Cédric Klapisch
Premiere

Le réalisateur, venu à Lille pour présenter sa série Salade Grecque, a raconté son cinéma et sa carrière au cours d'une passionnante Masterclass.

"Ce qui m'intéresse, c'est d'interroger le présent. Et quand on le fait bien, on devient universel." Cédric Klapisch a toujours été un cinéaste à part, dans le paysage français. Presque hors du temps, tout en questionnant son époque avec bienveillance. Un réalisateur aimant scruter le détail, les gens, la vie ordinaire. Une vision du 7e art inspirée par Georges Perec et son "Infra-ordinaire", comme il l'a avoué hier au Festival Séries Mania.

Cédric Klapisch
Première

Venu présenter à Lille Salade Grecque, la suite de sa trilogie L'Auberge espagnole, Cédric Klapisch a confié devant une salle comble "beaucoup aimer cette notion-là. L'Infra-ordinaire s'oppose à l'extraordinaire. C'est très intéressant quand on est intéressé par le naturalisme, d'essayer d'être très réaliste, en rendant les détails passionnants. On va chercher l'intérêt des histoires dans les mini-détails" a-t-il analysé au cours de sa Masterclass.

Devant le public de Séries Mania, le réalisateur a ainsi essayé d'expliquer son cinéma. Il a notamment raconté sa vision optimiste du monde et de la vie en société, celle qui émerge si brillamment de ses films, de sa trilogie sur Xavier, mais aussi de Salade Grecque : "Selon Sartre, L'Enfer, c'est les autres. Moi, je pense vraiment le contraire. La salvation c'est les autres. Dans mes films, il y a toujours cette envie de combiner des choses individuelles avec des choses collectives : Une colocation dans L'Auberge espagnole, un quartier dans Chacun cherche son chat, une famille dans Un Air de Famille ou une fratrie dans Ce qui nous Lie... Même dans Deux moi, centré sur deux personnes dans une histoire d'amour basique finalement, ce qui m'intéresse, c'est de raconter pourquoi ces deux personnes vont être amenées à se rencontrer." Il poursuit : "J'ai découvert dès mon premier long-métrage, Rien du tout, que les personnages secondaires pouvaient aussi avoir une vie importante. Dans Rien du tout, il doit y avoir une trentaine de personnages... J'insistais d'ailleurs sur le tournage pour dire qu'il n'y avait pas de héros. Je n'aime pas forcément les héros. La logique américaine du héros m'emmerde. Parce que cela induit la lutte du bien contre le mal. Or, je ne crois pas qu'il y ait le Bien ou le Mal sur Terre. Il y a des erreurs. Mais tout le monde est méchant par moments, tout le monde est gentil à d'autres, et on alterne entre les deux. La notion de héros a tendance à rendre tout très binaire. Il a raison, le méchant à tort. Mais ce truc-là n'existe pas !"

Cédric Klapisch et romain duris
Cédric Klapisch et Romain Duris sur le tournage de Casse-tête chinois - Abaca

Pour Salade Grecque, Cédric Klapisch retrouve ainsi Romain Duris, qu'il avait révélé en 1994 dans Le Péril Jeune et avec qui il tourne pour la huitième fois :

"Ca faisait dix ans qu'on n'avait pas travaillé ensemble avant cette série. On va fêter les 30 ans du Péril Jeune et donc ça fait 30 ans qu'on se connaît. Il y a une sorte de parcours de vie qu'on a ensemble et on a été très ému, lui et moi, de tourner ça ensemble. Il y a une histoire entre nous." Une histoire aussi avec Cécile de France, qui fait aussi un retour remarqué dans Salade Grecque. Et Cédric Klapisch en profite pour révéler cette anecdote à propos d'Isabelle, la colocataire belge lesbienne de Xavier : "C'est un personnage très inspiré d'une fille avec qui je suis sorti quand j'étais en école de cinéma à New York. On a eu une petite histoire, alors qu'elle était lesbienne. C'était très troublant de voir à quel point on était complice, mais qu'elle n'avait pas de désir pour moi. Ca m'a beaucoup travaillé à l'époque et c'est un peu ce que j'ai écrit dans L'Auberge espagnole. Cette relation entre Xavier et Isabelle est largement tirée de cette histoire personnelle. Et puis après, pour jouer le rôle, Cécile s'est beaucoup inspirée de son agent à elle... ce qui est drôle, c'est que cet agent m'a ensuite inspiré aussi le personnage de Camille Cottin dans 10% !"

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