Toutes les critiques de Le Crime de l'Orient-Express

Les critiques de Première

  1. Première
    par Thierry Chèze

    Ils sont venus ils sont tous là : Johnny Depp, Penelope Cruz, Michelle Pfeiffer, Judi Dench, Willem Dafoe, Daisy Ridley… Comme 43 ans plus tôt, Lauren Bacall, Sean Connery, Jean-Pierre Cassel, Ingrid Bergman, Richard Widmark ou Anthony Perkins avaient répondu présent devant la caméra de Sidney Lumet. Réunir une pléiade de stars semble un passage obligé dès qu’on souhaite porter à l’écran ce célèbre roman publié en 1934 par Agatha Christie. Il faut que ça brille ! Et c’est hélas la même logique qui semble avoir prévalu dans la tête de Kenneth Branagh. On le sait amoureux de théâtre. On a admiré son Henry V qui l’a révélé à la fin des années 80. Mais ici c’est précisément cet aspect si théâtral, trop théâtral qui le perd. D’une mise en scène ampoulée qui sonne faux dès sa scène d’ouverture au cœur d’un Jérusalem de carton-pâte à son interprétation tout en cabotinage d’Hercule Poirot, le célèbre détective chargé de trouver le meurtrier d’un riche américain au cœur du mythique Orient-Express.

    Pour briser le carcan possiblement étouffant d’un huis clos ferroviaire, Branagh a décidé donc d’en faire des tonnes. Comme s’il ne faisait pas confiance à l’implacable mécanique de ce récit devant laquelle tous les spectateurs ne seront pas égaux. Si vous n’avez ni lu Christie, ni vu l’adaptation (par ailleurs dispensable) de Lumet, celle-ci devrait vous tenir en haleine jusqu’à sa résolution finale au fil de ses rebondissements rythmés. Mais si vous connaissez déjà la fin d’un des meilleurs whodunits de l’histoire, le temps risque de vous paraître bien long. Tant justement Branagh semble vouloir à la fois épater la galerie et s’amuser au sens premier du terme comme pour faire diversion. En vain la plupart du temps, donc. Sauf ça et là, le temps notamment d’une scène assez impressionnante où tous les personnages sont réunis pour le dénouement autour de Poirot comme les Apôtres autour du Christ dans La Cène. Par son extravagance enfin mise au service de son intrigue, la dernière partie du film surclasse d’ailleurs son entame. C’est bien mais un peu tard. Et ne justifie nullement l’adaptation de Mort sur le Nil que Branagh semble nous promettre.