Toutes les critiques de Très bien, merci

Les critiques de Première

  1. Première
    par Isabelle Danel

    Sur le fond, terrible, mais dans la forme, (très) drôle. Emmanuelle Cuau (Circuit Carole) n’a pas son pareil pour décrire des personnages foisonnants et construire des situations à tiroirs. Au lieu d’une descente aux enfers, Très bien, merci décrit une naissance au monde. (…) Alex et Béatrice (Melki et Kiberlain, en grande forme), respectivement comptable et chauffeur de taxi, vivent un quotidien où chacun fait valoir son droit. L’absurdité qui en résulte dit avec malice quelque chose d’une époque troublée, où l’individu (et le client!) est roi.

Les critiques de la Presse

  1. Télérama
    par Frédéric Strauss

    (...) Très bien, merci est une drôle de claque qui nous projette soudain dans la France d’aujourd’hui. Ce pays dont on parle beaucoup au prétexte d’élection, mais qui n’est qu’un décor de convention dans la plupart des films français, la réalisatrice Emmanuelle Cuau en fait un personnage qui a toutes sortes de visages, et que son pauvre Alex va malheureusement croiser en chemin.

  2. Elle
    par Florence Ben Sadoun

    Dénoncée et dessinée à traits fins, la vie sécurisée dans la cité policée que nous décrit Emmanuelle Cuau ressemble à faire peur à celle qu'on nous promet: un chemin bardé d'interdictions avec pénalité à la clé en cas de désobéissance, et une surveillance policière omniprésente, avec risques de dérapages incontrolés. Dans "Très bien, merci", l'engrenage stupéfiant déclenché par un incident banal est saisissant.

  3. Le Monde
    par Jacques Mandelbaum

    On aura donc compris, en voyant ce film qui sort entre les deux tours de l'élection présidentielle, que sa ressemblance avec l'état de raidissement sécuritaire qui réduit les libertés individuelles aujourd'hui en France est tout sauf fortuite. L'inquiétude qui nous saisit à son spectacle vient d'ailleurs moins d'une dénonciation frontale que de l'installation d'un climat où il est difficile de faire la part du réalisme et du fantasme. En cela consiste sa plus grande réussite, qui consiste à nous rappeler que tout appareil répressif justifie son propre délire en l'imputant à ceux qui le combattent.

  4. Paris Match
    par Alain Spira

    Avec leurs grands yeux étonnés de citoyens intègres, Gilbert Melki et Sandrine Kiberlain se prêtent avec subtilité à cette sombre comédie kafkaïenne où le bleu des uniformes et le blanc des blouses des psychiatres donnent envie de voir rouge, histoire de restaurer le drapeau de la République.

  5. Le JDD
    par Barbara Théate

    L'impeccable et impertubable Gilbert Melki est le héros malgré lui de cette tragi-comédie sociale quasi kafkaïenne, grave sur le fond mais très ludique dans le ton. Emmanuelle Cuau stigmatise avec humour et pertinence les absurdités du système, qui broie l'individu. Un film citoyen, qui fait réfléchir en ces temps d'élections.

  6. Pariscope
    par Arno Gaillard

    « On prend toujours beaucoup de risques quand on demande à quelqu’un comment il va » dit un personnage dans un film de Claude Lelouch. « Très bien merci » répond simplement Alex quand on lui pose cette question. C’est cette réponse que filme avec une grande sensibilité Emmanuelle Cuau et c’est douloureux de voir Alex, brillamment interprété par Gilbert Melki, sombrer doucement dans la folie. Cette histoire nous fait comprendre que tout est prêt pour mettre à la marge ceux qui osent des questions dérangeantes à notre société.

  7. Télé 7 jours
    par Viviane PESCHEUX

    (...) Si ce petit film est grand, c'est qu'il engage, mine de rien, un regard d'une plus grande portée sur notre société. Laquelle, en dehors d'aller bien, merci, ne tourne pas toujours rond.

