Toutes les critiques de Killing Fields

Les critiques de Première

  1. Première
    par Alex Masson

    À Hollywood, le scénario de Killing Fields a longtemps été une patate chaude. Tous les metteurs en scène le trouvaient génial mais beaucoup trop noir pour s’y attaquer. Michael Mann a espéré un moment le produire pour Danny Boyle, qui y a renoncé au profit de Slumdog Millionaire. Pour éviter d’en perdre les droits, Mann a proposé à sa fille de le réaliser, ce qui n’était pas forcément une bonne idée tant il saute aux yeux qu’elle a du mal à sortir de l’ombre de papa. Il est beaucoup question de familles recomposées dans Killing Fields, et on peut regretter qu’Ami Canaan Mann n’ait pas pris le risque de construire la sienne au lieu de marcher sur les plates-bandes paternelles. C’est d’autant plus flagrant que cette histoire de flics hantés par leurs démons intérieurs regorge de thématiques chères au réalisateur de Heat et Miami Vice. Bien qu’en charge du projet, la réalisatrice semble en retrait, presque démissionnaire, laissant les clés de son film à un directeur de la photo émérite et à un casting époustouflant. Mais l’interprétation – mention spéciale à Jeffrey Dean Morgan – a beau mettre en avant les passionnantes fêlures des personnages (une mère qui fait la pute pour éviter de crever de solitude, un enquêteur qui hait son Texas natal), elle ne suffit pas à masquer les carences de la mise en scène. Même la fameuse noirceur du scénario n’est pas au rendez-vous, l’intrigue policière baissant les armes devant une résolution prévisible et un happy end incongru. Le projet de départ avait tout pour donner un grand thriller du niveau d’un Zodiac. Hélas, de ce film fantasmé, seule subsiste une atmosphère relativement cafardeuse.

Les critiques de la Presse

  1. Geek
    par Vincent Julé

    (...) on demande un test de paternité, car Ami Canaan Mann serait plutôt la fille cachée du David Lynch de Blue Velvet et Twin Peaks, voire d'un William Friedkin. En quelques plans, elle transcende le simple thriller à serial killer pour capter autre chose : l'air trop lourd, la malédiction d'une ville, l'insignifiance du quotidien...

  2. A voir à lire
    par Frédéric de Vençay

    Sans grandes envolées ni coup de génie, miné par quelques petites faiblesses de script (sous-intrigue/fausse piste qui se termine en queue de poisson, révélations finales un peu téléphonées, happy-end malvenu), Killing Fields tient néanmoins la route. Outre son décor, le film s’en sort grâce à des interprètes qui assurent leur partition. Le toujours solide Sam Worthington mis à part, on retrouve avec plaisir le "Comedian" des Watchmen, Jeffrey Dean Morgan, acteur trop rare et d’une indéniable présence. L’antinomie des deux flics, si elle est déjà vue (l’un vient de New York et se frotte à un univers amoral qu’il ne connaît pas bien, l’autre est un natif de la région), fonctionne. Entre les deux, Jessica Chastain s’amuse à jouer les capitaines de police ordurières et sans fard avec un sens du décalage qui fait tout drôle après la délicatesse de Tree of life. Mais c’est bien la jeune Chloë Grace Moretz, revenue de Kick-ass et d’Hugo Cabret, qui tire son épingle du jeu : toujours juste, dans un rôle difficile, elle apporte au long-métrage ses rayons de lumière et ses respirations. Comme pour son personnage à la fin de Killing Fields, l’avenir lui ouvre désormais les bras.

  3. Les Inrocks
    par Léo Soesanto

    Le casting est solide et Mann a le chic pour capter l'ambiance décrépite du cru, ses ploucs, le fameux champ meurtrier du titre - sorte de triangle maudit. Dommage qu'elle ait oublié de relire son script, filandreux et elliptique. Ironiquement, si on rabotait le titre et donnait à l'intrigue le privilège de la durée dans l'enquête, de la consistance dans les personnages, on obtiendrait, dans la même catégorie sordide... la série TV The Killing.

  4. CinémaTeaser
    par Emmanuelle Spadacenta

    À trop vouloir travailler son ambiance, Ami Mann a une petite tendance à sacrifier son récit. Les structures rigoureuses peuvent pourtant s’avérer salvatrices en cas de scénario un peu confus aux personnages surnuméraires.Mais bizarrement, la réalisatrice a un minimum réussi son coup puisque l’imagerie de KILLING FIELDS a marqué notre esprit : reste ainsi en tête un Sam Worthington en costard et le fusil en bandoulière, regardant s’éloigner deux pervers du coin (dont l’excellent Jason Clarke) dans une Mustang fendant la poussière. L’acteur d’AVATAR est par ailleurs l’atout majeur du film, lui qui forme avec Morgan un couple jamais synchrone, dont l’interdépendance se délite doucement sous l’effet de la névrose. Il est vraiment dommage alors, que KILLING FIELDS, souvent poétique et terrifiant, nous ait laissé assez froids.

  5. Fluctuat
    par Eric Vernay

    Au début du film, un plan subjectif nous met à la place d'un cadavre encore chaud, recouvert par une bâche en plastique alors que vient la pluie. Etouffement et putréfaction. En un plan, on comprend ce qui passionne vraiment la réalisatrice : non pas les personnages, figures dérisoires s'agitant laborieusement au milieu des cadavres, mais le spectacle de la mort, de la charogne. Il manque simplement un soupçon de mise en scène et un scénario digne de ce nom pour faire vivre à l'écran cette idée de cinéma, totalement gâchée.

  6. Télérama
    par Nicolas Dambre

    Pendant que des flics désincarnés courent après des tueurs désincarnés et trouvent des cadavres, forcément désincarnés, on recherche, nous, de la personnalité dans la mise en scène d'Ami Canaan Mann, fille de Michael Mann. Car il faut plus que trois plans réussis par-ci, par-là, pour créer une ambiance à la David Fincher dans Seven. N.D.