Dopesick
20th Television

Le créateur, Danny Strong, et ses acteurs Will Poulter et Kaitlyn Dever, nous racontent à quel point ils ont été traumatisés par la scandaleuse histoire vraie derrière la crise des Opioïdes, qui ravage les Etats-Unis depuis un quart de siècle.

C'est le genre de série qui vous secoue en profondeur. Qui vous ronge de l'intérieur, tant son histoire est scandaleuse. Dopesick sera lancée vendredi en France, sur Disney Plus. Et vous aurez du mal à en croire vos yeux, comme son créateur, Danny Strong (Empire) au moment d'adapter le livre de Beth Macy pour raconter la catastrophe sanitaire provoquée par Purdue Pharma, en toute légalité, au coeur des années 1990 :



"Tout ce que j'ai appris m'a choqué. Et la série est, en fait, structurée autour de ces chocs... À chaque nouvelle info malhonnête que je découvrais, j'étais comme un fou. J'ai donc découpé toute la mini-série autour de chaque nouvelle preuve mettant en cause Purdue Pharma", confie le scénariste à Première. Et si Danny Strong a été tellement secoué dans son for intérieur, c'est que l'histoire vraie derrière ce drame est tout bonnement hallucinante. Ou comment un géant de l'industrie pharmaceutique a pu mettre en vente libre un puissant opioïde, approuvé par l'Agence du médicament américaine, en affirmant de manière frauduleuse qu'il était le premier du genre à être non-addictif... "On a choisi de décrypter cette histoire folle sous plusieurs points de vue, pour en montrer tous les tenants, depuis l'enquête pointant du doigt les différents crimes, jusqu'à la collusion qu'il y a pu avoir aux plus hauts niveaux de l'Etat. On décrit comment Purdue a pu être protégé, rendant tout cela légal, et tellement immoral... Mais en même temps, l'aspect social était aussi crucial ! C'était essentiel de montrer ces gens ordinaires et c'est pour ça que Dopesick se déroule aussi en grande partie dans cette ville minière de Virginie..."

Un bled de mineurs, perclus de douleurs, où le bon docteur Finnix, joué par Michael Keaton, va prescrire la pilule de Purdue à ses patients, sans se rendre compte qu'il est en train de les droguer. Kaitlyn Dever (Unbelievable) incarne dans Dopesick la toute jeune Betsy, qui charbonne comme son père et son grand-père avant elle. Souffrant terriblement, elle va passer sous Oxy comme si de rien n'était : "J'ai été tellement choquée en lisant cette histoire. Je ne savais pas grand-chose de la crise des opioïdes, hormis qu'elle avait existé... Ça m'a rendue furieuse de découvrir qu'une épidémie pareille ait pu se forger sur des mensonges. C'est tellement malsain.", s'emporte Kaitlyn Dever, qui nous explique au passage avoir "des amis qui ont perdu des proches à cause de l'Oxy. En lisant le script, je n'arrivais pas à y croire et j'en apprends encore tous les jours à ce sujet."

Dopesick
20th Television

Betsy et ses camarades mineurs sont ainsi dépeints dans la série comme les cobayes humains de Purdue Pharma et leur destin tragique donne toute sa puissance dramatique à Dopesick : "On voit que ces travailleurs sont les victimes des mensonges de ce groupe pharmaceutique", reprend Danny Strong. "Richard Sackler, dans des mails, pointait du doigt ces gens accros à son médicament comme étant le problème de cette crise des opioïdes. Comme le problème derrière l'OxyContin. C'était vraiment le truc le plus diabolique ! Parce que ces gens sont devenus des drogués à cause de son médicament. Il a créé ces drogués et ensuite il les a blâmés pour être devenus accros ! Parce qu'il faut bien avoir en tête que le taux d'addiction aux Etats-Unis a explosé à partir de 1996 aux Etats-Unis (date de mise sur le marché de l'OxyContin), ainsi que les overdoses. Ce hausse est directement corrélée aux chiffres de ventes de l'OxyContin !" Et au passage, Kaitlyn Dever espère que l'histoire de Besty, "même si elle est un personnage fictif, incitera les gens à avoir plus d'empathie envers les personnes qui, comme elle, souffrent d'addiction. Parce que tout n'est pas tout noir et tout blanc."

De l'autre côté de la chaîne, Will Poulter (Black Mirror : Bandersnatch) incarne Billy Cutler, un membre de la force des "Sales Rep" de Purdue Pharma, ces représentants chargés d'aller vanter les mérites du médicament auprès des médecins, pour qu'il soit massivement prescrit à leurs patients. "En faisant des recherches sur l'univers des représentants en pharmacie, j'ai appris des trucs vraiment choquants", nous lâche à son tour l'acteur de 28 ans. "Je savais qu'il y avait eu cette épidémie d'opioïdes, mais je ne savais pas à quel point elle avait été construite méthodiquement par une seule compagnie, Purdue en l'occurrence. Par une famille, les Sackler. Comment ils ont présenté, par le biais d'une campagne frauduleuse, leur médicament comme un anti-douleur basique, alors qu'il s'agissait en fait d'un puissant narcotique ! Découvrir qu'ils ont carrément fabriqué des datas pour faire croire que l'OxyContin était sans danger et encourager les vendeurs à pousser cette pilule pendant des années tandis que les morts s'entasser dans le pays, c'était plutôt déconcertant."

Dopesick
20th Television

L'histoire vraie derrière Dopesick est véritablement dérangeante. Révoltante. Et elle sort en pleine période de pandémie, alors que la défiance vis à vis de la science et du vaccin contre le COVID-19 n'en finit plus de gagner du terrain :

"J'espère sincèrement que cela ne va pas apporter de l'eau au moulin des Antivax", répond Will Poulter, qui défend la série en expliquant qu'elle ne véhicule pas ce genre d'idées : "L'une des choses qu'on montre, c'est que Purdue est une compagnie pas du tout scientifique dans la manière dont ils ont sorti ce médicament et dont ils en ont fait la promotion. Ils ont monté de toutes pièces des concepts pseudo-scientifiques. Ils ont contredit tous les savoirs préexistants concernant les opioïdes. Leur approche concernant l'Oxy allait carrément à l'encontre de ce qui est accepté dans la communauté scientifique en temps normal. Il faut que ça soit bien identifié. Et j'espère que les gens qui verront cette série continueront à croire au vrai progrès scientifique et prendront les décisions qui vont de soi en matière de vaccination."