Dark Matter — apple
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Le Chat de Schrödinger fait encore des petits dans cette épopée de physique quantique, qui jongle astucieusement entre mondes parallèles et philosophie existentialiste. Une grande saga de science-fiction passionnante, portée par un impressionnant Joel Edgerton.

Si la physique a des airs d'épouvantails dans un emploi du temps de lycéen, elle devient incroyablement fascinante dès lors qu'elle est mise au service du divertissement et de la fiction. Ou plus exactement de la science-fiction. Alors qu'on vient tout juste de résoudre Le Problème à trois corps et sa notion de chaos (sur Netflix), voilà que Dark Matter nous invite à explorer le « Principe de superposition quantique » - à partir de cette semaine sur Apple TV+ (et aussi Canal + en France).

 On ne va pas faire comme si on y comprenait quoi que ce soit et tenter une explication fumeuse. Tout juste avez-vous besoin de savoir que selon la théorie d'Everett - dérivée de l'expérience du Chat de Schrödinger - on suppose que des états superposés existeraient dans une infinité d'univers parallèles. Ca veut dire quoi ? Ca veut dire qu'il existerait potentiellement une myriade de versions de vous, de votre vie, de votre monde. Et Jason Dessen va trouver un moyen d'y accéder. Ce physicien de Chicago a inventé une boîte noire qui, alliée à une drogue capable de contourner la conscience humaine et sa réalité, donne accès à ces dimensions parallèles. Son but ? Échanger sa place – et sa vie - avec une version de lui qui n'a pas quitté la femme qu'il aimait, préférant sa carrière et son invention révolutionnaire. Autant dire que l’autre Jason n’est pas d’accord !

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Un pitch d'une efficacité redoutable (malheureusement largement éventé dans une bande-annonce qui en dit beaucoup trop). Un pitch qui ouvre la porte à un monde de possibilités. Joel Edgerton (Warrior, Star Wars) s'affronte lui-même dans cette folle aventure de multivers qui change des multivers super-héroïques. Celui-là propulse un type ordinaire dans ses autres vies, cherchant à retrouver la sienne au fil d’un dédale de potentialités. Il y a un petit côté Sliders de luxe, un petit côté Code Quantum post-moderne aussi. Les pérégrinations quantiques de Jason Dessen l'emmène dans une multitude de Chicago, allant de la version pourrie par un virus à la version idyllique super-écolo, en passant par l'ère glaciaire qui a tout ravagé. La balade est superbe, incroyablement captivante, parce qu'elle répond aussi à des règles minutieusement écrites et se joue dans un décorum labyrinthique excitant au possible.

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Certes, Dark Matter ne révolutionne pas la matière et tendrait même parfois à bégayer son concept. La série peut être un peu répétitive, mais elle ne tourne jamais en rond. On comprend où Blake Crouch - qui adapte ici son propre roman - veut nous emmener, quelque part entre le thriller d'action à 1000 à l'heure, la grande histoire d'amour bouleversante et un vaste questionnement éthologique, qui repose sur une énigme insoluble : ne vous êtes vous jamais demandé quelle vie vous auriez eu, si... ?

De cette réflexion très humaine, il brode une brillante quête sur l'identité, insufflant au divertissement pur cette dose de philo adéquate pour faire basculer son captivant thriller interdimensionnel dans un monde de considérations existentialistes. L'Homme n'est pas déterminé d'avance par son essence, mais libre et responsable de son existence. Et vous ? Qu'est-ce qui fait que vous êtes vous ? Vous avez deux heures.

Dark Matter, en 9 épisodes, à voir à partir du mercredi 8 mai sur Apple TV+ (et aussi Canal + en France).


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