien de ce film. Après, j'en aurai fini avec la violence, et je ne ferai plus que des films d'amour et d'amitié !"... mais pas tout de suiteDe quoi parle Gokudou Daisenso ? Comme son titre ne l'indique pas vraiment ("la grande guerre des yakusas") c'est une farce délirante, mélange de plusieurs genres qui fait s'affronter des yakuzas, des vampires, des grands monstres, et même un yokai (ces monstres bizarres, que Miike avait revisités dans Yokai Daisenso). En gros, un chef yakusa local est réputé invincible jusqu'à ce qu'il tombe dans une embuscade tendue par un homme en noir portant un cercueil sur son dos (référence à Django, que Miike avait parodié dans Sukiyaki Western Django) associé à Yayan Ruhian, le Mad dog de The Raid, dans son propre rôle. A l'issue du combat, le chef perd littéralement la tête, mais avant de mourir, il mord son jeune et fidèle lieutenant, qui devient un vampire invincible. Mais son apprentissage de l'immortalité l'amène à commettre des maladresses qui provoquent une série de catastrophes trop nombreuses et nonsensiques pour être détaillées. Miike parodie tout ce qu'il peut, y compris lui-même, avec une frénésie démente qui serait vaine si, au bout du compte, on ne s'amusait pas autant.Gérard DelormeYakuza Apocalypse de Takashi Miike était présenté à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes.