Lambs of God
Lingo Pictures

Des nonnes, du sang, des brebis, une île, un kidnapping. La meilleure série de la compétition ?

C'est la sale gosse de la compétition officielle, le genre de série qui divise mais réveille les festivaliers les plus blasés alors qu'ils avaient prévu de piquer un roupillon dans la salle du Nouveau Siècle de Lille. Présentée hier soir à Séries Mania en avant-première mondiale, l'australienne Lambs of God a tenu toutes les promesses de son pitch alléchant : trois bonnes sœurs vivent en autarcie depuis des dizaines d'années sur une lointaine presqu’île difficilement accessible, dans un monastère en ruine et oublié de tous. Pourtant, les religieuses de l'Ordre de Sainte-Agnès reçoivent la visite inattendue d'un jeune prêtre (Sam Reid, vu dans Serena ou The Riot Club, impeccable) envoyé pour estimer la valeur du domaine afin de le revendre à une chaîne hôtelière pour riches vacanciers. Choquées par la nouvelle et déstabilisées par les coutumes inattendues de l'homme d'Église, elles décident de le retenir contre sa volonté.

Foi et folie

En dire plus serait criminel, mais sachez seulement que Lambs of God se situe à peu près au croisement de Misery et de la comédie Les Bonnes sœurs (pour une scène sanglante de pur thriller, une vanne sur l'érection involontaire du prêtre). Une petite pépite qui verse par moments dans le fantastique - une des nonnes a des visions surnaturelles ; les morts se réincarnent en brebis - et aborde avec un air faussement rigolard le lien ténu ente la foi et la folie furieuse.

Les formidables Ann Dowd (The Handmaid's Tale, The Leftovers), Essie Davis (The Babadook, Assassin's Creed) et l'envoûtante Jessica Barden (la série Netflix The End of the F***ing World) campent ces bonnes sœurs timbrées mais bien décidées à ne pas laisser la modernité venir interrompre leur mode de vie. Des anti-héroïnes qui ont mis le monde réel et ses tentations – ses traumatismes aussi – de côté pour se réfugier dans une rassurante austérité. Une astuce de narration très efficace permet à leur passé de s'insérer naturellement dans le récit, sous la forme d'histoires faussement fictionnelles qu'elles se racontent au coin du feu.

La réalisation renforce leur enfermement mental et physique avec quelques très beaux plans aériens de l'île, décor sublime d'une mini-série excentrique qui assume sans rougir ses ambitions pop. Seul bémol, mais de taille : Lambs of God ne sera diffusée en Australie qu'à l'automne prochain. Si un potentiel acheteur français nous lit, merci de sortir votre chéquier.

Lambs of God, 4 x 55 minutes.