Les deux premiers épisodes de la saison 2 des Revenants, diffusés lundi sur Canal Plus, ont été boudés par les abonnés de la chaîne cryptée. Malheureusement, cet échec était prévisible.
Fabrice Gobert sait qu'il a joué avec le feu. Ses craintes se sont confirmées. Trois ans après la première saison, qui avait signé le 2e meilleur démarrage d'une série sur Canal Plus avec 1,445 million de téléspectateurs, le retour des Revenants a été accueilli plus que froidement par le public. Seuls 610 000 téléspectateurs étaient devant la chaîne cryptée hier soir. Soit une chute de près de 60% d'audience ! Un échec retentissant pour cette série célébrée par la critique, récompensée d'un International Emmy Award et louée par Stephen King.
Watching THE RETURNED. Scary and sexy. Fun to see a foreign TV show that hasn't been Americanized. That kid Victor's giving me nightmares.
— Stephen King (@StephenKing) 7 Décembre 2013
Le flop des Revenants est-il pour autant surprise ? Dans son ampleur, peut-être. Mais il était couru d'avance que la seconde saison du show piloté par Gobert allait avoir du mal à transformer l'essai en terme d'audience.
- Une attente interminable : Fabrice Gobert a beau avoir de très bonnes raisons à nous exposer, en 2015 une série ne peut se permettre de faire poireauter ses fans pendant 3 longues années. On s’était accommodé du rythme d'une saison tous les deux ans adopté historiquement par Canal Plus, mais là c'est trop. L'amour dure trois ans, et les sentiments du public pour Les Revenants se sont visiblement étiolés au fil du temps. Canal s'est enfin décidé à passer au format d'une saison par an pour Le Bureau des Légendes, dont le tournage de la saison 2 est déjà en cours, dommage que la série de Gobert n'ait pas adopté ce mode de production "à l'américaine" tout simplement incontournable dans l'univers hyper concurrentiel des séries télé.
- La narration de la série : Alors on qu'on retrouve nos revenants six mois après les événements de la saison 2, on a bien du mal à se souvenir en détail des différentes intrigues et des questions laissées en suspens. Bien sûr on pouvait se refaire l'intégrale de la saison 1 mais qui a le temps ou l'envie de se refaire 8 heures de programme avant de démarrer une nouvelle saison ? La pause de deux ans fonctionne bien sur d'autres séries Canal comme Engrenages qui raconte une nouvelle histoire à chaque saison et nous laisse le temps de reprendre nos marques. Là, on passe son temps à se remémorer le nom et les motivations des personnages. Pas évident alors que de nouveaux mystères sont proposés au téléspectateur. Sans parler d'autres conséquences fâcheuses comme le vieillissement des acteurs (eh oui ils ont pris 3 ans en 6 mois) justifié par une pirouette scénaristique peu satisfaisante.
- La fin de la saison 1 avait (beaucoup) déçu : Les éloges des critiques et le tweet enflammé de Stephen King ne doivent pas faire oublier que le final de la saison 1 avait irrité un paquet de fans. La page Facebook de la série avait été immédiatement prise d'assaut, avec plus de 1000 commentaires (majoritairement négatifs) postés en quelques heures. Ce dernier épisode aboutissant sur un cliffhanger et laissant de (trop) nombreuses questions sans réponses n'était pas du goût de certains ("Le spectateur est pris pour un con"). Et encore pensaient-ils qu'il ne faudrait attendre "que" deux ans pour la suite ! Comme il nous l'a confié, Fabrice Gobert a pris en compte ces remarques en écrivant la saison 2. Malheureusement plus de la moitié des fans ne sont plus là aujourd'hui pour le vérifier.
Les Revenants feront-ils mieux la semaine prochaine ?
Rien n'est moins sûr. Outre l'énorme chute d'audience, les commentaires postés sur les réseaux sociaux semblent indiquer que les rescapés de la saison 1 n'ont pas été emballés par ce second chapitre. Les 610 000 curieux de ce lundi risquent donc d'être encore moins nombreux la semaine prochaine devant leur télé. Un beau gâchis car cette saison 2 porte tout de même quelques promesses et qu'on a toujours envie d'y croire. Il faudrait vraiment que les deux prochains épisodes mettent une claque aux critiques et au public pour que les audiences se redressent d'ici la fin. C'est tout ce qu'on souhaite à cette production française de qualité qui est surtout victime de son exigence et de son mode de fabrication.
Edouard Orozco
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