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Et si les Nazis avaient gagné la Guerre ? Un pitch terrifiant et fascinant, pour cette nouvelle série de Ridley Scott, adaptée du roman de Philip K. Dick.

Amazon Studios a pris tout son temps, pour sortir sa première grande série à gros budget. Un peu plus d'un an après le tournage du pilote, arrive enfin aujourd'hui la saison 1 de The Man in the High Castle, basée sur le livre culte de Philip K. Dick, publié en 1962 (sous le titre Le Maître du haut château chez nous). Une oeuvre particulièrement riche, qu'il fallait oser adapter.

Et si le résultat est à la hauteur des espérances, c'est sûrement grâce à Ridley Scott. Le réalisateur de Blade Runner prépare cette version série de The Man in the High Castle depuis 2010, avec l'un des principaux scénaristes de X-FilesFrank Spotnitz (à l'époque, le projet était prévu pour la BBC, avant d'être récupéré par Amazon). 

Mais c'est aussi et surtout grâce au génie intemporel de Philip K. Dick. Car toute la force de la série tient dans son pitch : une Histoire alternative, dans laquelle les Nazis et leurs alliés japonais ont gagné la Seconde Guerre Mondiale. 17 ans après la fin du conflit, l'Amérique est entièrement occupée, et se divise maintenant en trois territoires : la grande moitié est du pays appartient au IIIe Reich, la côté ouest est une province de l'Empire du Japon, et au milieu, se trouve une zone tampon dite "Zone neutre". Entre résistance et collaboration, on découvre comment les Américains font face à l'envahisseur.

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Il ne faut pas plus de quelques secondes, pour être emporté par l'intrigue de The Man in the High Castle, qui exerce sur nous une fascination assez morbide. Comme on aime toujours se faire peur, on frissonne à l'idée d'un monde dominé par Hitler et les Nazis. Blotti dans une réalité heureusement nettement moins sinistre, on dévore chaque instant de ce cauchemar auquel on a échappé.

Dans une reconstitution à la fois bluffante et glaçante (ces images de Time Square bardé de Croix Gammées sont impressionnantes), on suit le parcours d'une poignée de personnages et d'un mystérieux film qui peut tout changer. La série ne mise pas vraiment sur l'action, mais plus sur une ambiance pesante et un climat de peur permanente, qu'on connaît si bien, à travers les nombreuses fictions historiques, qui racontent l'occupation en France (la vraie cette fois) dans les années 1940. D'ailleurs, celui qui crève l'écran dans ces premiers épisodes, c'est le terrible John Smith, Obergruppenführer de la milice SS, qui traque sans relâche la résistance à New York. Un officier Nazi presque aussi vicieux et terrifiant que Christoph Waltz dans Inglorious Basterd. Sauf que lui habite une belle maison coloniale dans le New Jersey...

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L'acteur Rufus Sewell (qu'on retrouvera prochainement au cinéma dans Gods of Egypt) a un charisme fou. Il marque incontestablement la série de son empreinte glaciale. Mais il est un peu seul. Car le reste du casting est, malheureusement, assez fade. Les beaux yeux d'Alexa Davalos (Julianna) ne suffisent pas et Rupert Evans (Frank) a bien du mal à briller, malgré un personnage fort. Pas de quoi s'emballer non plus pour la réalisation ultra-classique de David Semel, qui peine parfois à donner du rythme à cette grosse machine un peu lourde.

The Man in the High Castle est donc loin d'être une série parfaite. Mais son intrigue déborde d'originalité, et cette plongée saisissante dans une réalité géo-politique terrifiante, a quelque chose de magnétique. A une époque où le monde a bien besoin d'unité, rappeler à l'humanité ce à quoi elle a échappé, ne peut pas faire de mal.

La saison 1 de 10 épisodes de 60 minutes est disponible sur la plateforme de VOD Amazon Instant Video depuis le 20 novembre 2015.