Toutes les critiques de Basic Instinct

Les critiques de la Presse

  1. Fluctuat

    Basic Instinct 2 cherche à être un thriller sexy. C'est raté. Désuet, et d'une roublardise molle, le film de Michael Caton-Jones ne vaut que pour l'étude du potentiel érotique de Sharon Stone. Une icône sexuelle peut-elle se démoder ?
    Basic Instinct 2 a longtemps hésité entre ses différents scripts tout en faisant défiler les réalisateurs, de David Cronenberg, Jan De Bont à John Mc Tiernan. Il a finalement échoué entre les mains de Michael Caton-Jones, discret réalisateur du Chacal ou City by the Sea. Le film a été produit par Mario Kassar et Andrew Vajna, qui ont financé des blockbusters tels que les Terminator, Terminator 3 compris. Curieusement, au delà de l'opportunité d'utiliser une licence à succès, Basic Instinct 2 entretient plus d'un rapport avec cette suite : le retour d'un acteur, d'un rôle et, mieux, d'un visage.Terminator 3 butait sur les traits défait d'Arnold Schwarzenegger, sur ses nervures, ses rides, la résistance d'un corps réel qui ne pouvait plus jouer le jeu du cinéma. L'humain y trahissait la machine. L'acteur semblait usé, son regard s'éteignait, il se transformait en vestige, ruine d'un cinéma d'action aujourd'hui dépassé. Aujourd'hui Sharon Stone, un autre corps a priori d'un autre genre, revient en Catherine Tramell, le rôle sulfureux, libidinal et pervers qui lui colle encore à la peau.Chacune de ses apparitions, à l'image du film, exprime ce désir d'être encore, d'être plus. Cosmétisée, outrageusement blonde, elle pose, jette partout des regards embrasés, allume ses cigarettes comme s'il s'agissait d'un ultime geste sadien. Sharon Stone a un truc à prouver, elle veut monopoliser l'attention, faire oublier l'usure naturelle du corps. Elle se veut objet de désir sexuel pur, machine à fantasme lisse et sans défaut. A l'inverse de la logique de Terminator 3, l'actrice devient machine. Elle voudrait être éternellement cinéma. On regarde sa plastique parfaite évoluer dans l'espace abstrait d'un bureau high tech ou d'un appartement design. Elle s'y fond, ses formes se perdant dans l'absence de contours d'un univers irréel. Elle se veut surface, parfois presque héroïne des sublimes films fétichistes d'Andrew Blake.Mais Sharon Stone souhaite aussi donner sens à cet ultime jeu de pistes (revers impossible de son image vampirique), à ce thriller soldé où les rebondissements jouent avec trop de faux-semblants, au fil d'une intrigue en forme d'ultime duel psychanalytique. Face à elle, le corps absent de David Morrissey, reprise en variation de celui de Michael Douglas, est son parfait opposé. Fade, banal, jamais glamour, pris aux pièges d'une mécanique de scénario balourde, il n'est qu'un pion. Inexistant, l'acteur fait valoir un peu plus la présence folle et unique de l'actrice. Il enterre ce jeu de manipulation grotesque que le film cherche à défendre, sans la moindre conviction de la part de Caton-Jones.Basic Instinct 2 espère jouer encore d'un panel de désirs transgressifs, de pulsions érotiques morbides, de fantasmes pervers où les délices du sexe riment avec celui du pouvoir. Il s'ose même à citer le film de Paul Verhoeven en rejouant la scène des toilettes pour finalement nous prendre par surprise. Mais le temps a joué contre lui. Basic Instinct 2 est une caricature de lui-même, un cliché dépassé par la mode, la publicité et le cinéma. Ses tentatives d'érotisation sulfureuse ou d'intrigue diabolique en font une chose un peu « vintage » dont on est parfois gêné. Tout s'oublie si vite dans Basic Instinct 2, tout sauf cette Sharon Stone étrange, expressionniste et siliconée.Basic Instinct 2
    Un film de Michael Caton-Jones
    Avec : Sharon Stone, David Morrissey, Charlotte Rampling, David Thewlis
    Sorties en salles : 29 mars 2006
    Interdit aux moins de 12 ans[illustrrations : Sharon Stone in Basic Instinct 2 © Océan Films]
    A voir sur Flu :
    - La bande annonce non officielle sur
    Ecrans, le blog Cinéma
    - L'extrait d'une scène coupée au montage sur Sexe, love 'n gaudrioleSur le web :
    - Les scènes coupées au montage pour que le film ne soit interdit qu'aux moins de 12 ans (et non 16 ans, comme le Basic Instinct de Paul Verhoeven)
    - Le site officiel du film