Comment fabriquer des films d'animation pour presque rien ? Les conseils de Bill Plympton
Ed Distribution
1. Faites la tournée des festivals
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2. Respectez le Dogma de Plympton
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3. Réduisez la fréquence
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4. Optez pour des films muets
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5. Do it yourself
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6. Coloriez à l’ordinateur
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Comment fabriquer des films d'animation pour presque rien ? Les conseils de Bill Plympton
1. Faites la tournée des festivals
2. Respectez le Dogma de Plympton
3. Réduisez la fréquence
4. Optez pour des films muets
5. Do it yourself
6. Coloriez à l’ordinateur

1. Faites la tournée des festivals

"Comme aucun grand studio comme Paramount ou Sony n'assure la promotion de mes films, je dépends des festivals pour trouver un distributeur. Ce n'est pas garanti, mais c'est une base, aujourd'hui complétée par la vente sur Internet. J'ai vendu Des idiots et des anges (2009) dans douze territoires, ce qui a suffi à me rembourser. Tout le reste n'a été que bénéfices : les droits DVD, Netflix, les ventes télé. Ça ne fait pas de moi un homme riche, mais ça me permet de réinvestir. Le budget des Amants électriques s'est élevé à 400 000 dollars (290 000 euros). C'est beaucoup, mais en cumulant les ventes de droits à l'étranger et celles sur Internet, je pourrai probablement rentrer dans mes frais d'ici un an ou deux."

2. Respectez le Dogma de Plympton

"Lorsque je donne des master class, je commence toujours en rappelant trois règles à observer pour réussir comme animateur indépendant. D'abord, réalisez des films courts, c'est-à-dire de moins de cinq minutes. Cet impératif de concision s'applique aussi aux longs : Les Amants électriques dure 1 h 16. Ensuite, faites des films économiques : pas plus de 1 000 dollars (720 euros) la minute pour les courts. Enfin, écrivez des films drôles. Si vous parvenez à respecter ces trois règles, vous pourrez gagner votre vie en faisant de l'animation. Beaucoup de gens me disent que c'est impossible, mais je suis la preuve qu'on peut y arriver."

3. Réduisez la fréquence

"Généralement, je change le dessin toutes les trois images, ce qui donne huit dessins différents par seconde (au lieu de vingt-quatre). Ça varie en fonction de la vitesse de la scène. Si elle est rapide, je produirai quinze ou seize dessins par seconde. Parfois, je fais aussi des cycles ou des pauses, sans rien qui bouge. Là encore, ça permet de réaliser des économies, mais c'est également un choix esthétique. Ce côté vibrant ne fonctionnerait pas à vingt-quatre images par seconde. J'aime l'aspect d'un film 'fait main'. C'est plus vivant et plus incisif qu'un Pixar où les cercles sont parfaitement circulaires et les lignes bien droites. La touche humaine apporte son lot d'irrégularités et de rugosité. Les croquis que j'esquisse au crayon sont rudes, simples et fluides, mais si je les polissais, ils perdraient en élégance et en vitalité."

4. Optez pour des films muets

"Il est effectivement difficile et laborieux de synchroniser les mouvements des lèvres. En supprimant les dialogues, on réalise des économies. Ça tombe bien : j'adore raconter visuellement les histoires. Je trouve ça plus puissant et plus poétique sans paroles. J'y suis venu tardivement avec Des idiots et des anges. Ce fut facile à faire et amusant, et comme en plus le public a suivi, j'ai recommencé."

5. Do it yourself

"Pour que les coûts restent raisonnables, j'exécute un maximum de choses moi-même. Je suis scénariste, réalisateur, producteur, je dessine tous les story-boards, j'imagine les personnages, je conçois les décors et les maquettes et j'assure l'intégralité de l'animation. J'ai ainsi réalisé 40 000 dessins pour Les Amants électriques. Plus vous ferez de choses par vous-même et plus vous aurez de chances de récupérer votre investissement. C'est pour cette raison que Moi moche et méchant a été un si gros succès. Il a été réalisé avec seulement 70 millions de dollars et en a rapporté dix fois plus."

6. Coloriez à l’ordinateur

"Depuis Des idiots et des anges, nous utilisons l'ordinateur pour colorier. C'est beaucoup plus économique et facile. Avant, il fallait faire les prises de vues une par une, porter les pellicules au labo et, en cas d'erreur, on recommençait à zéro. C'était très cher et ça demandait beaucoup de main-d'oeuvre. Pour Hair High (2005), mon équipe pouvait compter jusqu'à une quarantaine de personnes, occupées pour la plupart à colorier les cellophanes à la main. Aujourd'hui, je tourne avec quatre permanents et, au plus fort de la production, ils sont une dizaine, chargés de scanner les dessins, de les mettre en couleurs et de les monter. Je m'occupe ensuite d'ajouter le son et la musique."

Une archive du festival d'Annecy conseillée à tous les amateurs de cinéma d'animation.

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Annecy 2020 : votez pour le Cristal des Cristal avec Première

Diaporama du 7 avril 2014 : Depuis un quart de siècle, Bill Plympton produit et réalise des courts et des longs métrages en toute indépendance avec un succès croissant. À l’occasion de la sortie des Amants électriques (qui vient d'être sélectionné au festival d'animation d'Annecy), il nous livre quelques-unes de ses recettes.
Propos recueillis par Gérard Delorme

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