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"Dès le départ, je savais que j'étais baisée !"

Elle vient de signer un contrat massif. Elle devient l'actrice la mieux payée de la télé américaine (dans un drama), à 575 000 par épisode, pour les deux prochaines saisons de Grey's Anatomy. Et Ellen Pompeo n'a pas l'intention de s'excuser d'avoir négocié ce deal en or massif, après 14 années à souffrir dans la série médicale.

"JE NE VOULAIS PAS ÊTRE COINCÉE DANS UNE SÉRIE MÉDICALE"

Car oui, en lisant entre les lignes, on comprend que la comédienne de 48 ans a souffert, depuis une décennie, dans la peau de Meredith Grey. Cette fille de Boston, qui a grandi dans un quartier défavorisé, et qui a perdu sa mère des suites d'une overdose à l'âge de 5 ans, avait envie de faire du cinéma, lorsqu'elle est arrivée à Hollywood. Et dans une longue interview confession au Hollywood Reporter, elle balance tout et explique qu'elle n'avait pas du tout envie de faire Grey's Anatomy.

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Elle se souvient qu'en 2004, alors que sa carrière stagne totalement, après un petit hit sur grand écran (en 2002 dans le film Moonlight Mile de Brad Silberling, avec Jake Gyllenhaal, Dustin Hoffman et Susan Sarandon), son agent lui demande de passer le casting du nouveau show en blouses blanches, développé par ABC. "Je lui ai dit que je n'avais aucune envie de me retrouver coincée dans une série médicale pendant 5 ans ! T'es cinglé ou quoi ? Je suis une actrice !" Mais pour payer le loyer, Ellen Pompeo passe l'audition. Elle est prise. Et au printemps 2005, Grey's Anatomy est lancée. C'est un énorme succès : "Là, je savais que j'étais baisée !", confesse-t-elle.

"JE ME SUIS MISE À MAL ME COMPORTER"

Car Pompeo rêvait de grand écran. De cinéma. De cinéastes. "Sam Mendes, Steven Spielberg, Warren Beatty. Ils étaient tous impressionnés par ma performance (dans Moonlight Mile). Ils me disaient que j'étais une superstar en puissance." Mais pas de 7e art pour l'actrice, qui allait devoir se contenter d'une carrière à la télévision.

Un changement de cap qu'elle a visiblement assez mal vécu, d'autant que l'ambiance sur le plateau n'a pas toujours été au beau fixe : "Ce n'est un secret pour personne que nous avons eu de vrais problèmes sur Grey's Anatomy, pendant longtemps. Nous avions beaucoup de succès, mais il y avait tout ce tumulte entre nous, à cause des rivalités et de la compétition... Cela commence avec des acteurs qui se comportent mal. Puis les producteurs qui les autorisent à se comporter ainsi.  Et je suis coupable aussi. Je me suis dis : 'Ok, ça marche comme ça, alors je me suis mise à mal me comporter aussi.'

"LE STUDIO A UTILISÉ PATRICK DEMPSEY COMME LEVIER CONTRE MOI"

Pour Ellen Pompeo, cela s'explique facilement, par le fait que les comédiens de séries télé se sentent "frustrés, créativement. Alors ils s'énervent. Ils se comportent mal, parce qu'ils se sentent nuls de ne pas être Leonardo DiCaprio ou Margot Robbie."

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Dans la suite de ses propos, l'actrice évoque ainsi sa relation compliquée avec Patrick Dempsey. Si elle ne rentre pas dans les détails de leur rivalité, on sent bien que, contrairement à Meredith et Derek, ça n'a jamais été le grand amour entre eux :

"Pour moi, le départ de Patrick [Dempsey] a été un moment décisif, sur le plan des affaires. Le studio a utilisé Patrick comme levier contre moi, pendant des années, en disant : 'Nous n'avons pas besoin de vous, nous avons Patrick'. Peut-être qu'ils se sont permis ça, parce que Patrick et moi n'avons jamais discuté de nos deals respectifs. Souvent, j'ai cherché à m'unir à lui pour qu'on négocie ensemble (ce qui se fait très souvent quand plusieurs stars d'un même statut dans une série, renégocient leurs contrats). Mais cela ne l'a jamais intéressé. À un moment donné, j'ai demandé 5 000 $ de plus que lui, par principe, parce que le show s'appelle Grey's Anatomy et je suis Meredith Grey. Mais ils me l'ont toujours refusé. Alors j'aurais pu partir. Pourquoi je ne l'ai pas fait ? Parce que c'est ma série ! Je suis la numéro un de cette série. J'ai ressenti ce que beaucoup d'autres actrices ressentent : pourquoi devrais-je quitter un grand rôle à cause d'un mec ? Je ne vais pas laisser un mec me chasser de chez moi !"

"ILS AVAIENT L'IMPRESSION QU'IL FALLAIT RAJOUTER UN PÉNIS LÀ-DEDANS !"

Pompeo poursuit et explique qu'après le départ de Dempsey, elle n'a pas du tout apprécié l'idée qu'un nouveau mâle vienne conquérir Meredith, dans la série (en l’occurrence Martin Henderson, alias le Dr Riggs) :

"Quand Patrick est parti, on a regardé ce que donnait la série. D'abord, on a eu un petit pic d'audiences et ça m'a bien fait sourire. Mais la vérité, c'est que l'encre n'était même pas encore sèche sur le script du départ de Derek, que déjà, les auteurs se précipitaient pour introduire un nouveau mec. J'étais en vacances en Sicile, en train de décompresser - c'était une longue relation de travail et c'était une fin tumultueuse et j'avais besoin d'un moment pour me relaxer avec du rosé - et là ils m'appellent en me disant : 'Tu en penses quoi de ce type ? Et de ce type ? Et ils envoient des photos etc... Je me disais : 'Mais vous êtes fous ou quoi ? Pourquoi pensez-vous qu'il faut déjà remplacer cette personne ? ' Je n'arrivais pas à croire à quelle vitesse le studio et la chaîne avaient l'impression qu'il fallait rajouter un pénis là-dedans. Donc, nous avons amené Martin Henderson, mais ils n'ont pas aimé le scénario (de Riggs), alors cette histoire a pris fin..."

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"JOUER LA COMÉDIE, POUR MOI, C'EST ENNUYEUX"

Aujourd'hui, Ellen Pompeo apprécie d'être très grassement payée. Et elle l'avoue sans honte : "Je ne fais rien d'autre, et c'est frustrant pour moi sur le plan créatif. Je fais 24 épisodes de télé par an, et dans le cadre de ce deal, je ne peux pas apparaître ailleurs. Réaliser (ce qu'elle a commencé à faire sur la série), c'est cool mais, pour être honnête, ça m'éloigne de mes enfants. Alors je leur ai dit : 'Il faut que je me fasse une tonne de fric ! Parce que ça va m'aider à investir dans ma société de production. Produire, aujourd'hui, c'est quelque chose que j'aime vraiment. C'est un peu mon truc créatif désormais. Jouer la comédie, pour moi, c'est ennuyeux. Parce qu'en fait, un acteur est la personne la moins puissante sur un plateau. Donc aujourd'hui, ça ne m'intéresse plus de courir après les rôles. Je ne dis pas que je ne ferai jamais un truc cool sur HBO. Mais je n'aurai jamais une deuxième vie en tant que star de cinéma. Je ne suis pas une putain de Julia Roberts !"