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Nancy Allen : qu'est devenue la muse de Brian de Palma ?

Nancy Allen dans "Pulsions", en 1980.

Nancy Allen dans "Blow Out", en 1981.

Nancy Allen dans "Blow Out", en 1981.

Nancy Allen en 2003, lors d'une de ses dernières apparitions publiques.

Nancy Allen en 2003, lors d'une de ses dernières apparitions publiques.

Nancy Allen dans "Carrie au Bal du Diable", en 1975.

Nancy Allen dans "Carrie au Bal du Diable", en 1975.

Nancy Allen dans "Carrie au Bal du Diable", en 1975.

Nancy Allen dans "Carrie au Bal du Diable", en 1975.

Nancy Allen dans "Carrie au Bal du Diable", en 1975.

Nancy Allen dans "Carrie au Bal du Diable", en 1975.

Nancy Allen dans "Pulsions", en 1980.

Nancy Allen dans "Pulsions", en 1980.

Nancy Allen dans "Blow Out", en 1981.

Nancy Allen dans "Pulsions", en 1980.

L'actrice qui a tourné dans les meilleurs de Palma, de Pulsions à Blow Out en passant par Carrie, est devenue culte. Où en est-elle aujourd'hui ?

Il existe de nombreux artistes qui connaissent un immense succès pendant une courte période. Ce succès peut se caractériser par exemple par quelques films qui ont triomphé à une certaine époque, une couverture médiatique énorme à un moment donné, ou un Oscar de la meilleure actrice pour un rôle isolé. Et puis soudain, plus rien (ou presque), ces artistes tombent subitement dans l'oubli et l'anonymat aussi vite qu'ils ont attiré la lumière. Ils disparaissent de l'écran radar sans rien laisser d'autres que des souvenirs plein la tête, des souvenirs nostalgiques de cinéphiles.

Parfois dû à un retrait choisi, tout simplement pour changer de vie, élever des enfants, ou évoluer vers d'autres sphères. Ou à l'opposé, ce retrait peut être provoqué à cause du vieillissement, du temps qui passe, et donc, du manque d'intérêt des studios et des productions. Ces disparitions soudaines sont d'autant plus surprenantes qu'elles se développent d'une façon exponentielle avec le temps. En effet, aujourd'hui, combien de Mary Elizabeth Mastrantonio, de Meg Ryan, ou de Rebecca de Mornay presque oubliées pour une Meryl Streep toujours au sommet ? Une carrière est un travail de longue haleine, un investissement perpétuel. Et il faut compter sur une bonne dose de chance aussi.

A travers cette rubrique baptisée "Mais qu'est devenu(e)... ?", nous vous proposons régulièrement de vous replonger dans une époque, une période, une filmographie, une histoire. Celle d'un comédien ou d'une actrice qui aura marqué le septième art de son empreinte avant de disparaître aussi vite qu'il ou qu'elle était venu(e).

Mais qu'est devenue... Nancy Allen ?

Actrice sensuelle à la moue boudeuse, véritable pin-up des années 70, Nancy Allen aura marqué cette époque en participant de très près à l'une des périodes les plus créatives et prolifiques de l’œuvre du brillant Brian de Palma, campant plusieurs rôles de prostituées dans des films devenus cultes et s'imposant pour toujours dans l'inconscient collectif des cinéphiles, ne serait-ce que pour son ultime cri dans l'épilogue paroxysmique du formidable Blow Out.

La carrière de Nancy Allen débute dès 1973 avec un tout petit rôle dans La Dernière Corvée, l'excellent film de Hal Ashby avec Jack Nicholson. Cette première expérience devant la caméra dans un film aussi ambitieux la motive à poursuivre dans cette voie et Nancy court alors les castings et les soirées hollywoodiennes en cette époque révolutionnaire dans l'industrie, durant laquelle l'Âge d'Or des studios est en train de s'éteindre et qui voit naître de nouvelles façons - plus indépendantes - de faire des films et une génération de cinéastes exceptionnels.
Durant cette période de la première moitié des années 70, la jeune femme de 25 ans, peu farouche, fréquente ainsi les cercles du Nouvel Hollywood, et notamment les réalisateurs Brian de Palma et George Lucas, ainsi que les acteurs John Travolta, Amy Irving, Margot Kidder et Carrie Fisher.

