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Claire Keim est actrice depuis vingt ans. Mais elle est aussi une femme engagée dans la protection de l’environnement, et une chanteuse émérite qui s’apprête à partir en tournée avec son premier album Où il pleuvra. Elle raconte à Premiere.fr ses passions, ses combats et ses choix. Interview !Votre premier album Où il pleuvra rencontre un large succès. Comment vivez-vous cette aventure ?C’est quand même incroyable d’avoir écrit des chansons avec son cœur et de les entendre en radio. C’est fou de réussir à faire ce qu’on aime et que les gens voient notre travail. J’ai vécu une année chargée d’émotions, dans les deux sens, car c’est fragilisant d’être exposée à la critique, mais en même temps c’est un vrai bonheur. Cela a été très enrichissant aussi, car je ne me pensais pas aussi solide et susceptible par exemple. Cela se passe tellement bien avec ce disque qu’on m’a même demandé de commencer à réfléchir à un deuxième album. Je travaille déjà dessus. C’est génial, c’est de l’ordre du conte de fées de pouvoir faire tout ce que j’aime : la comédie, la musique, l’écologie… J’espère juste que ma fille ne pâtit pas de mon emploi du temps surchargé.Pourquoi avoir mis autant de temps avant de sortir un disque ?Je ne ressentais pas de frustration jusqu’à maintenant, je chantais avec mes amis et ça m’allait. Puis un jour je me suis dit que je voulais mettre ma pierre à l’édifice. Et puis j’avais écrit certains textes depuis longtemps, et bien qu’ils soient un peu périmés maintenant, j’avais besoin d’extérioriser certaines choses sur ma vie.Elisa Tovati, Mélanie Laurent, Irène Jacob… Les actrices sont nombreuses à chanter. Vous n’aviez pas peur de la critique avant de vous lancer ?Toutes les actrices qui chantent sont pénalisées. Mais mon projet n’est pas une lubie, et j’espère que les gens voient qu’il y a eu du boulot derrière mon album, qu’il n’est pas juste le fruit d’un caprice d’actrice. Je joue du piano depuis que j’ai sept ans. J’aime beaucoup d’actrices-chanteuses, mais parfois, chanter peu décrédibiliser une actrice.  Si ce n’est pas sa passion depuis longtemps et qu’on la laisse faire, c’est qu’elle est mal entourée, et ça me fait de la peine de voir ça.Une tournée est-elle prévue ?Ma tournée commence le 11 octobre dans le nord est à Haguenau. Je n’aurai donc plus de tournage avant 2012 pour privilégier la musique et la scène en cette fin d’année. Ce qu’on fait sur scène est différent de l’album, c’est un peu plus rock et déjanté, il y a du gros son. Ca me fait du bien. J’espère que les gens qui aiment mes chansons ne seront pas trop déroutés.C’est cette ambiance plus rock qui vous a incitée à vous couper les cheveux courts ?J’ai coupé mes cheveux il y a deux mois avant de partir en Amazonie (Claire Keim a tourné cet été pour France 2 une fiction du réel baptisée Samba et dirigée par Gilles de Maistre au Brésil, ndlr) car ils étaient abimés, tout moches. Le problème c’est que je ne sais pas me coiffer. Pour ma première apparition publique avec cette coupe au festival de la Rochelle, j'étais en retard donc je suis vite passée chez un coiffeur. Mais ce qu'il m'a fait ne m’allait pas du tout. Ca y est maintenant je sais à peu près quoi en faire. Et même si je sais que je les recouperai, car je suis une fille, je n’y peux rien, je regrette un peu de les avoir coupés. Je ne les ai jamais eus si courts ! Qu’en pense votre fille ?Elle aime bien car on a la même coupe de cheveux maintenant ! Et puis je pourrais arriver n’importe comment, même au levé du lit à 6h du matin, elle me dirait toujours : "Maman tu es belle."Votre premier single Ca dépend parle d’un coup de foudre. Reflète-t-il une part de vécu avec votre compagnon Bixente Lizarazu ?Non, car Ca dépend est la seule chanson de l’album qui n’est pas de moi. C’est Ours qui l’a écrite. Et puis je ne parle plus de mon chéri, je me suis faite piégée trop souvent. Ma vie va mieux quand je n’en parle pas. Et si ça marche bien entre nous, c’est justement parce qu’on ne parle pas de nous. Au début, je racontais mes entrailles en interview. Avec le temps, j’ai appris à savoir fermer à clef.Dans Mes silences, vous vous décrivez comme une fille qui communique par les gestes plus que par la parole. Etes-vous vraiment comme ça ?Je mens beaucoup dans mes chansons, sinon, cela me serait impossible d’écrire un album entier. Je suis au contraire quelqu’un qui parle énormément, j’aime mettre les choses au clair. Comme dans mes films, c’est agréable d’interpréter la fille un peu farouche que je ne pense pas être. En vrai, j,'adore la suractivité. Dès que je ne fais rien je ne vais pas bien.Côté fiction, Bienvenue aux Edelweiss cartonne sur TF1, on vous attend bientôt sur France 2 dans la comédie musicale Blanche-Neige et le téléfilm Samba. Tourner pour la télé, ça vous éclate ?Heureusement qu’elle est là la télé ! Ca fait dix ans que j’y travaille. Bien sûr que j’adorerais refaire du cinéma. J’ai eu la chance de commencer au cinéma (dans Au petit Marguery de Laurent Bénégui et La Belle Verte de Coline Serreau, ndlr), mais ce n’est pas une fin en soi. Les personnages les plus intéressants qui m’ont été proposés étaient à la télévision. Et voir qu’un téléfilm parvient à rassembler 10 millions de téléspectateurs en un soir, alors qu’un carton sur grand écran atteint environ les 5 millions d’entrées en plusieurs fois, ça calme ma frustration de ne plus faire de cinéma. Pour être franche je n’ai pas eu énormément de propositions au cinéma dernièrement, deux ou trois, car la télé nous coupe de ce monde qui recherche des personnes plus élitistes. Mais les rôles n’étaient pas bien, ou en tout cas pas aussi complets que ceux qui m’ont été offerts par la télé. Je marche d’abord au coup de cœur.Et le théâtre ? On ne vous a pas vue sur les planches depuis trois ans.Comme je n’habite plus Paris, c’est devenu compliqué de venir jouer dans la capitale. J’ai un enfant qui va à l’école. Je n’ai pas envie de laisser ma fille. Je dois faire attention à elle, être là pour elle.Vous êtes la marraine des 5èmes Trophées du tourisme responsable organisés par Voyages-sncf.com. En quoi ce rôle était-il important pour vous ?Participer à cet événement était assez cohérent par rapport à ce que j’essaie de défendre. J’aime l’écologie lorsqu’elle s’inscrit dans un combat quotidien, c’était déjà le message de mon émission Passage au vert sur Ushuaïa TV. En soutenant certaines actions locales, les Trophées du tourisme apportent une toute petite pierre à l’édifice du développement durable. En être la marraine m’a permis de rencontrer des gens qui ont de vraies convictions et qui se battent. C’est bien de leur montrer que leur combat est important. Cela prouve aussi qu’il y a beaucoup de façons d’agir pour la planète. Je respecte les politiques qui s’engagent dans l’écologie, bien que le Grenelle de l’environnement se soit vidé de son contenu, et que les discours des écologistes ont tendance à fatiguer les gens. Mais nous devons tous prendre conscience que nous avons aussi le pouvoir, à notre échelle, de faire bouger les choses. L’homme doit arrêter de croire qu’il va pouvoir tirer seul son épingle du jeu. Il ne faut plus rivaliser avec la nature mais simplement la respecter. Le développement durable, ce n’est que du bon sens. C’est faire des choix dans notre façon de consommer tout en continuant à se faire plaisir.Quels sont vos petits gestes écolo ?Je prends encore l’avion trop souvent malheureusement, parce que j’habite au Pays basque et que pour mes déplacements professionnels le train n’est pas toujours assez rapide. Mais cela fait tout de même six ans que je ne suis pas partie de France pour les vacances – sauf cet été pour me rendre en Amazonie, mais c’était pour un tournage -. Quand je fais les boutiques, j’essaie de me faire violence, en évitant par exemple d’acheter dix petits hauts pas chers pour privilégier une belle pièce faite par un jeune créateur. J’arrête l’huile de palme aussi, même si ça fait du bien à mes cheveux, parce que c’est mauvais pour la planète.A table, que mangez-vous ?J’ai été déçue par le bio, car les produits viennent souvent de l’autre bout de la planète. Je suis plus pour les produits locaux. J’ai la chance de vivre sur la Côte Basque car je suis moins tentée par la surconsommation. Je vais chez mes petits commerçants. J’achète mes fruits et légumes pas loin de chez moi, chez des producteurs. Et je n’utilise jamais de sac plastique ! Je suis une grande carnivore. Comme ce n’est pas bien, mon super boucher que j’adore me conseille, pour que je mange moins de viande mais de la bonne. Finalement le développement durable ne va que vers du mieux vivre.Depuis quand faites-vous attention à la planète ?Depuis toujours je pense, car je suis née à la campagne. Je n’avais pas de télévision et le mari de ma nourrice était apiculteur. Il m’a appris toute petite à récolter le miel. Donc même si je ne suis pas une puriste, je consomme des tas de produits frais et du terroir.Votre terre d’accueil, le Pays basque, est aussi le pays du rugby. Avec un compagnon footballeur, j’imagine que vous suivez la coupe du monde en Nouvelle-Zélande ?De loin, car je n’ai pas le temps de regarder la télévision, et ce n’est pas bien pour ma fille. Ca m’intéresse, car j’adore le rugby, surtout pour les valeurs que ce sport défend. Le Haka des All Blacks incarne bien la terre qui vibre, c’est très beau. Mais j’ai aussi du mal à ne pas tourner la tête pendant un match car il m’arrive d’être profondément choquée par la violence de ce sport. Avoir le droit de se mettre autant sur la gueule, c’est presque archaïque. Ce sont des guerriers, des gladiateurs.Camille Dubois