  8. Fluctuat

    Présenté comme une comédie légère, Très bien, merci est un vrai film politique, qui arrive sur nos écrans en plein entre-deux tours de la Présidentielle. Plus de dix ans après Circuit Carole, son premier film, Emmanuelle Cuau redonne ici toute sa force à l'engagement cinématographique contre une certaine vision de la société.
    - Exprimez-vous sur le forum Très bien, merciTrès bien, merci c'est l'histoire d'un mec. Comptable, il a toutes les caractéristiques de l'employé français moyen. S'il mène aux côtés de sa femme une vie aussi heureuse que simple, la routine ne semble pas trop lui peser, pas, en tous cas, au point de devenir adultère ou violent. Comme tous les jours, Alex prend le métro pour se rendre à son travail. En sortant de la rame il allume une cigarette et se dirige vers la sortie. Le fumeur étant interdit dans l'enceinte du métro, il est bientôt interpelé par les employés de la RATP. L'apostrophe pourrait s'arrêter là, dans le dialogue, par une petite réprimande et on en parle plus, mais l'échange s'envenime. Il ne suffit pas qu'il éteigne sa cigarette et s'excuse, il faut qu'il présente ses papiers d'identité sous peine de voir la police débarquer. Instantané de la sociétéFilmée, projetée sur grand écran, cette scène de la vie quotidienne, d'une banalité confondante pour tous les parisiens habitués du métropolitain, prend une ampleur singulière. Les questions qu'on ne se pose jamais vraiment à cause de l'habitude, nous arrivent ici en plein dans l'oeil. Pourquoi cette escalade de la menace autour d'un simple mégot qui a eu le tort de ne pas être à sa place ? Comment s'applique la loi ? Où s'arrête le droit, où commence l'ordre ? Quelles règles du vivre ensemble régissent aujourd'hui la communauté ? Si cette première mésaventure, un peu désagréable, est sans suite judiciaire pour notre héros, elle l'a pourtant amené à la marge du fonctionnement de la société. Elle lui a donné un aperçu de ce qui peut advenir quand on sort du rang de ce qui se fait, de ce qui est autorisé. Dès lors Alex prend conscience de sa liberté de citoyen, et par ce mouvement se distingue de ses congénères. Clinique, Emmanuelle Cuau énonce les données d'un problème de société. Elle pose le diagnostique, laissant le virus aller jusqu'à l'horreur de sa maturité. Partant du particulier, de ce profil moyen, elle interroge l'état de la société et prend comme une photo de l'histoire à un moment M. Un jour, un citoyen regarde simplement ce que fait la police sur la voie publique, ce qui l'entraîne dans une situation absurde et donc racontable et racontée. Car si les temps avaient été autres, être sur la voie publique et regarder la police faire son travail n'aurait même pas fait l'objet d'une séquence.Appel à la résistanceTrès bien, merci, toujours grinçant, semble parfois drôle comme une pièce d'[people rec="0"]Eugène Ionesco[/people]. Pourtant le rire se crispe quand la mise en scène rappelle que nous ne sommes ni dans le futur, ni dans une société imaginaire... et que 1984 ce pourrait être maintenant. Loin de la rhétorique hollywoodienne du "on nous observe, on nous dit rien", il est plutôt question ici de l'incarnation du droit et de la loi, de la voix qu'ils ont pris. Loin d'une dénonciation manichéenne, Très bien... est davantage un appel pragmatique à la résistance face à l'arbitraire. Le scénario, soutenu par le jeu et l'investissement de Gilbert Melki et de Sandrine Kiberlain, plonge les protagonistes dans une mécanique qu'on pourrait qualifier de surréaliste si on ne savait que trop que la logique des arrestations arbitraires est une réalité aussi possible que vraisemblable. Sortant au lendemain du premier tour des élections présidentielles, Très bien, merci prendra bien sûr une dimension particulière et son appréciation changera indéniablement selon le camp qu'on soutiendra. Loin du militantisme partisan, cette histoire simple, filmée avec sobriété, développe au-delà des genres politiques un argument civique. Un appel à la vigilance pour la conservation des libertés... Très bien, merci
    De Emmanuelle Cuau
    Avec Gilbert Melki, Sandrine Kiberlain
    Sortie en salles le 25 avril 2007Illus. © Gémini Films
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