DR

True Detective S2E7 - Review : la série démarre enfin avec une disparition brutale

ATTENTION SPOILERS.Ça y est ! Enfin ! True Detective vient de décocher un épisode à la hauteur des espoirs qu’on avait placé en elle. A une semaine de son season finale… Ça ne changera sans doute pas l’appréciation critique générale sur la saison 2 (ratée dans les grandes largeurs), mais ça a au moins sauvé notre soirée télé. Et ça promet du bon pour la semaine prochaine. C’est déjà ça. Le puzzle laborieusement mis en place par Nic Pizzolatto commence à faire sens. Et pas seulement en termes narratifs : esthétiquement, "philosophiquement", on croit enfin comprendre où l’auteur veut en venir. Est-ce dû à la mise en scène cohérente et inspirée de Daniel Attias, un vieux routier des séries télé qui a bossé absolument partout (Deux Flics à Miami, Melrose Place, Six Feet Under, Deadwood, Les Soprano…) ? Tout à coup, au moment où on n’osait plus rien espérer, le très problématique Vince Vaughn trouve le ton juste, parvient à rendre excitantes et flamboyantes les tartines de dialogue sentencieux et ultra-littéraires que Pizzolatto a pris l’habitude de lui coller dans la bouche. La violence de l’épisode est comme on l’aime - surprenante, choquante, vraiment méchante. La citation de La Fièvre dans le sang, totalement inattendue dans ce contexte, a failli nous faire fondre en larmes. Et les emprunts du score à Angelo Badalamenti ont fait vibrer la bonne corde. On réalise soudain que le fantôme lynchien qui rôdait depuis le début de la saison n’est pas celui de Mulholland Drive, pas même celui de Lost Highway, mais bien celui d’Inland Empire - d’où cette atmosphère crado et déglinguée, sans espoir de retour.>>> True Detective : même Woody Harrelson n'aime pas la saison 2Dans les épisodes précédents, l’ambition de Pizzolatto de décrire la Californie du XXIème siècle exactement comme s’il était un auteur hard-boiled de l’après Seconde Guerre mondiale (flics homos dans le placard inclus) avait fini par faire ressembler la série à un pastiche de film noir. En réalité, les ponts tendus entre les deux époques, entre hier et aujourd’hui, sont là pour traquer l’idée d’une permanence du mal dans la Cité des Anges, d’un enfer sur terre sans échappatoire possible. Un monde peuplé de personnages déjà morts. Ça paraît évident, mais ça ne l’était pas franchement jusqu’à présent. Harnachée dans les ténèbres, la poésie de Pizzolatto résonne enfin. C’est beau. Vraiment émouvant. Il était temps.