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Avant de découvrir l'affrontement des deux super-héros DC sur grand écran en salles, redécouvrir l'adaptation du classique d'Alan Moore et Dave Gibbons ce soir sur France 4 pourrait s'avérer utile.

Alors que Zack Snyder sera au cœur des nouveautés en salles de la semaine avec la sortie du très attendu Batman v Superman ce mercredi, France 4 propose de redécouvrir ce soir en guise d'amuse-bouche son adaptation de Watchmen, le comic book iconique d'Alan Moore et Dave Gibbons, dont Snyder réalisa l'adaptation en 2009. Une adaptation forcément très attendue à l'époque non seulement pour la réputation de chef-d'oeuvre qui entourent les aventures de Rorschach, Nite Owl, Silk Spectre, le Comédien et le Docteur Manhattan, mais aussi pour la difficulté avec laquelle le projet a vu le jour. Il a fallu en effet plus de vingt ans pour que les Watchmen passent du papier à l'écran, les premières tentatives ayant eu lieu dès la parution de la bande-dessinée en 1986.

À sa sortie, Watchmen provoqua des réaction extrêmement contrastées, et ne laissa à coup sûr personne indifférent. Première se plaçait à l'époque plutôt dans le camp des convaincus en écrivant, tout en soulignant la complexité du film en lui-même : "Malgré tout le mal qu’on va finir par en dire, Watchmen est un long-métrage passionnant. L’enquête d’un groupe de super-héros sur l’assassinat de l’un d’entre eux charrie une violence, une réflexion sur le monde et des personnages rarement vus au cinéma. Normal, Zack Snyder a su conserver l’essentiel de la bédé d’Alan Moore tout en trouvant un style moins toc que dans 300. Le résultat est une grosse claque. Maintenant, « le mal qu’on va finir par en dire » : Peut-on vraiment se vanter d’une adaptation fidèle lorsqu’on subvertit la vision d’un anarchiste par ses obsessions religieuses de républicain catholique ?". Petit succès en salles (185 millions de dollars de recettes pour 130 millions de budget), le film marqua tout de même une nouvelle étape dans la longue relation entretenue par Zack Snyder et les comics, entamée par 300 en 2004 et qui se poursuivra dès cette semaine avec Batman v Superman.

Pour certaines raisons triviales, il flottera déjà un esprit de Watchmen au-dessus du septième film de Zack Snyder. Le nom du réalisateur évidemment, mais aussi celui de son fidèle chef opérateur Larry Fong, autre éminence à qui l'on doit la patte graphique de Watchmen certes, mais aussi de 300 et Sucker Punch, et qui fera son retour aux côtés de Snyder après avoir laissé sa place à Amir Mokri sur Man of Steel. On pense également à certains choix de casting communs comme ceux de Jeffrey Dean Morgan (le Comédien de Watchmen incarne Thomas Wayne dans L'Aube de la justice) ou Carla Gugino (dont le rôle dans BvS est encore inconnu) Mais la comparaison va, bien évidement, au-delà de ces simples constats.

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De l'origine des super-héros

Au-delà d'être chacun à leur manière des adaptations de comic books partageant des traits communs (le look de Nite Owl dans sa deuxième version parodie ouvertment celui de Batman), Watchmen et Batman v Superman participent d'un même mouvement dans l'esprit de leurs réalisateurs, qui entend bien les faire se répondre dans un même souci : celui d'examiner ce qui fait un super-héros et ce qui peut définir leur vivre ensemble. C'est ce qui soutenait sa version des Watchmen, réputé inadaptable et sur lequel Terry Gilliam, Darren Aronofsky ou Paul Greengrass notamment se sont cassé les dents. Et c'est en ce sens que la rencontre entre le Chevalier Noir et Superman s'annonce particulièrement explosive, au vu des images distillées par les trailers.

Dans une interview accordée au Wall Street Journal, Snyder détaille ce lien qui unit les deux œuvres estampillées DC, qui offrent selon lui des résonances thématiques fortes malgré des héros foncièrement très différents. Bien que conçu dans la difficulté pour un résultat qui a pu diviser les avis, particulièrement chez les puristes de l'oeuvre papier originale, Snyder y explique en quoi travailler sur Watchmen l'a rendu suffisamment mûr et sûr de lui pour se frotter à des personnages aussi iconiques que ceux de Batman v Superman.

"Tout tourne autour du 'pourquoi' des super-héros : le pourquoi politique, le pourquoi religieux, le pourquoi philosophique. […] Une fois que l'on a absorbé tout ce matériau [issu des comics], il est impossible que cela ne résonne pas en vous, surtout quand vous avez à faire à des personnages comme Batman, Superman et Wonder Woman, qui forment plus ou moins une sainte Trinité. D'une certaine manière, ce sera, je l'espère pour le meilleur, une version impossible des Watchmen".

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La finalité Justice League

Plus généralement, ce courant qui traverse les deux films vise à une apothéose finale qui se nomme Justice League (prévu pour 2017), qui sera au DC Universe ce que les Avengers sont à leurs camarades de Marvel : le film synthèse de l'esprit de la franchise dans son ensemble. Une position à part dans le calendrier des films de la Warner que Snyder compte bien à terme utiliser pour justifier l'ensemble de sa vision. Invité il y a quelques semaines pour s'expliquer à ce sujet dans le podcast Hall of Justice, Snyder détaillait ce qui, déjà à l'oeuvre dans son adaptation de Watchmen, définira sa version de la Justice League.

"Watchmen, d'une certaine manière, ressemble un peu à la Justice League. […] Ce qui est sympa quand on s'intéresse d'aussi près aux Watchmen comme j'ai pu le faire, c'est que cela vous apprend qu'on ne peut pas s'y prendre autrement, y compris en ce qui concerne l'origine des super-héros et de l'idée d'une... ligue de super-héros. C'est une première version au sens le plus basique du terme d'un groupe comme celui de la Justice League. Je pense que ce savoir accumulé à force de côtoyer des personnalités comme celles-ci m'a vraiment préparé à plongé un peu plus loin dans ce genre de monde en ayant conscience non seulement du pourquoi de l'existence d'un groupe comme celui-là, mais aussi du pourquoi de leur existence dans la pop culture".

Plus que l'adaptation d'un mythe de la culture comics, Watchmen a donc pavé la voie au DC Universe cinématographique tel qu'on le connaît aujourd'hui et tel qu'il devrait s'orienter dans les mois voire les années à venir au-delà du diptyque Justice League. Autant dire que la session de rattrapage pourrait bien s'avérer salutaire.

L'histoire de Watchmen : Watchmen - les gardiens, se passe dans une Amérique alternative de 1985 où les super-héros masqués font partie de la vie quotidienne et où l'Horloge de l'Apocalypse - symbole de la tension entre les Etats-Unis et l'Union Soviétique - indique en permanence minuit moins cinq. Lorsque l'un des ses anciens collègues est assassiné, Rorschach, un justicier masqué un peu à plat mais non moins déterminé, va découvrir un complot qui menace de tuer et de discréditer tous les super-héros du passé et du présent. Alors qu'il reprend contact avec son ancienne légion de justiciers - un groupe hétéroclite de justiciers retraités, seul un d'entre eux possède de véritables pouvoirs - Rorschach entrevoit un complot inquiétant et de grande envergure lié à leur passé commun et qui aura des conséquences catastrophiques pour le futur. Leur mission est de protéger l'humanité... mais qui veille sur les gardiens ?


Watchmen est diffusé ce soir à 23h05 sur HD1.