C'est donc tout naturellement qu'elle participe en 1974 à un grand casting organisé par George et Brian qui cherchent plusieurs jeunes acteurs pour jouer respectivement dans La Guerre des Étoiles (un film de science-fiction que prépare Lucas) et Carrie au Bal du Diable (l'adaptation du roman horrifique de Stephen King sur laquelle planche de Palma).
Les deux cinéastes rencontrent alors pendant des mois tout ce que Hollywood compte de jeunes acteurs et actrices. Et si les deux hommes se battent pour tel ou tel acteur qu'ils ont casté tous les deux, et s'adonnent à un véritable jeu de chaises musicales dans leurs castings respectifs, ils finissent par s'entendre : George enrôle Mark Hamill, Harrison Ford et Carrie Fisher, alors que Brian s'octroie Sissy Spacek, Amy Irving, John Travolta et Nancy Allen.
Cette dernière souhaite plus que tout incarner Carrie, mais de Palma juge qu'avec son physique sulfureux et provocant, féminin et sexy, elle ne peut que jouer la peste de la bande - Chris Hargensen -, celle-là-même que l'on découvre nue dans les vestiaires lors du formidable prologue "menstruel", et qui initiera la colère finale de Carrie en la recouvrant de sang de cochon lors du bal de promo.
Le film sort en 1975 et devient vite culte. Conséquence immédiate : la jeune garde du casting a aussitôt le vent en poupe, d'autant plus pour la charmante Nancy dont Brian de Palma est tombé sous le charme durant le tournage et avec qui il débute une relation amoureuse (ils se marient en 1979) et professionnelle qui va les faire collaborer sur de futurs chefs-d’œuvre.

Ainsi, après la comédie 1941 de Steven Spielberg (1979), Nancy retrouve son mari Brian de Palma pour Home Movies (1980), mais surtout pour le thriller Pulsions, exaltante œuvre hitchcockienne inspirée de Psychose, qui voit le film adopté la même construction que son modèle : une femme que l'on considère comme l'héroïne du film (Angie Dickinson) se fait tuer au bout d'une demi-heure, démarre alors une autre histoire qui voit le fils de la victime (Keith Gordon) enquêter sur le mystérieux psychiatre de sa défunte mère (Michael Caine), aidé par une prostituée témoin du crime (Nancy Allen, nommée aux Golden Globe Awards pour ce rôle en 1980).

Après Pulsions et son hommage à Alfred Hitchcock (pour qui Brian de Palma voue une fascination sans borne), le réalisateur américain s'inspire du Blow Up de Michelangelo Antonioni et remplace la vue par l'ouïe, les images par le son, l'appareil photo par le micro, pour son thriller suivant : Blow Out.
Ce film qui reste comme l'un des plus aboutis de de Palma (et l'un des films préférés de Quentin Tarantino), voit un preneur de son incarné par John Travolta enregistrer par hasard un accident de la route dont les victimes sont un homme politique et une prostituée (Nancy Allen). Si cette dernière s'en sort indemne, ce n'est pas le cas du sénateur qui trouve la mort. Rapidement, en analysant la bande-son enregistrée lors de l'accident, l'ingénieur du son va s'apercevoir que cet évènement cache en fait une autre réalité.
Avec sa mise en scène inspirée, ses acteurs au sommet et surtout, son épilogue démentiel, Blow Out impose un peu plus ses trois protagonistes - Travolta, Allen et de Palma - au sommet d'Hollywood.

Deux ans après la sortie de Blow Out, Brian de Palma tourne Scarface avec Al Pacino. La pression et le stress de ce tournage en Floride, et la déception de Nancy de ne pas avoir obtenu le rôle de Elvira (finalement tenu par Michelle Pfeiffer) ont raison de l'entente du couple, qui divorce en 1984.
C'est alors le début d'une petite traversée du désert pour la charmante Nancy, réputée pour ses scènes sulfureuses et ses apparitions dénudées, qui va enchaîner quelques petits rôles à la télévision et au cinéma (Philadelphia Experiment) dans des productions de genre, avant que le cinéaste hollandais Paul Verhoeven ne fasse appel à elle pour incarner la partenaire de Robocop, en 1987.

Malgré le succès du film (qui connaîtra deux suites auxquelles participera Nancy), la carrière de l'actrice est déjà sur le déclin et sa rupture avec Brian de Palma qu'elle imaginait comme un divorce personnel, aura signé avec le recul le début de la fin pour la charmante comédienne.
Entre quelques Robocop et une poignée de téléfilms, Nancy va jouer pendant une vingtaine d'années dans des productions sans trop d'ambition, et même le petit rôle qu'elle campe dans l'excellent Hors d'Atteinte de Steven Soderbergh en 1998 ne changera rien à la donne.

En 2003, après deux nouveaux mariages/divorces et deux décennies à tourner dans le vide et à courir après des productions majeures dignes de ses débuts "de palmiens", Nancy décide de prendre du recul et de s’éloigner des plateaux.
Depuis plus d'une dizaine d'années, l'actrice ingénue et provocante à l'éternelle moue boudeuse n'a pas remis les pieds sur un plateau. Il y a six ans, Nancy Allen est devenue directrice d'une organisation de lutte contre le cancer, le weSPARK Cancer Support Center, et a définitivement coupé les ponts avec Hollywood, ne se consacrant aujourd'hui, à l'âge de 65 ans, qu'à la lutte contre la maladie.